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Géorgie : assistance aux personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays et aux civils dans le besoin

27-02-2006 Éclairage

Dix ans après le conflit qui a opposé la Géorgie à la région sécessionniste de l’Abkhazie, les défis humanitaires demeurent considérables. Le CICR fournit des vivres et des articles non alimentaires courants de première nécessité aux personnes démunies ainsi qu’aux personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, et il gère les programmes « agriculture, commerce et artisanat » (programmes ATC (Agro, Trade and Craft) pour aider les familles dans le besoin à subvenir à leurs besoins.

  Ceci est une version remaniée d’un article initialement publié en russe dans le journal « P.S. ».  

En 2002, la situation en Géorgie demeurait instable et les conditions sociales étaient toujours très difficiles. C’est pourquoi le CICR a repris ses activités d’assistance, interrompues en 1995, distribuant des rations alimentaires à 20 000 déplacés internes et à la population locale.

     

©CICR/E. Minjoraia
 


Marina Mandaria, déplacée, bénéficiaire du projet ATC, commerçante.      
         

Les récits des victimes de situations de conflit armé peuvent paraître semblables, mais, en fait, chacun est unique.

Le seul réconfort de Miona Kharbedia, alitée et abandon née par sa famille, est l’arrivée du véhicule du CICR. Le temps passe lentement dans sa chambre, petite et sombre, et au plancher défoncé. Il n’y a pas de meuble, excepté cette chose étrange qui lui sert de lit. 

« Quand nous sommes à court de vivres, Miona et moi comptons les jours en attendant que le CICR vienne nous apporter du blé, de la farine, de l’huile et du sel. Notre pension ne suffit pas pour couvrir nos frais de médicaments, et nous n’avons donc parfois plus d’argent pour acheter du pain. Nous nous nourrissons souvent de haricots. Quand il ne nous en reste plus, nous commençons à attendre la prochaine distribution », raconte le mari de Miona.

De fait, 78 autres bénéficiaires vivant dans le dénuement dépendent eux aussi de l’assistance du CICR. Ils reçoivent 21 kilos de vivres et d’articles non alimentaires tous les trimestres.

« Quand je reçois l’aide du CICR, ma voisine fait du pain ou du lobiani (pain plat aux haricots rouges) pour moi et je le partage avec elle. Je n’ai pas le gaz et ne peux donc pas cuisiner. Je suis toujours contente quand l’assistance arrive ; j’ai alors suffisamment de sucre et peux en mettre à volonté dans mon thé. L’hiver, on nous distribue des bougies, ce qui nous évite de rester dans l’obscurité », dit Mme Eteri, autre bénéficiaire de l’assistance alimentaire du CICR.

Outre l’aide qu’il fournit aux handicapés, le CICR gère des projets ATC pour les personnes valides. Au lieu de recevoir les rations alimentaires habituelles, ces personnes bénéficient d’un soutien financier pour ouvrir un commerce ou se lancer dans des activités d’artisanat. Dans le domaine agricole, elles reçoivent une aide pour installer des serres ou faire de l’élevage de poulets ou de porcs, par exemple.

   

En 20 04, le programme « agriculture, commerce et artisanat » couvrait les régions de Chkhorotsku, Martvili, Tsalenjikha, Zougdidi et Tskaltubo. En 2005, ce programme a été étendu aux régions d’Abasha, Khobi, Kutaisi, Poti et Senaki.

La participation au projet d’artisanat a permis à Leila Ketiladze, déplacée interne de Gali, de remplacer la machine à coudre de sa voisine par une machine à elle. Elle a même des clients à présent. Elle a eu beaucoup de travail quand la nouvelle année scolaire a commencé. Elle a pu gagner jusqu’à 50 laris (environ   25 dollars US) par semaine.

« Avec l’argent que le CICR m’a donné, j’ai acheté une machine à coudre, des ciseaux, du tissu et du fil. Maintenant que j’ai tout ce matériel, plus de gens me demandent de leur confectionner des vêtements et je peux subvenir aux besoins de mes enfants. Mais ce serait mieux de recevoir aussi une aide alimentaire », dit-elle en souriant.

     

©CICR/E. Minjoraia
 


Nino Kharabadze, déplacée, bénéficiaire du projet ATC.      
         

Tea Gagua a elle aussi participé à ce projet et possède maintenant son propre matériel de coiffure. Elle fait vivre une famille de six personnes.

Nino Kharabadze, qui habit e dans le centre collectif, a aménagé un moulin. Elle en retire des revenus journaliers et est très motivée.

« Nous achetons du blé, le moulons et vendons la farine. Je peux ainsi payer les études de mon enfant. Je suis ravie. Je préfère cette situation à une aide alimentaire. »

Cette année a été très fructueuse pour Geronti Khmelidze, qui s’occupe d’abeilles. Grâce à l’argent du CICR, il a acheté quatre ruches et collecté 130 kilos de miel. « Nous pouvons ainsi à la fois manger un produit naturel et le vendre. Bien sûr, c’est un travail qui nécessite une main-d’oeuvre importante mais je peux au moins subvenir aux besoins de ma famille. »

Marine Mandaria, une femme déplacée, a ajouté ses propres économies aux 330 laris reçus du CICR et a ainsi pu acheter à Tbilisi des articles qu’elle vend localement. Elle doit beaucoup voyager mais est satisfaite.

Le CICR aide les autorités de Géorgie mais n’entend pas se substituer à elles. Quand les programmes d’assistance se termineront, l’institution quittera des bénéficiaires valides plus ou moins autonomes. En 2006, les autorités elles-mêmes viendront en aide aux bénéficiaires du « groupe A » (personnes handicapées), dans le cadre du programme de réduction de la pauvreté.