Kenya : aider à apaiser l’angoisse des familles dispersées

18-02-2008 Éclairage

Dans le cadre d’une vaste opération d’assistance en faveur des personnes déplacées par la violence, la Croix-Rouge du Kenya et le CICR s’emploient à retrouver au plus vite les personnes que les troubles ont séparées de leur famille, pour les réunir avec leurs proches. Reportage de Nakuru, dans la vallée du Rift.

« J’étais tellement triste à l’idée que mes garçons puissent être morts que je ne pouvais plus rien avaler », raconte Mildred Akinyi. Elle venait de sortir de l’hôpital, lorsque son village a été attaqué, à la mi-janvier. Elle raconte aujourd’hui comment elle a fui et s’est réfugiée dans une église avec une partie de sa famille, tandis que ses deux fils aînés s’étaient enfuis ailleurs. Le lendemain matin, elle était partie à leur recherche, mais en vain.

     
    ©CICR /ke-e-00183      
   
Une mère et son fils sont réunis dans le stade de Nakuru.      
         

Environ une semaine plus tard, grâce aux efforts de la Croix-Rouge du Kenya, Mildred retrouvait ses fils, Frederick (18 ans) et Washington (16 ans). « Je revis », dit-elle soulagée. La famille vit actuellement dans le stade de Nakuru, où est installé un des camps pour personnes déplacées de la vallée centrale du Rift.

« Les gens de la Croix-Rouge m’ont beaucoup aidée. Ils ont retrouvé mes fils et ici, dans le camp, ils nous distribuent des vivres et des vêtements. Ils nous ont aussi donné une tente pour nous abriter. »

Rosabella Akinyi, de la Croix-Rouge du Kenya, explique : « Nous distribuons des vivres et des articles ménagers de première nécessité, et nous renforçons les systèmes d’approvisionnement en eau et d’assainissement. Un organisme international de services a fourni les tentes et une autre organisation non gouvernementale internationale gère un dispensaire à l’intérieur du camp. La Croix-Rouge, quant à elle, offre des services de conseil et un soutien psychosocial, ainsi que des services de recherches pour tenter de réunir les membres de familles dispersées. »

  À peine née, elle doit fuir  

Ailleurs dans le stade transformé en camp, Joshua Odhiambo se repose sous une tente en compagnie de sa femme Mary Akoth. Entre eux, sur une couverture, est étendue Willistein, leur fillette qui vient de naître. Elle avait un jour quand ils ont été obligés de s’enfuir. « Nous avons passé la première nuit dans un autre camp, où nous avons dormi dans le froid, dit-il. Notre maison a été incendiée, avec tout ce que nous possédions ».

Le couple a été orienté par les services de conseil de la Croix-Rouge. « C’est très stressant de vivre dans un camp avec un nouveau-né, en particulier pour ma femme. Ce n’est pas sain pour un bébé ; il fait très chaud dans la tente et je ne peux pas toujours être là pour l’aider comme elle le voudrait. » Mais, grâce à la Croix-Rouge, ajoute-t-il, au moins ils ont une tente, du lait pour sa femme, et aussi de quoi manger.

Toujours à Nakuru, le parc des expositions accueille un autre camp qui héberge plusieurs milliers de personnes déplacées appartenant à des groupes ethniques différents de celles qui sont installées dans le stade. Dans la tente qui abrite les services de recherches de la Croix-Rouge du Kenya, Jane Wangari embrasse sa fille Catherine de 12 ans. Elles avaient été séparées pendant plus d’une semaine, chacune s’étant retrouvée dans un camp différent, avant que la Croix-Rouge les réunisse. « J’étais extrêmement inquiète ; je ne dormais plus, raconte la mère. Partout où j’allais, on me disait de m’adresser à la Croix-Rouge. Et effectivement, ils m’ont été d’un grand secours ».

Sous la tente, d’autres n’ont pas eu la même chance. Anne Njoki Mungai joue avec sa petite fille de deux ans qui gigote sur ses genoux. Elle est à la recherche de son fils Joseph, âgé de 14 ans. Ils ont été séparés le 29 décembre, jour où ont été proclamés les résultats des élections. « Je ne perds pas espoir ; je le retrouverai », dit-elle, confiante.

Le CICR travaille aux côtés de la Croix-Rouge du Kenya : il aide à former des volontaires et apporte son soutien et son savoir-faire technique aux activités de recherches de la Société nationale.

« Ne pas savoir où se trouvent des membres de sa famille portés disparus peut être une expérience très traumatisante, surtout lorsqu’il s’agit d’enfants », explique Caroline Rouvroy, coordonnatrice des activités de protection du CICR à Nairobi. « C’est pourquoi la recherche de personnes est un service essentiel que la Croix-Rouge fournit lorsqu’une catastrophe ou un conflit armé survient où que ce soit dans le monde. »