Sud-Caucase : contenir la menace de la tuberculose dans les prisons
24-03-1999 Communiqué de presse 99/14
Genève (CICR) – La tuberculose fait de nombreuses victimes dans la population carcérale de plusieurs pays de la Communauté des États indépendants, où son incidence dans les lieux de détention est en moyenne 50 fois supérieure à la normale. La malnutrition, le surpeuplement et d'autres problèmes touchant à la situation sanitaire et aux conditions de vie dans les prisons en sont en grande partie responsables. Préoccupés par l'ampleur du problème et la menace qu'il représente pour l'ensemble de la population, les médecins du CICR, en collaboration avec les autorités de l'Azerbaïdjan, de la Géorgie et de l'Arménie, s'emploient à maîtriser la situation.
En Azerbaïdjan, c'est en 1995 que le CICR a lancé le programme de traitement de la tuberculose dans les prisons. Des progrès considérables ont été réalisés l'an dernier après la signature d'un accord tripartite avec le ministère de la Justice et le coordonnateur national de la lutte contre la tuberculose (ministère de la Santé), puis l'ouverture de la colonie pénale 3, un complexe pénitentiaire où les détenus infectés suivent le « traitement de brève durée sous surveillance directe » ou DOTS (Directly observed treatment, short course strategy) , recommandé par l'Organisation mondiale de la santé. Les patients doivent prendre chaque jour des médicaments sous surveillance médicale, et cela pendant au moins six mois. Depuis 1998, le nombre des patients détenus sous traitement en Azerbaïdjan est passé de 514 à 976.
Néanmoins, il semble que la mise en œuvre du programme DOTS n'a eu qu'un impact limité sur l'incidence d'une forme de tuberculose ré sistante aux médicaments. Les taux de guérison varient de 50 % à 55 %, et la mortalité reste élevée (plus de 10 %). Dans la nouvelle colonie, les patients qui ne réagissent pas au DOTS et restent infectés par cette forme de tuberculose sont isolés dans un service où leurs symptômes sont atténués jusqu'à ce qu'une meilleure solution soit trouvée. Bien que les autorités azerbaïdjanaises aient pris conscience de la gravité du problème, elles doivent encore s'y attaquer à l'échelon national avec tous les ministères concernés.
En Géorgie, le programme du CICR de lutte contre la tuberculose dans les prisons a été lancé en 1998, en coopération avec les autorités. Il est déjà bien avancé. Le DOTS est administré à 370 patients à l'hôpital antituberculeux de la prison de Ksani.
On espère que le dépistage précoce systématique des cas de tuberculose dans l'ensemble de la population carcérale de Géorgie limitera la transmission et la propagation de souches résistantes aux médicaments. L'équipe du CICR a intégré au programme des activités d'éducation pour la santé, qui ont pour cible.s les personnes qui pourraient souffrir de la maladie, les patients, les proches, les gardiens et le personnel administratif. Il s'agit de dissiper les malentendus au sujet de la tuberculose et d'expliquer les risques d'une automédication inadéquate.
En Arménie, le CICR a entrepris en décembre 1998 une étude de prévalence à l'intérieur du système pénitentiaire afin d'évaluer l'ampleur du problème. Les résultats devraient permettre aux autorités d'établir un plan d'action et de traiter efficacement la maladie.
L'expérience que le CICR a acquise depuis 1995 montre que la stratégie du DOTS peut être strictement appliquée dans un environnement pénitentiaire. Toutefois, les résultats seraient améliorés si les malades étaient repérés et traités le plus rapidement po ssible, de manière à prévenir la propagation d'une forme de tuberculose résistante aux médicaments. Le CICR espère que les programmes de lutte contre la tuberculose qu'il mène de longue date (cinq ans environ), et la volonté des autorités nationales de détacher du personnel et de réaliser le travail de réadaptation nécessaire finiront par renverser la situation.