Irak : l’expansion du conflit met en péril la vie de toujours plus de personnes

12-08-2014 Point sur les activitésde 14/02

Les combats qui se propagent dans le centre et le nord-ouest du pays font payer un lourd tribut aux civils. Des milliers de personnes ont été tuées ou blessées. Depuis le début de l'année, plus d'un million de personnes ont été déplacées. La plupart d’entre elles ne cessent de se déplacer et vivent dans des conditions précaires, certaines dans des lieux très peu sûrs.


Des personnes fuyant la violence dans la ville de Sinjar, se déplacent dans la direction de la frontière avec la Syrie. ©Reuters / R. Said

Depuis le début de l'année, le CICR a distribué des rations alimentaires pour un mois et d'autres secours pour plus de 200 000 personnes qui ont fui les combats. Plus de 21 000 personnes ont reçu deux fois des secours car leur déplacement a duré très longtemps. Des distributions ont eu lieu dans les provinces d'Anbar, de Bagdad, Diyala, Karbala, Najaf, Babel, Al Qadissiya, Salah al-Din, Kirkouk, Dohouk, Soulaimaniya et Ninive.

Secours pour les déplacés

Distribution d'assistance à des personnes qui ont fui à Najaf depuis la région de Mossoul. 

Distribution d'assistance à des personnes qui ont fui à Najaf depuis la région de Mossoul.
© AFP / H. Hamdani

Les récents combats qui font rage à Sinjar et dans d'autres zones proches de Mossoul, Dohouk et Kirkouk ont provoqué le déplacement de centaines de milliers de personnes. Les collaborateurs du CICR ont commencé à distribuer des vivres et d'autres articles essentiels à quelque 30 000 personnes à Hawija, Khaniq et Rania, dans les provinces de Kirkouk, Dohouk et Soulaimaniya. En plus des distributions en cours, le CICR prévoit d'acheminer dans les semaines à venir des secours à plus de 60 000 personnes à Qartappa, Khaniq, Karbala, Najaf et Bagdad. Des dons en espèces, qui permettraient aux personnes déplacées de couvrir leurs besoins sur les marchés locaux, sont également envisagés.

« Des milliers d'Irakiens sont pris dans les combats, certains piégés dans les montagnes des Sinjar et dans la plus grande détresse, d'autres déplacés à maintes reprises. Quant aux personnes restées sur place, elles n’ont pas accès aux services essentiels », déclare Patrick Youssef, qui dirige la délégation du CICR en Irak. « En tant qu'organisation humanitaire neutre et impartiale, le CICR coordonne ses actions avec toutes les parties concernées et redouble d'efforts pour subvenir aux besoins des personnes subissant les effets des combats. Des organisations humanitaires locales, comme le Croissant-Rouge de l’Irak, et des organisations humanitaires internationales font également face à la situation actuelle. Les besoins sont immenses, mais il faut néanmoins faire davantage pour soulager la souffrance. »

Un enfant à un point d'eau installé pour les personnes déplacées à Khanaqeen. 

Un enfant à un point d'eau installé pour les personnes déplacées à Khanaqeen.
/ CC BY-NC-ND / ICRC / S. Dabbakeh

Secours d’urgence pour les hôpitaux

Les personnes blessées dans les affrontements récents à Sinjar, Zummar et Talkeif ont dans bien des cas atteint les hôpitaux d'autres régions qui sont submergés en raison de leur capacité de prise en charge limitée. Au cours des dernières semaines, le CICR a acheminé des secours médicaux d'urgence à des structures de santé à Dohouk, Zakho, Erbil, Makhmoor, Gweir, Saresh et Khanaqin pour traiter 250 personnes grièvement blessées et plus d’un millier d’autres patients. Le mois dernier, le CICR a aussi livré quatre tonnes de secours médicaux faisant cruellement défaut à l’hôpital Al-Jumhuri à Mossoul, une quantité suffisante pour traiter des milliers de patients pendant trois mois, dont une centaine de blessés graves.

« Ces derniers mois, pour répondre aux besoins des personnes blessées, dont le nombre ne cesse de croître, et soutenir les hôpitaux dans les zones touchées par le conflit, le CICR a aussi distribué des secours en coordination avec le ministère irakien de la Santé à Sinjar, Al-Hamdaniyah, Falloujah, Tooz et Khanaqin », précise M. Youssef. « Des secours ont été acheminés en quantité suffisante pour traiter plus de 100 000 personnes. »

Centre de réadaptation physique d'Erbil. Un instructeur du CICR explique comment mesurer correctement l'amplitude de mouvement dans une articulation. 

