Les handicapés des camps de réfugiés sahraouis pourront désormais bénéficier d'un appareillage orthopédique

19-05-2008 Interview

Le 15 mai 2008, le CICR a lancé la production de prothèses pour les handicapés sahraouis dans les camps de réfugiés de Tindouf (dans le sud-ouest de l'Algérie). À cette occasion, Monhem Arab, orthopédiste au CICR, explique comment ce projet auquel il travaille sur place depuis plus d'une année, avec une physiothérapeute expatriée, bénéficiera aux victimes. De nationalité libanaise, M. Arab est au service des handicapés depuis plus de 20 ans, dont une dizaine d’années dans le cadre des programmes d'assistance du CICR.

     

     
   
Monhem Arab durant l'inauguration du centre à Tindouf      
          Qu'est-ce qui a poussé le CICR à lancer la production de prothèses pour les victimes de mines et autres munitions de guerre non explosées dans ce contexte ?

On estime que 350 à 450 amputés vivant dans les camps de réfugiés ont aujourd’hui besoin d'un appareillage orthopédique. Un grand nombre de ces personnes ont été blessées et handicapées suite à l'explosion de mines antipersonnel ou de restes explosifs de guerre, parfois longtemps après 1991, date du cessez-le-feu entre le Maroc et le Front Polisario.
 
L'explosion de munitions de guerre peut provoquer la mort, mais aussi des blessures graves entraînant l'amputation d'un ou de plusieurs membres, des handicaps graves et des traumatismes psychologiques. Les séquelles sont telles que les personnes affectées ont besoin de services de rééducation physique dans le long terme.
 
L'ouverture d'un atelier orthopédique permettra aussi de former des techniciens locaux aux techniques orthopédiques et de physiothérapie, condition indispensable à la pérennité du projet. En effet, une personne appareillée a besoin d'un suivi tout au long de sa vie ; les prothèses remplaçant leurs membres amputés devront être réparées, adaptées, remplacées.
 
Ce projet est la première étape de la contribution du CICR à la prise en charge des conséquences humanitaires des mines et des munitions non explosées dans toute la région touchée par le conflit du Sahara occidental.      
     
   
Depuis 1979, le CICR a mis en oeuvre et/ou apporté son soutien à 85 projets orthopédiques dans 26 pays. En 2007, plus de 150 000 personnes dans le monde ont bénéficié d'appareillages orthopédiques divers, dont 22 309 prothèses, 32 123 orthèses, 36 850 paires des béquilles et 2 909 fauteuils roulants, ainsi que de traitements de physiothérapie, ou de réparations. Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, le CICR a soutenu 15 projets, dont un en Algérie, dix en Irak, un au Liban, un en Syrie et deux au Yémen.      
                Quelle est la valeur ajoutée de ce projet pour les handicapés ?

Nous utilisons la technologie du polypropylène : elle est simple et le matériel est résistant, bon marché et recyclable.
 
a proximité avec les patients est aussi très importante. En étant sur place, nous pouvons agir rapidement en cas de besoin, et nous contribuons à réduire considérablement les coûts. En effet, les handicapés devaient auparavant se rendre à l'étranger pour la fabrication et l'entretien de leur prothèse, ce qui rendait le suivi très difficile, voire impossible dans certains cas. Dans cet atelier – le seul opérationnel dans la région de Tindouf – les patients pourront être hébergés sur place.
 
  Comment fonctionne un atelier orthopédique ?

Une fois que les besoins du patient (amputé, ou atteint de poliomyélite, etc.) sont évalués par l'orthopédiste et le physiothérapeute, il faut décider de l'appareillage adéquat. Un dossier est constitué pour chaque patient, et le suivi y est consigné tout au long du traitement. En règle générale, la durée du séjour ne dépasse pas cinq jours, elle peut néanmoins différer d'un patient à un autre pour des raisons d'adaptation. Le physiothérapeute joue un rôle spécifique dans l'entraînement musculaire du patient à la marche et aux fonctions de la vie quotidienne.
 
Un appareillage dure en principe deux à trois ans pour les adultes et entre trois et six mois pour les enfants. Comme les enfants grandissent, l'appareillage doit être adapté en conséquence. Le patient est ensuite suivi lorsque sa prothèse nécessite réparation ou adaptation.
 
  Vous avez côtoyé des milliers d’handicapés tout au long de votre carrière, notamment au Tadjikistan, dans le Caucase, en Afrique, et récemment en Irak. Quels sont les moments forts que vous gardez en mémoire ?

Voir un amputé, arrivé en chaise roulante, repartir sans le soutien des autres, est l'une de nos plus grandes satisfactions ! Le bonheur qui se lit sur le visage du patient lorsqu'il nous quitte nous fait chaque fois oublier les conditions difficiles dans lesquelles nous travaillons, ici à Tindouf, comme ailleurs.