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Myanmar : des familles « saines et sauves » après le passage du cyclone Nargis

10-06-2008 Éclairage

Le rétablissement des liens familiaux est un aspect important des opérations de la Croix-Rouge de Myanmar pour faire face aux ravages causés par le cyclone Nargis. Les experts du CICR dans ce domaine s'efforcent d'améliorer l'efficacité de l'action menée par la Société nationale pour réunir les membres des familles dispersées.

     

    ©ICRC      
   
    Un volontaire de la Croix-Rouge de Myanmar remet le message « sain et sauf » de Ma Ohnmar à sa nièce.      
         

Ma Ohnmar a tout perdu lorsque le cyclone Nargis s'est abattu sur le Myanmar le 2 mai dernier, détruisant une grande partie de son village, Taung Chaung, situé dans la municipalité de Bogale (district d'Ayeyarwady). Par chance, tous les membres de sa famille proche ont survécu à la catastrophe et sont parvenus à se réfugier dans un monastère à Maubin après deux jours de route.

C'est au monastère que Ma Ohnmar a rencontré les membres d'une équipe conjointe de la Croix-Rouge de Myanmar et du CICR. L'équipe s'était déplacée dans la zone pour déterminer la nature et l'étendue des besoins en matière de rétablissement des liens familiaux (RLF). Le programme de RLF lancé par la Croix-Rouge de Myanmar peu après la catastrophe vise à atténuer les souffrances causées par la disparition de proches, l'inquiétude que suscite le sort des disparus et la peur de l'inconnu.

Ma Ohnmar a eu la chance de pouvoir envoyer un message « sain et sauf » à sa sœur Daw San San Myint à Yangon. Dans son message, elle expliquait brièvement où elle se trouvait, précisant qu'elle était saine et sauve, tout comme d'autres membres de la famille, en dépit des terribles épreuves qu'ils avaient traversées.

Pendant ce temps, à Yangon, Daw San San Myint était de plus en plus préoccupée par le sort de sa sœur cadette. Plus de trois semaines après la catastrophe, elle n'avait toujours aucune nouvelle de Ma Ohnmar, alors que d'autres parents vivant dans la zone sinistrée étaient parvenus à se réfugier chez elle. Le calvaire dura jusqu'au jour où une équipe de la Croix-Rouge lui apporta le message de sa sœur.

L'équipe a été accueillie par la nièce de Ma Ohnmar, qui a indiqué que sa mère n'était pas à la maison, mais qu'elle lui transmettrait le message Croix-Rouge. « Elle sera si heureuse, a-t-elle ajouté. Le cyclone a été en soi une tragédie, mais le fait de ne pas savoir ce qu'il était advenu de ma tante a été plus dur encore. »

Le message de Ma Ohnmar a été parmi les premiers à être délivrés dans le cadre de ce qui sera sans doute un vaste et long programme. « La Croix-Rouge de Myanmar n'était tout simplement pas préparée à faire face à ce type de catastrophe », explique Su Su Lynn, récemment nommée au poste de chef de l'unité RLF au siège de la Croix-Rouge de Myanmar à Yangon.

« Quoique nous transmettions déjà des messages Croix-Rouge par le passé, les besoins aujourd'hui sont très différents. Nous avons vraiment dû partir de zéro. Nous sommes aussi conscients qu'il faudra du temps pour atteindre tous les villages sinistrés. Mais le jeu en vaut la chandelle. Sans la Croix-Rouge de Myanmar, d'innombrables personnes n'auraient aucun moyen de communiquer avec leurs proches. »

« La Croix-Rouge de Myanmar n'a pas les ressources nécessaires pour rechercher activement chacun des destinataires de ces messages, reconnaît Monique Crettol, déléguée du CICR expérimentée dans la recherche de personnes disparues. Elle fera évidemment de son mieux, mais elle devra peut-être aussi utiliser des supports médiatiques tels que des affiches, les journaux et la radio pour informer la population. »

Su Su Lynn, son équipe de la Croix-Rouge de Myanmar et un nombre croissant de volontaires s'efforcent d'atténuer les souffrances des rescapés du cyclone. « Aujourd'hui, nous avons réussi », s'exclame-t-elle en souriant, avant d'ajouter d'un air sombre : « Malheureusement, nous savons que ne pourrons pas satisfaire les attentes de tout le monde : de nombreuses personnes ne recevront pas les nouvelles qu'elles espèrent. »

Quatre semaines après la catastrophe, les chances d'identifier les corps qui gisent encore dans les champs ou flottent à la surface des cours d'eau sont infimes. Les volontaires de la Croix-Rouge de Myanmar sont peu à peu formés et équipés pour prendre en charge les restes humains, dont la plupart sont dans un état de décomposition avancé.

« La Croix-Rouge de Myanmar n'est pas dire ctement responsable de la prise en charge de ces corps, explique Pierre-André Conod, chef de la délégation du CICR à Myanmar. Nous reconnaissons toutefois qu’il faut se séparer des dépouilles avec le maximum de dignité. Les volontaires de la Croix-Rouge de Myanmar ont été d'un grand soutien dans cette tâche difficile. »

Le CICR a tiré parti de l'expérience et des connaissances qu'il a acquises de longue date pour aider la Croix-Rouge de Myanmar à mener à bien son programme de RLF et ses activités liées à la prise en charge des corps. Des spécialistes expatriés et locaux ont été déployés pour garantir que les messages « sain et sauf » et « demande de nouvelles » sont collectés et traités efficacement et rapidement par le personnel et les volontaires de la Croix-Rouge de Myanmar.

Des collaborateurs du CICR apportent un soutien à la Croix-Rouge de Myanmar pour mettre en place les systèmes nécessaires, former les volontaires et collaborer avec d'autres organisations actives dans les mêmes domaines. Le CICR a également mis à disposition un médecin légiste, qui prodigue des conseils aux volontaires de la Croix-Rouge de Myanmar pour veiller à ce que les restes humains soient manipulés en toute sécurité, dans la dignité et dans le respect des normes légales. En outre, il a fourni des kits contenant tout l'équipement nécessaire à ces activités.