Zimbabwe : répondre aux besoins essentiels des prisonniers

28-10-2010 Point sur les activités

La situation économique du Zimbabwe s’étant stabilisée, le CICR a peu à peu réduit son assistance dans les zones rurales du pays. Aujourd’hui, son action vise à poursuivre l’amélioration des conditions de vie dans les prisons tout en continuant, dans plusieurs dispensaires à Harare, les projets en cours dans les domaines de la santé, de l’approvisionnement en eau et de l’assainissement.

Améliorer les conditions de vie des prisonniers

Depuis le début de l’année, le CICR a visité sur une base mensuelle ou bimensuelle les personnes détenues dans 26 des 46 prisons que compte le Zimbabwe. Au total, ces 26 prisons regroupent plus de 10 000 prisonniers, soit plus de 70 pour cent de l’ensemble de la population carcérale du pays. Le CICR a également effectué des visites ponctuelles dans les autres prisons. Le suivi effectué par le CICR porte non seulement sur les conditions matérielles de détention, mais aussi sur le respect des règles juridictionnelles, le traitement généralement réservé aux personnes détenues, la capacité d’accueil et la situation des groupes particulièrement vulnérables tels que les mineurs, les femmes et les personnes souffrant de troubles mentaux.

« Dans les prisons du Zimbabwe, la situation est aujourd’hui meilleure qu’il y a deux ans », a déclaré le chef de la délégation régionale du CICR à Harare, Thomas Merkelbach. « Les taux de malnutrition ont considérablement baissé. Néanmoins, en coopération avec les autorités pénitentiaires du Zimbabwe, le CICR prend de nouvelles mesures visant à améliorer les conditions de vie dans les prisons de tout le pays.»

Fin 2008, sous l’effet conjugué des mauvaises récoltes, d’une flambée de choléra et des terribles problèmes économiques que connaissait le Zimbabwe, les prisons du pays avaient été touchées par une malnutrition sévère et des problèmes sanitaires généralisés. Après avoir signé un accord avec le ministère de la Justice, en mars 2009, le CICR a commencé à visiter les prisonniers afin d’évaluer leurs conditions de détention ainsi que le traitement qui leur est réservé.

Sur la base de ses observations, le CICR a lancé une opération de secours d’urgence afin d’améliorer le statut nutritionnel des prisonniers. L’opération comportait deux volets : alimentation thérapeutique pour les prisonniers souffrant de malnutrition aigue et, d’autre part, distributions générales de vivres pour prévenir la sous-alimentation.

Aujourd’hui, tout en contribuant encore à améliorer la situation nutritionnelle et l’approvisionnement alimentaire, le CICR s’emploie également à moderniser les cuisines des prisons, à fournir des couvertures et des articles d’hygiène ainsi qu’à améliorer l’accès des prisonniers aux soins de santé. De plus, il améliore l’approvisionnement en eau et l’assainissement, et renforce les mesures de préparation destinées à enrayer les flambées de maladies telles que le choléra.

« Nous formulons des recommandations à l’adresse des autorités – qui sont responsables au premier chef des conditions de détention – sur des sujets tels que la manière d’améliorer l’approvisionnement alimentaire», a déclaré Filipa Marques, la déléguée du CICR responsable de la coordination des activités de l’institution dans les prisons du Zimbabwe. « Il arrive que de petits changements suffisent pour faire une grande différence dans la vie des prisonniers.»

Le CICR a continué de compléter l'alimentation fournie par les autorités pénitentiaires du Zimbabwe en procurant des fèves et de l’huile dans 17 des plus grandes prisons, qui regroupent au total quelque 8 300 prisonniers, soit près de 65 pour cent de l’ensemble de la population carcérale du pays. Depuis juin 2010, il fournit également des arachides pour contribuer à la lutte contre la pellagre (maladie due à un déficit en vitamine qui provoque des lésions cutanées et des diarrhées).

En juillet, le CICR et les autorités pénitentiaires du Zimbabwe ont finalisé un plan d’action conjoint prévoyant d’augmenter la production de légumineuses, d’arachides et autres légumes dans les fermes pénitentiaires. Outre l’aide apportée sous forme de soutien technique et de formation, le CICR a fourni les semences, les engrais et les outils nécessaires à la culture de haricots sucrés et autres légumes. Des aménagements des systèmes d’irrigation sont en cours afin d’accroître la production pendant la prochaine saison de croissance.

