Irak : soutien aux familles de personnes disparues

05-07-2011 Point sur les activités

Après trois décennies de conflit, des centaines de milliers de familles cherchent toujours à savoir ce qu’il est advenu de leurs proches disparus. Abandonner les recherches n'est pas une solution. Depuis 1980, le CICR n'épargne aucun effort pour mettre un terme à leur angoisse. Point de vue sur les activités, mars-mai 2011.

« L'Irak est actuellement un des pays qui compte le plus grand nombre de personnes disparues et, par voie de conséquence, le plus grand nombre de familles cherchant à avoir des informations sur leurs proches disparus », a déclaré Dika Dulic, déléguée du CICR chargée des questions relatives aux personnes disparues en Irak. Faute de statistiques claires, il est cependant difficile d'établir avec précision l’ampleur du problème.

Afin d’atténuer la souffrance de ceux qui attendent toujours des nouvelles, le CICR, en sa qualité d'intermédiaire neutre, facilite le dialogue entre les parties à la guerre Iran-Irak (1980-1988), et à la guerre du Golfe (1990-1991), qui ont l’obligation, en vertu du droit international humanitaire, de rendre compte de ceux qui ont disparu. »

Hayat, habitante de Bagdad, est toujours triste depuis que son mari a disparu le 8 avril 2003. « J'ai perdu tout espoir », dit-elle « Neuf années durant, j'ai cherché mon mari dans toutes les prisons et ai fini par me convaincre qu’Abdallah était mort. »

En avril, les restes de 17 soldats iraniens tués durant la guerre qui a opposé l'Iran et l'Irak de 1980 à 1988 ont été remis par l'Irak aux autorités iraniennes sous les auspices du CICR, au poste frontière de Shalamjah, près de Basra.

En tant qu'intermédiaire neutre, le CICR facilite le dialogue entre les parties à la guerre qui a opposé l’Iran à l’Irak et à la guerre du Golfe et qui ont la responsabilité de clarifier le sort des personnes toujours portées disparues. Ces activités consistent à :
• soutenir les autorités dans la collecte d'informations
• faciliter la transmission d'informations entre les parties qui président les réunions
• faciliter des missions conjointes sur le terrain et la remise des restes humains

Le CICR continue de dispenser une formation et de fournir d’autres formes de soutien au ministère des Droits de l'Homme, au Centre Al-Zubair de Basra, en Irak, et à l’Institut médico-légal de Bagdad.

Assistance aux personnes en détresse

Bon nombre de personnes en Irak ont encore du mal à joindre les deux bouts et à subvenir aux besoins de leur famille. Entre mars et mai, le CICR a :

  • distribué plus huit millions de dinars irakiens dans le cadre du programme « travail contre argent », à 450 personnes déplacées et résidents vulnérables à Deralok, dans le gouvernorat de Dohouk ;
  • accordé 108 subventions à des personnes handicapées et des femmes chefs de famille à Ninive, Kirkouk, Basra, Missan, Erbil, Bagdad et Soulaymaniya, leur permettant de monter des petites entreprises et de retrouver une autonomie économique ;
  • distribué des colis de vivres et des articles d’hygiène, notamment des articles ménagers de première nécessité, à 2 475 ménages déplacés internes, pour quelque 14 850 personnes, dans les colonies de Ninive, Kirkouk et Wasit ;

Après les fortes pluies qui se sont abattues dans les gouvernorats de Ninive, d’Erbil et de Salah Al-Din en avril et les inondations qu’elles ont entraînées, le CICR a aidé les ménages touchés / déplacés, en leur distribuant 4 984 couvertures, 634 serviettes, 1 340 colis d’articles d'hygiène, 1 315 bâches, 317 kits d’ustensiles de cuisine, 763 colis de vivres, et 11,1 tonnes de riz. Les familles frappées par les inondations dans les districts de Rabea et Baaj ont également bénéficié de l’assistance du CICR.

