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Encore déplacés après douze ans

27-09-2004 Éclairage

Un groupe de Géorgiens, déplacés de la région de Gali pendant le conflit avec l’Abkhazie en 1992, avaient trouvé refuge dans les locaux d’une ancienne usine à papier située dans le village d’Akhali Abastumani, en Géorgie occidentale. Cela fait douze ans qu'ils vivent dans cet « abri provisoire ». Le récit d’Eka Minjoraia, déléguée du CICR.

 

La remise en état par le CICR du système d’approvisionnement en eau a mis fin à la pénurie d’eau potable.©CICR/Eka Minjoraia/ref. IMG-0014 
 

Jour après jour, Zaveta Sharia (80 ans) regarde au loin, là où se trouvait sa maison et où l’on ne voit plus aujourd’hui que des ruines.

Peu de choses sont restées, sauf les souvenirs.

« Je me suis mariée jeune. Mon mari était un homme bon et on formait une belle famille. On travaillait tous les deux dans une ferme collective. On a toujours trimé et on ne manquait de rien à la maison. On était heureux. Je me rappelle qu’une fois, on a même hébergé le maréchal Zhukov. Il était très content et après, pendant des années, il nous a envoyé des paquets avec des sucreries. Il a pris des photos de notre famille et nous les a envoyées… Tout a été brûlé, les photos aussi. Mes médailles et plusieurs diplômes d’honneur ont, eux aussi, été réduits en cendres. »

Puis un nouveau malheur s’est abattu sur sa famille, après son départ : deux neveux et trois cousins ont été tués par l’explosion d’une mine alors qu’ils retournaient dans leur village natal, dans la région de Gali. Ses quatre frères sont morts peu après. Le fils de Zaveta est tombé gravement malade et c’est maintenant la belle-fille qui doit subvenir aux besoins de la famille. Ce n’est pas facile de s’occuper de trois enfants, et le cœur de la vieille femme se serre chaque fois qu’un de ses petits-enfants lui demande un morceau de pain.

Aujourd’hui, la plupart des problèmes qui rendaient la vie insupportable dans l’ancienne usine sont résolus. En effet, pendant près de six mois, il a plu à l’intérieur du bâtiment, suite à un vent violent qui avait emporté le toit. Mais grâce à une aide des Nations Unies, le toit a été réparé. Il fait encore humide à l’intérieur, mais au moins, il n’y pleut plus.

La remise en état par le CICR du système d’approvisionnement en eau a mis fin à la pénurie d’eau potable. Heureusement, car un des déplacés avait contracté le typhus et les 28 familles qui avaient trouvé refuge dans le bâtiment étaient tributaires des maisons voisines pour l’eau potable. Des douches et de l’eau chaude sont maintenant à disposition au rez-de-chaussée. Zaveta a d’ailleurs insisté pour que des verrous soient installés sur les portes afin que les enfants n’endommagent pas les installations.

Plusieurs familles déplacées vivant dans ce centre collectif ont pris part à des projets du CICR basés sur l’agriculture, le commerce et l’artisanat. Certaines élèvent des porcs et des poules, d’autres attendent de recevoir des outils pour lancer leurs propres projets. Zaveta nous explique qu’elle aussi participerait volontiers à ces activités. Elle dessine même un plan : « Si on mettait une barrière là, on pourrait faire un potager et un verger. »

La vie au centre est incontestablement plus facile qu’elle ne l’était auparavant, mais il reste encore beaucoup à faire, comme nous le confie Zaveta au moment de notre départ. « Je regrette de ne rien avoir pu vous offrir », dit-elle d’un air triste.



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