Les autorités pénitentiaires du Zimbabwe et le CICR ont organisé des sessions de formation et des ateliers destinés à accroître la qualité des soins de santé dispensés dans les prisons. Le CICR aide également le service pénitentiaire à faire en sorte que, dans ces établissements, les structures de soins disposent du matériel de base et des médicaments essentiels, et que les détenus malades reçoivent un traitement approprié.

En 2010, le CICR a également :

  • dans 10 prisons, réparé et aménagé les cuisines, fourni des pièces de rechange pour appareils électriques ainsi que des casseroles et des réchauds, venant ainsi en aide à quelque 5 000 prisonniers ;
  • dans 5 prisons, amélioré l’accès à des sources fiables d’approvisionnement en eau potable pour quelque 2 200 personnes (prisonniers, membres du personnel pénitentiaire et leurs familles) vivant dans l’enceinte de la prison ;
  • distribué des couvertures, du savon pour les mains, du détergent à lessive et des produits de nettoyage à toutes les personnes détenues dans les 26 prisons visitées de manière régulière ;
  • assuré, à deux reprises, la fourniture bimestrielles de médicaments essentiels, d’équipements médicaux de base ainsi que de formulaires médicaux et autres articles de papeterie, afin de compléter les envois effectués par les autorités pénitentiaires du Zimbabwe à tous les services de santé pénitentiaire ;
  • donné aux prisonniers la possibilité de rédiger une lettre à l’intention de membres de leur famille. Plus de 5 000 personnes ont profité de ce service.

Soutien aux dispensaires à Harare

Après avoir connu un important déclin pendant plus de dix ans, le système national de santé du Zimbabwe se remet lentement grâce, principalement, à l’assistance que le ministère de la Santé et de la Protection de l’Enfance reçoit de la communauté internationale. Selon la plus récente estimation trimestrielle de l’UNICEF, 92 pour cent des dispensaires en zones rurales et 87 pour cent des dispensaires en zones urbaines ne connaissent plus de pénurie de médicaments essentiels. Entre janvier et septembre 2010, le choléra a frappé 770 personnes, contre près de 100 000 pendant la même période en 2009.

Toutefois, les services de santé de la ville de Harare peinent à se redresser. Responsables du système de santé dans la capitale et indépendants du ministère de la Santé, ces services manquent des fonds nécessaires pour acheter des médicaments essentiels et des fournitures médicales ainsi que des articles de nettoyage et de papeterie. De fait, ils n’ont toujours pas intégralement accès aux canaux d’approvisionnement mis en place par les donateurs internationaux.

C’est en 2007 que le CICR a commencé à apporter son aide aux services de santé de la ville de Harare. En 2009, il soutenait entièrement les 12 structures administrées par ces services dans les faubourgs à haute densité de population de la capitale. Ces dispensaires – qui desservent près de 1,2 million de personnes – assurent des soins curatifs de qualité, des consultations de planning familial, des soins pré- et postnatals ainsi que des accouchements sûrs et dans de bonnes conditions d’hygiène.

En 2010, le CICR a continué d’approvisionner les 12 dispensaires en médicaments, fournitures médicales, mobilier et articles de nettoyage et de papeterie. Les médicaments fournis par le CICR ont répondu à environ 75 pour cent des besoins, contre près de 100 pour cent en 2009. Cette réduction tient aux améliorations intervenues au cours de cette année dans les canaux d’approvisionnement en médicaments.

Le CICR a amélioré les conditions dans les services de maternité en leur procurant de l’équipement et des fournitures médicales. Il a également fourni le matériel requis pour assurer l’entretien et les réparations dans sept dispensaires.

Depuis le début de l’année, plus de 600 000 patients ont bénéficié d’un traitement curatif dans les 12 dispensaires soutenus par le CICR.

Rétablissement des liens familiaux

La poursuite des conflits en République démocratique du Congo, en Somalie et ailleurs en Afrique contraint des personnes à chercher refuge dans la région. Environ 25 000 refugiés sont enregistrés au Botswana, au Malawi, en Namibie et au Zimbabwe, mais ce chiffre ne représente qu’un petite partie de la totalité des refugiés, ceux qui vivent dans les centres urbains n’étant pas recensés.