Soutien aux structures médicales

Les services de santé de certaines régions rurales exposées au conflit s’efforcent de répondre aux besoins de la population civile. Le CICR aide à remettre en état les locaux des établissements de santé et à former leur personnel. Il offre des services de réadaptation physique sous forme d’appareillage orthopédique et de soins de physiothérapie aux personnes handicapées en vue de faciliter leur réinsertion dans la communauté.

Entre mars et mai, le CICR a :

  • appareillé 741 patients de prothèses et 3 797 patients d'orthèses dans dix centres soutenus par le CICR dans tout le pays ;
  • permis à 16 médecins et 43 infirmiers/infirmières de suivre un cours sur le renforcement des services d'urgence à Najaf et à Sulaimaniya. Depuis le début du projet, 705 agents de santé ont été formés ;
  • soutenu des projets d’ergothérapie à l’hôpital Al-Rashad, dans le gouvernorat de Bagdad, qui ont bénéficié à 190 patients ;
  • rénové le centre de soins de santé primaires d’Al-Zuhra, dans le gouvernorat de Diyala ;
  • rénové le centre de soins de santé primaires d’Al-Khadraniyah, district de Shirqat, dans le gouvernorat de Salah Al-Din.

En 2010, le CICR a commencé à apporter un soutien sur place à huit centres de soins de santé primaires à Diyala, Ninive, Kirkouk, Babil et Diwaniya, en se concentrant principalement sur l’amélioration des conditions d'hygiène, de la gestion des médicaments, des services d'urgence, des soins destinés aux mères et aux enfants, et sur des améliorations structurelles telles que la modernisation des réseaux d'approvisionnement en eau. Plus de 230 000 habitants, notamment des déplacés, bénéficient aujourd’hui d’un meilleur accès aux soins de santé de base et aux services d'urgence.

Approvisionnement en eau potable et assainissement

L’accès à l’eau propre reste encore un grave problème dans une très grande partie du pays. Les ingénieurs du CICR continuent de réparer et d'améliorer le fonctionnement des installations d'approvisionnement en eau et en électricité et des systèmes d'assainissement, en particulier là où la violence pose toujours problème, et dans les zones rurales, afin d'améliorer la qualité des services fournis dans les communautés et les structures de santé.

Entre mars et mai, ces activités ont notamment consisté à :

  • approvisionner en eau par camion chaque jour plus de 4 840 déplacés internes à Sadr City, dans le gouvernorat de Bagdad ;
  • approvisionner en eau par camion le centre de soins de santé primaires Al-Zeidan, district d'Abu Ghraib, dans le gouvernorat de Bagdad ;
  • rénover les stations de traitement d’eau de Hay Tariq et d'Al-Urfali, à Sadr City, qui desservent environ 100 000 personnes ;
  • poser des canalisations d'égouts dans le village d’Al-Falahiyah, district d’Al-Kout, dans le gouvernorat de Wasit, desservant 7 500 personnes ;
  • installer une nouvelle unité compacte de purification d'eau dans le district d’Al-Nahrawan, gouvernorat de Bagdad, dont dépendent environ 240 000 personnes ;
  • rétablir et étendre la capacité de la station de traitement d'eau dans le village Dholo'ya, district Balad, dans le gouvernorat de Salah Al-Din, dont dépendent 32 000 personnes ;
  • fournir et installer des systèmes de traitement de l'eau salée dans la région de Himrin qui dessert environ 3 400 personnes ;
  • améliorer la capacité de la pression d’eau des stations de Dhab'a, district Al-Rutba, dans le gouvernorat d'Anbar, desservant environ 37 000 personnes ;
  • installer 250 unités de réservoirs d'eau de 1m ³ dans le village d’Al-Hawraa, district d'Al-Kout, dans le gouvernorat de Wasit, qui desservent 4 000 personnes déplacées ;
  • rénover une unité compacte à Bait Hmood, district de Qalaat Salih, dans le gouvernorat de Missan, qui dessert environ 2 000 personnes ;
  • réhabiliter l'approvisionnement en eau du village Graw dans le gouvernorat de Kirkouk, qui dessert environ 2500 personnes ;
  • réhabiliter partiellement la station de traitement d'eau du district Al-Kout, dans le gouvernorat de Wasit, qui dessert environ 6 000 personnes ;
  • réhabiliter les blocs sanitaires de l’hôpital psychiatrique Al-Rashad, à Bagdad ;
  • mettre en œuvre les projets d'approvisionnement en eau d'Al-Qosh dans le gouvernorat de Ninive, au profit d'environ 45 000 personnes ;
    • réhabiliter le centre de soins de santé primaires n°7 à Sadr City, dans le gouvernorat de Bagdad ;
  • mettre en œuvre le projet d'approvisionnement en eau à Bakhtiari, district de Khanaqin, desservant environ 6 000 personnes ;
  • installer une nouvelle station de pompage de plus grande capacité à Ba'shiqa, district de Ba'shiqa, au profit d'environ 20 000 personnes.

