Zimbabwe : la vulnérabilité croissante des plus démunis appelle des mesures immédiates

11-06-2009 Interview

Les activités que le CICR mène depuis près de 30 ans au Zimbabwe se sont transformées, dès le début de l’année 2009, en une véritable une opération d'urgence. Thomas Merkelbach, chef de la délégation régionale du CICR à Harare, explique les priorités de l’institution.

     

     
   
    Thomas Merkelbach, chef de la délégation régionale du CICR à Harare      
          Le CICR a réorienté ses priorités au Zimbabwe, décidant d’aider les autorités à faire face à la flambée de choléra et à endiguer la pénurie alimentaire qui touche les prisons. Pourquoi ?  

Plusieurs années de difficultés économiques ont eu des répercussions négatives sur l’accès de nombreux Zimbabwéens au x soins de santé, à la nourriture et à l’eau. On a assisté ces derniers mois à une certaine extension de l’aide régionale et internationale, mais il faudra un engagement à long terme pour remettre sur pied les services publics du pays. Les besoins sont considérables : nombreux sont les habitants qui vivent dans une extrême pauvreté, et un accroissement de la production alimentaire dans un futur proche est peu probable.

Fin 2008, le CICR est ses partenaires du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ont commencé d’aider les autorités à faire face à la flambée de choléra qui frappait le pays – la plus grave épidémie de ces 14 dernières années.

Depuis le deuxième semestre 2008, le CICR soutient huit dispensaires installés dans des faubourgs à forte densité de population de Harare, en plus de 13 autres structures de santé auxquelles il apporte son appui depuis de nombreuses années.

En avril de cette année, le CICR a en outre commencé à distribuer des vivres à 6 300 détenus. En coopération avec les autorités pénitentiaires, il a également mis en place des programmes d'alimentation thérapeutique et entrepris d’améliorer l’équipement de cuisine et les systèmes d'approvisionnement en eau dans les prisons.

Une fois la situation alimentaire stabilisée, le CICR continuera d’évaluer les conditions générales de détention et de travailler à la rénovation des cuisines et des installations sanitaires, ainsi qu’à l’amélioration des systèmes d'approvisionnement en eau. Nous nous emploierons aussi à prévenir la propagation des maladies transmissibles et à nous assurer que les détenus reçoivent un traitement adéquat en cas de flambées de maladies comme le choléra. Jusqu’ici, le CICR a procuré des couvertures et du savon à 5 000 détenus ; il poursuivra la distribution de ces articles et fournira également des vêtements et des ustensiles de cuisine. Le CICR travaillera avec les a utorités pour faire en sorte que les améliorations apportées sur le plan alimentaire à l'intérieur des prisons soient durables.

  En quoi consistent les visites du CICR dans les lieux de détention ?  

Dans le monde entier, le CICR visite des personnes privées de liberté pour vérifier qu’elles sont traitées conformément aux normes internationales du droit humanitaire et des droits de l’homme. Les visites régulières qu’effectuent les délégués du CICR permettent à l’institution de garder la trace des prisonniers et de formuler des recommandations à l’adresse des autorités concernées, en vue d’améliorations des conditions de détention qui pourraient se révéler nécessaires.

Au Zimbabwe, le CICR aide les autorités à répondre aux besoins essentiels des détenus en distribuant des rations alimentaires supplémentaires et en améliorant les systèmes d’approvisionnement en eau et les services de santé.

  Quels autres types d’activités menez-vous dans les pays que vous couvrez ?  

Le CICR porte assistance à d’autres communautés vulnérables du Zimbabwe, comme celles touchées par la violence en 2008. Dans les provinces du Mashonaland central et oriental, 63 500 personnes vivant dans une pauvreté extrême – dont des déplacés de retour chez eux – recevront du matériel agricole ainsi qu’une formation, pour pouvoir recouvrer leurs moyens de subsistance.

Les structures de santé ont besoin de davantage de moyens. Le CICR contribuera notamment aux frais de transport du personnel médical et apportera son soutien à quatre autres polycliniques de Harare. Il travaille en outre à ce que les communautés rurales aient un meilleur accès à l’eau et à l’assainissement, et étudie la possibilité d’aider le service des eaux de Harare à rénover la station de traitement de Morton Jaffray. Notre aide consisterait, en coordination avec d'autres organisations humanitaires, à mettre à disposition savoir-faire technique et matériel, dans le but d’améliorer l’approvisionnement en eau de Harare et de ses faubourgs, en qualité et en quantité.

La délégation régionale de Harare supervise en outre les activités du CICR au Botswana, en Namibie, au Malawi et en Zambie. Dans chacun de ces pays, de même qu'au Zimbabwe, le CICR apporte son soutien aux Sociétés nationales de la Croix-Rouge. Il s'emploie également à promouvoir le droit international humanitaire et les droits de l’homme au sein des pouvoirs publics, des forces armées (en particulier la brigade de maintien de la paix toujours plus importante de la Communauté de développement de l'Afrique australe), des forces de police, de la société civile, ainsi que dans les universités et auprès des jeunes et des enfants.

Toutes nos activités sont menées en coordination avec nos partenaires du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et d’autres organisations humanitaires.