Tunisie, camp de Choucha : entre l’attente et le départ, une vie s’installe

20-04-2011 Éclairage

Depuis le 20 février, on estime que plus de 250 000 personnes ont franchi la frontière vers la Tunisie, fuyant les violences en Libye. Près de 4 000 personnes vivent encore dans le camp de transit de Choucha, à sept kilomètres de la frontière tuniso-libyenne. Logées dans des tentes et malgré les conditions difficiles et l'incertitude quant à leur avenir, ces personnes essayent de reprendre, tant bien que mal, une vie normale.

     
    ©CICR / S. Beltifa      
   
    Tunisie, camp de Choucha. Abdessalem Jnissan, le cuisinier, prépare le couscous aidé par un volontaire du Croissant-Rouge tunisien.      
               
    ©CICR / S. Beltifa      
   
    Tunisie, camp de Choucha. Une femme fait la lessive près d’un point d’eau.      
                   
    ©CICR / S. Beltifa      
   
    Tunisie, camp de Choucha. Les hommes du camp se rassemblent autour d'un point d'eau pour y remplir leurs seaux.      
           

  Là où il y a de l’eau, il y a de la vie…  

Pendant les premières semaines, alors qu’affluaient à la frontière ceux qui fuyaient les violences en Libye, les bouteilles d’eau minérale ne manquaient pas au camp de Choucha. La solidarité du peuple tunisien a été un sujet d’admiration et de reconnaissance de la part de ces personnes de différentes nationalités, entrées en Tunisie par le passage frontalier de Ras Jdir. Pourtant, malgré ce mouvement de solidarité, il a fallu trouver une solution dans la durée pour répondre aux besoins de cette population démunie, qui n’a pas les moyens de quitter rapidement le sud de la Tunisie

Après l’installation de points d’eau par les ingénieurs du CICR dans différents endroits du camp, le paysage a changé. Les hommes profitent de la chaleur de la journée pour prendre une douche en plein air. Le matin, les femmes, munies d’un seau, d’une bassine et de produit détergeant distribués par le CICR, se rassemblent à proximité des points d’eau pour faire la lessive. Elles se servent des cordages de tente pour faire sécher le linge et les arbres se transforment pour l’occasion en séchoirs.

  Un repas chaud, comme à la maison  

Dès l’installation des premières tentes, dans un élan spontané de solidarité, la population tunisienne a distribué des baguettes de pain, des sandwiches au thon, de l’eau en bouteille, etc.

Abdessalem Jnissan, cuisinier dans la ville voisine de Ben Guerdane, a été contacté par un groupe de bienfaiteurs tunisien s, qui lui ont demandé de préparer à manger pour les personnes vivant dans le camp. Abdessalem s’est donc rendu à Choucha, muni de son matériel – marmites, couteaux de cuisine, cuisinières et bouteilles de gaz. Le CICR l’a soutenu en lui fournissant des produits alimentaires et en l'aidant à réorganiser la cuisine.

Depuis fin février, inlassablement, Abdessalem vient tous les jours au camp. Entouré de ses aides-cuisiniers et de volontaires du Croissant-Rouge tunisien, il ne quitte pas ses marmites. Chacun remplit une tâche précise : couper les légumes, les laver, superviser la cuisson ou distribuer le plat du jour. Lorsqu’on demande au Chef : « Couscous ou riz au menu ? », immanquablement il répond avec un grand sourire : « un peu des deux ». Et pour cause ! En apprenant que les Bengalais, nombreux dans le camp à une certaine période, ne mangeaient que du riz, Abdessalem s’est organisé, en se faisant aider par un cuisinier Bengalais, pour qu’il y ait tous les jours suffisamment de riz au menu.

La cuisine de Abdessalem a beaucoup de succès : au camp de Choucha, rien ne vaut un bon repas chaud qui rappelle un peu la chaleur du foyer.