Éthiopie : des nouvelles technologies pour mieux connaître les ressources en eau

05-06-2013 Interview

Dans le Tigray, au nord de l'Éthiopie, le CICR développe un programme novateur. Des outils de géolocalisation des points d'eau favorisent une utilisation durable des ressources naturelles.

Le chemin longe une éolienne avant de s’enfoncer vers des terres brunes, sèches et désertiques à cette époque de l’année. En septembre, tout change lorsque le paysage devient vert et que les champs se couvrent de plantations d’oignons, de laitues et de teff, une céréale qui pousse en Éthiopie. Ces deux couleurs démontrent à la fois la dureté et la beauté d’un paysage qui fût déjà le théâtre de rudes sécheresses.

Comme chaque semaine, Ato Mulu Tadesse, employé de bureau de la gestion des eaux du Tigray, effectue sa tournée d'inspection et de maintenance des points d’eau dans le district de Kilte, à 50 kilomètres au nord de Mékélé, la capitale régionale. Il mesure la hauteur de l’eau, vérifie si la poignée d’une pompe fonctionne et effectue les réparations nécessaires.

Une fois sa tournée d'inspection terminée, M. Tadesse introduit les informations recueillies sur le terrain dans la base de données du bureau central de la gestion des eaux à Mékélé grâce à une clef fournie par le CICR lui permettant d’avoir accès à un réseau Internet sans fil.

Prévenir les risques

Présent dans la région en raison des conséquences du conflit qui a opposé l’Ethiopie à l’Erythrée de 1998 à 2000, le CICR est l’une des rares organisations humanitaires à travailler près de la frontière. Ses ingénieurs ont aménagé de nouveaux points d’eau, réhabilité ou foré des puits et travaillé à la promotion de l’hygiène. La terrible sécheresse de 1985 est dans toutes les mémoires. Dans une région qui peut être soumise a de tels aléas de la nature, il était vital que les autorités aient de bonnes informations sur les ressources en eau.

Nouvelles technologies

C'est pourquoi le CICR a lancé en 2010 un programme de géolocalisation des puits qui allie nouvelles technologies et connaissances du terrain. Des ordinateurs et des clefs 3G ont été fournis aux bureaux de la gestion des eaux des 34 woredas, le nom des districts en tigrénien, la langue de la région. Le CICR a formé les employés du bureau de la gestion des eaux à cette nouvelle technologie et leur a fourni des clefs.

Une fois en ligne, ces coordonnées géographiques permettent de cartographier l’emplacement des points d’eau. Le type de puits, sa fonctionnalité, le nombre de personnes pouvant en bénéficier, la proximité des communautés sont autant de données répertoriées et qui deviennent accessibles presqu'en temps réel.

«Aujourd'hui, les données sont actualisées régulièrement et les autorités disposent désormais d’informations précises sur l’état des puits.», explique Tesfay Gebrehiwot, responsable du programme de géolocalisation du CICR dans la région. Cette nouvelle forme de la gestion permet d'améliorer l'identifications des communautés qui manquent d’eau et les travaux à entreprendre pour réparer les puits.

M. Tadesse ressort de son bureau. Un groupe d’anciens vêtus d’amples toges blanches attendent sur un banc. Ils sont venus à pied d’un village situé à une quinzaine de kilomètres. Ils l’informent que le barrage en terre qui sert à irriguer leurs cultures est bouché. Sa journée n’est pas terminée…

Dans cette partie de l’Éthiopie, disposer d’une information rapide sur l’état des points d’eau, est essentiel pour prévenir les risques liés aux catastrophes naturelles. En fournissant une technologie améliorant l’accès à l’information, le CICR contribue ainsi à prévenir les effets d’une éventuelle sécheresse. Dès 2014, les autorités de gestion des eau du Tigray géreront seules ce programme.

Photos

Une des clefs qui permettent de transmettre les données sur l'état des puits. 

District de Kilte, Tigray, Éthiopie.
Une des clefs qui permettent de transmettre les données sur l'état des puits.
© CICR / J.-Y. Clémenzo

Un groupe d'anciens vêtus de toges blanches sont venus d'un village voisin pour informer le bureau de la gestion des eaux de Kilte. 

District de Kilte, Tigray, Éthiopie.
Un groupe d'anciens vêtus de toges blanches sont venus d'un village voisin pour informer le bureau de la gestion des eaux de Kilte.
© CICR / J.-Y. Clémenzo

Ato Mulu Tadesse, employé de la gestion des eaux du Tigray, fait régulièrement la tournée des puits dont il est en charge. 

District de Kilte, Tigray, Éthiopie.
Ato Mulu Tadesse, employé de la gestion des eaux du Tigray, fait régulièrement la tournée des puits dont il est en charge.
© CICR / J.-Y. Clémenzo

Le paysage du nord du Tigray, sec et désertique. 

District de Kilte, Tigray, Éthiopie.
Le paysage du nord du Tigray, sec et désertique.
© CICR / J.-Y. Clémenzo