Kenya : besoin d’une aide à long terme pour les victimes des violences

17-01-2008 Éclairage

La situation politique au Kenya étant encore tendue, les conséquences sur le plan humanitaire des violences liées aux élections persistent et les personnes touchées ont toujours besoin d’une aide constante. La Croix-Rouge du Kenya et le CICR se préparent à une assistance à long terme.

     

    ©ICRC/Bernard Barrett / KE-E-00158      
   
Des collaborateurs de la Croix-Rouge du Kenya distribuent des articles de première nécessité à des résidents du camp pour personnes déplacées de Gambogi (Vihiga).      
         

Des dizaines de milliers de personnes ont besoin d’urgence de la protection et de l’assistance de la Croix-Rouge, maintenant et à long terme. Qu’il s'agisse de personnes qui ont fui leur foyer ou qui sont restées chez elles, toutes vivent dans un climat d'hostilité et de peur.

« Il y a des familles qui ont fui une situation de violence ; pas toujours avec tous les membres de la famille ensemble et pas toujours avec leurs enfants », explique Pascal Cuttat, chef de la délégation régionale du CICR à Nairobi. Mis à part une aide immédiate, précise-t-il, elles auront besoin d’assistance pour retrouver les proches dont elles ont été séparées.

Les enfants livrés à eux-mêmes et loin de leurs familles sont une préoccupation rendue tragiquement familière par les autres crises africaines. « Ce sont des mineurs non accompagnés, qui ont été abandonnés ou laissés avec des membres de leur famille, parfois même avec des gens qu'ils ne connaissaient pas », précise Pascal Cuttat.

Il y a aussi le problème des restes humains – souvent non identifiés – qui n’ont pas été réclamés dans les morgues. « Pour permettre aux familles d’entamer le processus de deuil, nous devons faire en sorte que les personnes décédées ne deviennent pas de simples numéros et qu’elles ne soient pas répertoriées comme des personnes portées disparues. Nous enregistrons les dépouilles dans un fichier, que la famille pourra consulter si elle est toujours à la recherche d’un parent. »

Les personnes déplacées se sont rassemblées en de grands groupes. « La situation est particulièrement difficile pour les déplacés se trouvant dans la vallée du Rift. Ils se regroupent par dizaines de milliers. Ils ont besoin de nourriture, d'eau, de soins et d’abris », ajoute Pascal Cuttat.

  Environnement hostile  

« Ces gens vivent dans un milieu hostile, ils sont regroupés en grand nombre et exposés à la violence. Ils sont donc en danger et ont besoin d'être protégés. »

Au-delà des besoins immédiats de la population et des difficultés pour la Croix-Rouge d'y répondre, les problèmes d’ordre humanitaire ne seront probablement pas résolus dans les mois à venir, vu le nombre élevé de personnes déplacées, de villages détruits, de récoltes laissées à pourrir et de l’économie locale en ruine.

Mais la question de la sécurité est au premier plan dans les esprits. Des efforts seront nécessaires de la part, à la fois, des autorités, des dirigeants communautaires et des organisations humanitaires pour rassurer la population et lui permettre de retrouver un semblant de vie normale.

Yasmin Praz-Dessimoz, chef des opérations du CICR à Kisumu, dans l'ouest du pays, estime que certains déplacés sont toujours en mouvement, quittant la région pour se rendre dans d'autres régions du Kenya. Certains regagnent leur lieu d'origine ancestral dans la province de l'Ouest.

Il est difficile d’aller où que ce soit à cause du manque de transports, l’approvisionnement en carburant ayant été interrompu en raison des violences. Nombreux sont ceux voulant voyager qui, pour l'instant, sont simplement incapables de le faire.

     

  Atteindre les villages isolés  

Alors que la première priorité était de répondre aux besoins des personnes déplacées, en termes de nourriture, d'eau et d'assainissement, les équipes de la Croix Rouge ont réussi à atteindre les villages isolés. « Par exemple, nous avons contribué à améliorer l'approvisionnement en eau pour les habitants d’une région et les personnes qui y sont déplacées», déclare Yasmin Praz-Dessimoz.

Pour elle, dans les mois à venir, il faudra poursuivre l’aide humanitaire : « Si par chance la situation se stabilise, les personnes déplacées devraient pouvoir retourner dans leur lieu d'origine et même retrouver l'endroit qu’elles avaient dû fuir, ainsi les conditions de vie redeviendront peu à peu normales. »

En attendant, beaucoup de personnes déplacées auront besoin d'aide pour trouver de nouveaux abris, et ce, avant même de penser à rentrer chez elles. « Certains déplacés ont été hébergés dans des écoles et des postes de police, mais comme l'année scolaire a recommencé, elles devront déménager et trouver de nouveaux logements », explique Christophe Beney, responsable des activités du CICR dans la région de la vallée du Rift, basé à Eldoret.

  Besoin de sécurité  

« Les gens aimeraient tant rentrer chez eux, mais un fort sentiment d'insécurité persiste, explique Christophe Beney. Le plus important maintenant, c’est que la sécurité soit rétablie par les autorités kényanes afin que les gens n’aient plus peur de retourner chez eux. »

« La plupart de ces personnes sont déplacées et, comme on peut le voir en survolant la région, beaucoup de maisons ont été brûlées. Plus tard, un grand effort humanitaire sera nécessaire pour entreprendre la reconstruction. »