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Au secours des civils touchés par la guerre – être ambulancier à Gaza

24-09-2009 Éclairage

Ashraf est un secouriste du Croissant-Rouge palestinien à Rafah, dans la bande de Gaza. Pouvoir aider les gens et sauver des vies est, dit-il, une chance autant qu'une source de grande fierté. Mais être ambulancier à Gaza, c’est aussi un métier à risques.

     
    ©Palestine Red Crescent      
   
Ashraf Al Khatib      
       
       
    ©ICRC /S. Abu Hasna / il-e-01544      
   
Gaza, janvier 2009. Une ambulance du Croissant-Rouge palestinien.      
           

Ashraf al-Khatib travaille comme secouriste dans une centrale d’ambulances du Croissant-Rouge palestinien à Rafah qui dessert une communauté de plus de 100 000 habitants. Située dans le sud de la bande de Gaza à la frontière avec l’Égypte, Rafah est souvent la cible des opérations de l’armée israélienne.

Au cours de ses onze années de service, Ashraf a eu l’occasion de venir en aide à de nombreuses personnes de la région en leur administrant les premiers secours ou en les transportant à l’hôpital. « J’ai la chance d’avoir un travail pas comme les autres, qui me permet de sauver des vies comme peu d’autres peuvent le faire, déclare Ashraf. Je suis très fier de ce que je fais et mon travail est extrêmement gratifiant, mais à chaque fois que nous sommes appelés, je ressens également de la peur. »

Ashraf se préoccupe beaucoup des questions de sécurité. Il sait qu’en travaillant dans une zone de conflit, il doit impérativement pouvoir être identifié comme membre du personnel médical afin de ne pas être pris pour un combattant. « Évidemment, je porte toujours mon uniforme, et nous enclenchons systématiquement la sirène et le gyrophare de l’ambulance lorsque nous intervenons. Il y a aussi un drapeau du Croissant-Rouge palestinien sur l’ambulance, afin qu’il soit encore plus facile de nous identifier comme du personnel médical. J’aime mon travail et je ne le quitterais pour rien au monde, mais j’aimerais vraiment pouvoir me sentir en sécurité pendant nos interventions. »

Tous les membres de l’équipe d’ambulanciers rencontrent des moments difficiles. Pour Ashraf, c’est l’un des épisodes de l’hiver dernier, alors qu’il travaillait jour et nuit pour transporter les blessés à l’hô pital, qui a été le plus dur. « Comme je vis près de la frontière, j’avais amené ma femme et mes deux enfants dans ma belle-famille lorsque l’invasion terrestre avait commencé. La maison se trouve au centre-ville et j’avais pensé que ce serait plus sûr là-bas. Peu après, nous avons entendu de puissantes explosions. J’ai tout de suite su que le quartier de ma belle-famille avait été touché et qu’il y aurait de nombreuses victimes. Je me suis précipité sur les lieux avec mon équipe et j’ai été horrifié en voyant ce qui était arrivé. Le quartier semblait entièrement détruit, et il y avait dans les rues des gens avec des blessures atroces. J’ai commencé à recueillir les blessés, parmi lesquels il y avait un des mes cousins, afin de les amener à l’hôpital. Je me répétais que je n’avais pas le temps d’aller voir si ma femme et mes enfants allaient bien, que je devais continuer mon travail et que, si quelque chose de grave leur était arrivé, des collègues se chargeraient d’eux. C’est la pire expérience que j’ai vécue dans ma carrière d’ambulancier. J’étais déchiré entre le besoin désespéré d’aller voir si ma famille allait bien et la nécessité de venir en aide aux blessés que j’avais sous les yeux. Mon cousin est mort plus tard à l’hôpital, mais, heureusement, ma femme et mes enfants n'avaient pas été blessés. »

Pendant la guerre, beaucoup de jeunes se sont engagés comme volontaires à la centrale d’ambulances du Croissant-Rouge palestinien afin d’aider comme ils le pouvaient. Certains ont maintenant décidé de suivre la formation pour devenir secouristes. « Nous sentons que la communauté nous apprécie énormément, explique Ashraf. Il arrive que certaines personnes soient en colère parce que nous ne parvenons pas à sauver quelqu’un, mais cela arrive probablement aux équipes d’ambulanciers dans le monde entier. La plupart du temps, les gens sont reconnaissants et respectueux de tout ce que nous faisons. C’est quelque chose qui compte beaucoup pour moi, parce que c’est un travail dur. »