Honduras : "Il est important que la Croix-Rouge puisse travailler en toute sécurité"

28-09-2009 Interview

Le CICR et la Croix-Rouge du Honduras collaborent pour venir en aide aux victimes des affrontements entre forces de sécurité et manifestants. Le délégué régional adjoint du CICR en Amérique centrale, Christoph Kléber, commente l’action de la Croix-Rouge depuis la capitale hondurienne, Tegucigalpa.

    ©ICRC      
   
    Christoph Kleber      

      

Vous êtes à Tegucigalpa depuis le 23 septembre, mais vous vous y êtes rendu régulièrement depuis le mois de juin. Comment jugez-vous la situation actuelle dans la capitale du Honduras ?  

D’après ce que j’ai pu voir, la situation semble s’être calmée, mais les gens restent nerveux. Ces derniers jours, des affrontements ont eu lieu entre les forces de sécurité et les manifestants. Le Croix-Rouge du Honduras a prodigué des soins à plus de 100 personnes souffrant de problèmes respiratoires, de crises d’anxiété, de crises d’hypertension, de contusions et de fractures. Selon certaines informations, deux personnes auraient également été tuées lors de ces événements.

Les équipes de secours de la Croix-Rouge du Honduras sont en alerte vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Près de 200 volontaires des sections de tout le pays sont prêts à répondre aux appels, dont 60 dans la ville de Tegucigalpa. Ils sont nombreux à ne pas être rentrés chez eux ou à ne pas avoir vu leur famille depuis plusieurs jours.

Le CICR a-t-il accès aux personnes détenues en relation avec les derniers événements à Tegucigalpa ?    

     

    © Reuters/Henry Romero  
   
Tegucigalpa. Des volontaires de la Croix Rouge hondurienne prennent soin d'un blessé.      

        Oui, nous avons un accord général avec les autorités qui nous autorise à visiter les personnes privées de liberté au Honduras. Aujourd’hui, nous avons pu voir quelques personnes détenues lors des derniers affrontements qui se sont produits dans la ville de Tegucigalpa. Les entretiens ont eu lieu sans témoin et avaient pour but de s’assurer que les conditions de détention sont conformes aux normes internationales.

Nous avons également offert notre aide aux détenus pour qu’ils puissent maintenir le contact avec leurs familles, si nécessaire, et nous avons fait part de nos observations aux autorités concernées de manière confidentielle.

Les activités que le CICR déploie dans les lieux de détention ont pour but, dans le monde entier, de protéger la dignité et l’intégrité physique des personnes privées de liberté.

 La Croix-Rouge a-t-elle eu des difficultés à soigner les blessés ou à accéder aux zones où ils se trouvaient ?  

La Croix-Rouge du Honduras a répondu aux appels d’urgence qu’elle a reçu et a pu se rendre dans les zones d’affrontements pour prodiguer des soins médicaux aux victimes.

Il est très important que les volontaires de la Croix-Rouge du Honduras puissent évacuer les blessés dans de bonnes conditions de sécurité. Le CICR a fourni aux équipes de secours des trousses de premiers soins, des radios et des casques, ainsi que des dossards et des drapeaux munis de l'emblème de la Croix-Rouge. Ce signe protecteur indique la neutralité et l'impartialité de l'institution.

Nous avons également soutenu la réalisation d’ateliers de formation régionaux portant sur les questions d'accès et de sécurité, destinés aux équipes des opérations, aux volontaires et aux secouristes de la Croix-Rouge du Honduras. Ils ont été organisés essentiellement dans la ville de Tegucigalpa, mais aussi dans d’autres sections du pays.

 Outre les visites aux détenus et l'assistance aux blessés, quel autre rôle le CICR peut-il jouer dans la crise actuelle ?       

Nous sommes en contact avec les parties impliquées dans la crise, afin d'exiger qu'elles respectent le travail humanitaire réalisé par les volontaires de la Croix-Rouge du Honduras. Nous offrons aussi nos services, en tant qu'intermédiaire neutre et indépendant pour mener à bien des activités en faveur des victimes des actes de violence.

En outre, nous avons prévu d’organiser, en octobre de cette année, un cours sur l’usage de la force dans les opérations de police, qui est destiné aux commandants de la police nationale. Nous réalisons ce genre de cours dans le but de préve nir les violations des droits de l’homme de la part de la police et des forces de sécurité et de garantir la protection des personnes en toutes circonstances.