Le CICR a aussi achevé la rénovation d'un système d'évacuation des eaux usées dans le centre de détention à Bagdad, ce qui améliore les conditions de vie de 400 détenus.

Visite des détenus

Entre mars et mai, les délégués du CICR ont visité des personnes détenues par les autorités irakiennes ainsi que par différentes instances du gouvernement régional du Kurdistan dans 44 lieux de détention dans 15 gouvernorats. Ils ont suivi leurs conditions de détention et le traitement qui leur était réservé et fait part de leurs observations et recommandations aux autorités détentrices. Dans certains lieux de détention, le CICR a distribué aux détenus des matelas, des couvertures et des articles de loisirs, notamment des livres et des jeux.

Le CICR contribue à rétablir et à maintenir des liens entre des détenus et leurs familles. En mars, avril et mai plus de 570 messages Croix-Rouge ont été échangés entre eux, en Irak et à l'étranger. Le CICR a aussi répondu à plus de 1 600 demandes de la part de familles souhaitant obtenir des informations sur un proche détenu ou sur un proche porté disparu.

Le rapatriement volontaire de trois détenus libérés et de la dépouille mortelle d’un détenu s’est déroulé sous les auspices du CICR. L'institution a également émis des titres de voyage pour 24 personnes, principalement des réfugiés, afin de leur permettre de se réinstaller à l'étranger.

Enlèvement des munitions non explosées

L'Irak est infesté de plus de 25 millions de mines et autres restes explosifs de guerre, en particulier le long des frontières avec l'Iran et la Turquie. En conséquence, la sécurité et les moyens de subsistance de plus de 1,6 million d'Irakiens sont menacés. Le CICR a commencé à enlever les munitions non explosées en juin 2010 dans le gouvernorat de Missan. Au cours des huit derniers mois, il a enlevé plus de 1 600 pièces de munitions non explosées dans 27 communautés où habitent plus de 10 000 personnes.

Entre mars et mai, des spécialistes CICR du déminage ont détruit dix engins non explosés dans quatre zones où 3 500 civils avaient été directement exposés au danger.

Promotion du droit international humanitaire

Rappeler aux parties à un conflit l'obligation qui leur incombe de protéger les civils est un aspect fondamental des activités du CICR. L'institution s'emploie également à faire mieux connaître le droit international humanitaire et organise à cette fin des présentations à l'intention de divers publics tels que militaires, forces de l’ordre, agents pénitentiaires, étudiants et professeurs.

Entre mars et mai, le CICR a organisé 19 séances sur le droit international humanitaire pour les 914 membres de l'armée et de la police irakiennes. Au total, 160 étudiants de l'Université de Koufa, à Najaf, ont également assisté ces séances.

Photos

 

Basra. Jabar Mehdi montre le portrait de son frère qui a été porté disparu jusqu’à récemment, lorsqu’on a découvert qu’il avait été tué.
© ICRC

 

Bassora. Achoura, la mère d'un soldat disparu dont les restes ont été retrouvés.
© ICRC

 

Ninive, district de Talafar.Distribution de secours aux familles sinistrées suite aux inondations à Rabea.
© ICRC