Centre de réadaptation physique d'Erbil. Un instructeur du CICR explique comment mesurer correctement l'amplitude de mouvement dans une articulation.
© ICRC / CC BY-NC-ND / ICRC / P. Krzysiek

Le CICR rappelle à toutes les parties au conflit l’obligation qui leur incombe, en vertu du droit international humanitaire, d’épargner les civils et les biens de caractère civil, et de faciliter l'acheminement d’une aide humanitaire aux personnes qui en ont besoin. Tous les blessés ou malades doivent pouvoir bénéficier d’un accès rapide et sûr aux soins de santé. Les structures de santé doivent être protégées et respectées, et tout doit être mis en œuvre pour que le personnel médical puisse mener ses activités sans entrave.

Dans tout le pays, depuis le début de l’année, le CICR a :

  • conduit 92 visites dans 55 lieux de détention où sont incarcérés plus de 28 780 détenus ;
  • acheminé à plus de 10 730 détenus des articles de première nécessité (vêtements, produits d'hygiène, couvertures et d'autres biens essentiels) ;
  • rénové et modernisé le système d'approvisionnement en eau de la prison centrale de Basra qui héberge 300 détenus ;
  • organisé l'échange de messages entre 1 397 détenus et leurs familles, et passé 1 623 appels téléphoniques pour transmettre les messages de détenus à leurs familles ;
  • amélioré l'accès à l'eau potable pour plus de 507 300 personnes, dont 82 500 personnes déplacées, en construisant ou rénovant des systèmes d'approvisionnement en eau, en procédant aux réparations d'urgence, en installant des réservoirs d'eau et en livrant de l'eau par camion ;
Des délégués du CICR discutent avec des détenus lors d'une visite à la prison de Suleymanieh. 

Des délégués du CICR discutent avec des détenus lors d'une visite à la prison de Suleymanieh.
/ CC BY-NC-ND / ICRC/ P. Krzysiek

  • organisé trois séances de formation pour 45 techniciens travaillant dans les stations de traitement d’eau dans le sud de l'Irak afin d'améliorer la maintenance des systèmes d'approvisionnement en eau réparés par le CICR ;

  • offert une formation sur place aux soins de santé maternelle et infantile, et aux soins d'urgence, dans 13 centres de soins de santé primaires gérés par l'État desservant 400 000 personnes ;
  • remis en état un centre de soins de santé primaires à Ramadi qui avait été endommagé par les combats ;
  • prodigué des services de réadaptation physique pour quelque 17 800 patients, dont plus de 300 réfugiés syriens ;
  • amélioré les canaux d'irrigation desservant 24 700 personnes et organisé des activités « argent contre travail » pour plus de 300 personnes dans les zones en proie à la violence ;
  • accordé des subventions financières à plus de 190 ménages démunis avec une femme à leur tête pour leur permettre de lancer leur petite entreprise ;
  • aidé 646 ménages les plus démunis avec une femme à leur tête à préparer les documents nécessaires pour faire une demande d’aide sociale ;
  • facilité trois missions conjointes Irak-Iran d’excavation dans le sud de l'Irak qui ont permis de retrouver les dépouilles de 338 personnes ; les restes humains de 210 Iraniens et de 19 Irakiens ont ensuite été rapatriés ou transférés après trois cérémonies de transfert ;
  • apporté au Croissant-Rouge de l'Irak une assistance financière et des équipements pour installer un bloc opératoire d’urgence, et augmenter la flotte de véhicules afin de soutenir les activités humanitaires menées par la Société dans tout le pays ;
  • assuré la promotion du respect du droit international humanitaire et du mandat du CICR en organisant des séances d'information auxquelles ont participé plus de 3 500 personnes, dont les autorités, les membres des forces armées et de sécurité, les communautés et les chefs tribaux et religieux.

Informations complémentaires :
Saleh Dabbakeh, CICR Bagdad, tél. : +964 790 191 6927
Sitara Jabeen, CICR Genève, tél. : +41 22 730 24 78 ou +41 79 536 92 31