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Séisme en Asie du Sud : l’ombre de la catastrophe plane toujours sur la ville de Chinari

06-09-2006 Éclairage

Alors que la date anniversaire du séisme dévastateur en Asie du Sud approche, Raza Hamdani, collaborateur du CICR, retourne dans une ville de la partie du Cachemire administrée par le Pakistan où la vie a petit à petit repris son cours.

Lorsque je suis venu pour la première fois à Chinari, en novembre 2005, peu après le tremblement de terre qui a ravagé la région, il n’en restait presque que des ruines d’où émanait l’odeur fétide des corps encore prisonniers des décombres des boutiques et des bâtiments détruits.

Chacun avait une histoire à raconter sur l’horrible catastrophe qui avait presque complètement anéanti la ville et les villages alentours. Les commerçants fouillaient lentement les décombres, cherchant des marchandises récupérables, levant à peine les yeux pour voir qui les observait.

Sur le terrain de l’école, des hélicoptères atterrissaient et décollaient. Des véhicules arrivaient chargés de nourriture et d’autres articles de secours à distribuer aux personnes qui faisaient patiemment la queue.

Récemment, je suis retourné à Chinari. La route était en mauvais état à cause de la pluie et des glissements de terrain, mais au moins, elle était ouverte au trafic. Les magasins étaient à nouveau ouverts et le commerce des radios, des articles de ménage, de la nourriture et des vêtements était florissant. Une petite banque avait ouvert ses portes peu auparavant et un bâtiment d’une pièce d’un rouge vif, abritant un bureau de la poste pakistanaise, se détachait par sa couleur.

Chinari n’est qu’une des nombreuses zones si gravement touchées par le séisme. Le seul centre médical, l’unité de soins de santé primaires, a été détruit, l’approvisionnement en eau de la région a été coupé et les routes d’accès ont été bloquées. Les survivants avaient désespérément besoin de secours, de soins médicaux et d’eau.

 
   
       
    © CICR / Raza Hamdani      
   
    Un délégué du CICR et des villageois boivent de l’eau aux robinets. Le CICR fournit de l’eau à la ville de Chinari grâce à un pipeline de 2,7 km.      
         

  Vivre dans la crainte d’un séisme plus important  

Les habitants regardent maintenant vers l’avenir. Karim, un commerçant, déclare : « La vie continue, nous ne pouvons pas continuer à vivre dans le passé. Il ne sera pas possible de mener une vie normale ici avant cinq ou sept ans, car nous vivons constamment dans la crainte qu’un séisme plus important frappe la région. Maintenant, ceux qui en ont les moyens achètent des propriétés ailleurs et déménagent. »

Seuls les blessés graves pouvaient être évacués vers des hôpitaux pakistanais ; les autres devaient se rendre à Muzaffarabad par leurs propres moyens. Mais les routes étant coupées, ils n’avaient que peu de solutions.

Le CICR est parvenu à rouvrir le centre de soins trois semaines après le séisme. Depuis, il a construit un nouveau bâtiment et continue d’aider le ministère de la Santé à fournir les services essentiels. Le 30 juillet 2006, le centre avait effectué plus de 17 000 consultations et plus de 4 000 vaccins.

« La réouverture du centre de santé à Chinari a été une bénédiction. De nombreuses personnes sont venues y recevoir des soins », raconte Nighat, une mère de famille du village voisin de Chunian. Elle est allée plusieurs fois au centre pour y être soignée par des femmes professionnelles de la santé, effectuant un trajet de 30 minutes à pied avec ses trois jeunes enfants.

Mais pour d’autres, c’était encore plus difficile. Il fallait plus de cinq heures à Nazeer pour atteindre le centre depuis Pandu, à environ 25 km de là. « C’est le plus proche de chez moi », dit-il.

 
   
       
    © CICR / Raza Hamdani      
   
    Au centre médical, un pharmacien distribue des médicaments à des patients.      
         

  Des femmes qui ont besoin de parler  

Maria, un médecin du CICR, déclare : « Nous recevons quelque 80 patients par jour en moyenne. Il n’y a plus de cas liés directement au séisme, dorénavant, mais les personnes viennent ici pour des problèmes généraux de santé. »

Elle raconte que le centre reçoit également des femmes qui se plaignent d’avoir mal de la tête aux pieds. « C’est psychologique. Elles ont besoin de parler à quelqu’un, d’évacuer leur frustration. »

Zahid, qui vit dans un abri provisoire pendant qu’il reconstruit lentement sa maison, déclare qu’après le tremblement de terre, les besoins les plus essentiels étaient la nourriture, les soins de santé et l’eau.

« Nous avons reçu de l’aide de la part d’organisations internationales, de l’armée et de certaines ONG locales et nous avons pu survivre à l’hiver et aux mois qui ont suivi. L’approvisionnement en eau était le principal problème après que le pipeline a été détruit. La rivière était notre seule source d’approvisionnement en eau », ajoute- t-il.

Ghulam, du village de Sarak-Chinari, raconte que le CICR a fourni une assistance, mettant à disposition son camion pour acheminer de l’eau à certains endroits précis. En retour, le village a autorisé le CICR à utiliser la source locale pour amener de l’eau par pipeline à Chinari, près de trois kilomètres plus loin.

« Nous savons tous à quel point l’eau est importante. Comment pourrions-nous priver d’eau nos frères vivant en ville ? » demande Ghulam.