Un grand nombre de personnes déplacées ayant perdu tout contact avec leur famille, le CICR et les Sociétés nationales de la Croix-Rouge de la région leur viennent en aide afin, dans la mesure du possible, de retrouver leurs proches afin de rétablir et de maintenir le contact avec eux.

Les personnes réfugiées au Botswana, au Malawi, en Namibie et au Zimbabwe ont ainsi pu échanger plus de 1 200 messages Croix-Rouge (contenant de brèves nouvelles familiales) avec leurs proches depuis le début de cette année.

Renforcement des capacités des Sociétés nationales de la Croix-Rouge

En 2010, le CICR a continué de soutenir les activités déployées par cinq Sociétés nationales couvertes par sa délégation régionale (Botswana, Malawi, Namibie, Zambie et Zimbabwe) dans les domaines spécifiques du rétablissement des liens familiaux et de la préparation et de l’intervention en cas de catastrophe ; il a également soutenu les efforts de ces Sociétés nationales visant à promouvoir les principes fondamentaux de l’action humanitaire. En plus de l’aide financière apportée, le soutien du CICR a consisté en :

  • l’organisation d’un séminaire sur le rétablissement des liens familiaux, à l’intention des neuf Sociétés nationales de la Croix-Rouge couvertes par les délégations régionales du CICR basées à Harare et Pretoria ;
  • la planification d’urgence préparée par la Croix-Rouge du Zimbabwe en prévision d’un possible retour des Zimbabwéens qui, actuellement réfugiés en Afrique du Sud, pourraient fuir les violences xénophobes qui touchent ce pays ;
  • l’organisation de séminaires à l’intention des membres nouvellement élus des organes dirigeants des Sociétés nationales de la Croix-Rouge du Botswana et de Namibie.

Promotion du droit international humanitaire

Le CICR poursuit, auprès des pouvoirs publics, du personnel des forces armées et des étudiants, ses activités visant à diffuser le droit international humanitaire et à en promouvoir le respect. Cette année, il a ainsi :

  • animé des sessions d’information sur le droit international humanitaire, auxquelles ont participé près de 300 officiers du Malawi, de Namibie et du Zimbabwe ;
  • pris part à des cours sur le maintien de la paix, organisés au Malawi, en Zambie et au Zimbabwe, et lors desquels les participants ont été briefés sur le rôle du CICR et sur le droit international humanitaire dans les opérations de soutien de la paix ;
  • organisé des sessions à l’intention des membres des Commissions interministérielles de droit international humanitaire au Botswana, en Zambie et au Zimbabwe, le but étant d’aider ces Etats à ratifier les instruments de droit international humanitaire et à en incorporer les dispositions dans leur droit interne ;
  • coopéré avec les forces armées du Zimbabwe dans le domaine de la formation des formateurs en droit international humanitaire.

Photos

Masvingo, Zimbabwe. L'infirmier de la maison d'arrêt de Masvingo explique à un prisonnier souffrant de malnutrition quel traitement il devra suivre pour aller mieux. 

Masvingo, Zimbabwe. L'infirmier de la maison d'arrêt de Masvingo explique à un prisonnier souffrant de malnutrition quel traitement il devra suivre pour aller mieux.
© CICR / O. Moeckli

Masvingo, Zimbabwe. Un détenu pèse des légumes avant qu'ils ne soient apportés à la cuisine pour les cuire. 

Masvingo, Zimbabwe. Un détenu pèse des légumes avant qu'ils ne soient apportés à la cuisine pour les cuire.
© CICR / O. Moeckli

Masvingo, Zimbabwe. Le responsable de l'intendance à la maison d'arrêt de Masvingo vérifie que la quantité de nourriture envoyée à la cuisine corresponde au total des rations nécessaires aux détenus. 

Masvingo, Zimbabwe. Le responsable de l'intendance à la maison d'arrêt de Masvingo vérifie que la quantité de nourriture envoyée à la cuisine corresponde au total des rations nécessaires aux détenus.
© CICR / O. Moeckli

Masvingo, Zimbabwe. Un détenu reçoit la visite de sa femme. 

Masvingo, Zimbabwe. Un détenu reçoit la visite de sa femme.
© CICR / O. Moeckli