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Cambodge : une équipe mobile aide les invalides à continuer à marcher

20-01-2004 Éclairage

Le Cambodge compte quelque 30 000 amputés, victimes de la guerre qui, pendant des années, a dévasté le pays et la société khmère. Le CICR s’efforce, par le biais de son programme orthopédique, d'aider même ceux qui vivent dans des régions rurales isolées.

 


    Le véhicule du CICR est rapidement transformé en un établi mobile temporaire.La séance de réparation peut commencer.
Photo R. Sidler/CICR, ref. kh-e-00026
 
En moins d'une demi-heure, les six collaborateurs du Centre de réhabilitation physique du CICR à Battambang ont installé leur atelier mobile. Chaque semaine, des travaux de réparation d'orthèses et de prothèses sont effectués dans les provinces du nord et de l'ouest du Cambodge, qui comptent la majorité des quelques 30 000 amputés recensés dans tout le pays.
 
Plusieurs années après la guerre, les mines et les munitions non explosées mutilent encore une soixantaine de personnes par mois. Depuis l'ouverture du Centre, en 1991, le CICR a appareillé près de 8 000 patients. Les membres artificiels, fabriqués avec du polypropylène, doivent être réparés et parfois ajustés en raison de l'usure du matériel ou des variations des masses musculaires sur lesquelles se fixent prothèses et orthèses.
 
Une fois l'établi monté sur le pare-chocs du Landcruiser, la panoplie d'outils étalée sur une bâche, l'enclume, l'appareil à souder, la meule et le mini-générateur prêts à fonctionner, l'équipe s'occupe de la vingtaine de handicapés qui se sont rassemblés dans l'enceinte de la pagode de Khnach Romeas, située à une soixantaine de kilomètres au nord de Battambang, la deuxième ville du Cambodge après Phnom Penh, la capitale. Ces interventions en pleine campagne évitent aux patients d’avoir à se déplacer jusqu’à la ville, ce qui mettrait à mal leurs maigres ressources financières.
 
Le Suisse Eduard Von Allmen et le Français Joël Nininger, les deux orthopédistes expatriés, apprécient également ces missions sur le terrain. Elles leur permettent de maintenir un contact régulier avec les anciens patients de Battambang.

  Victimes des mines pendant la guerre  

 


    Un employé du CICR ajuste une prothèse. D'autres patients attendent leur tour.
Photo R. Sidler/CICR, ref. kh-e-00025
 
 

Samkoy et sa famille habitent une maisonnette située à la périphérie de Phnom Penh. Âgé de 39 ans, il est amputé transfémoral de la jambe gauche depuis 1983. À l’époque, il servait dans les rangs de l'armée royale cambodgienne, en lutte contre des poches de résistance khmère rouge dans l'ouest du pays.
 
C'est au cours d'une patrouille de reconnaissance que Samkoy a posé le pied sur une mine. Il a été conduit à l'hôpital de Koh Kong, où il a subi l'amputation totale de sa jambe gauche. Dès qu'il a pu, il s'est rendu dans le camp de réfugiés de Khao I Dang, en Thaïlande, où il a reçu une première prothèse de fabrication rudimentaire. Il a renc ontré Chimsok Kim, aujourd’hui sa femme, dans le camp. Elle est sa cadette d'un an. La guerre ne l'a pas épargnée non plus. Chimsok y a laissé ses deux jambes.
 
Aujourd'hui, le couple a trois enfants de sept, dix et onze ans. Samkoy est technicien et salarié d'État. Grâce à une nouvelle prothèse articulée que le CICR lui a fournie en 1993, il peut se rendre à son travail sans avoir recours à une aide extérieure. Ses enfants sont tous scolarisés et sa femme entretient une petite basse-cour.
 
Ils vivent simplement, certes, mais leurs prothèses, à la pointe des technologies nouvelles, leur ont assuré une intégration sociale complète.