Israël et les territoires occupés : aider les habitants à améliorer leur quotidien

03-11-2009 Point sur les activités

Le CICR poursuit son aide aux plus vulnérables en soutenant des structures de santé, en réhabilitant les systèmes d'approvisionnement en eau et en organisant des projets communautaires. Compte-rendu des activités du CICR en Israël et dans les territoires occupés de juillet à septembre 2009.

  Aperçu  

Au cœur du blocus imposé depuis plus de deux ans, et plusieurs mois après l’opération militaire de l’hiver dernier, les habitants de Gaza peinent toujours à reconstruire leur existence, ainsi que leur cadre de vie. Près de 70 % de la population vit dans la pauvreté. Le bouclage a anéanti le secteur privé, et la reprise sera un processus long et difficile. L’importation de matériaux de construction, de pièces détachées, de conduites d'eau et d’un grand nombre d’autres biens n’est autorisée dans la bande de Gaza qu’en quantités limitées – lorsqu'elle n'est pas complètement interdite.

La détresse des Gazaouis ne devrait toutefois pas faire oublier les épreuves endurées par les Palestiniens de Cisjordanie. Si les déplacements y sont généralement devenus un peu plus faciles maintenant que certains points de passage ont été ouverts, les fermiers sont confrontés chaque jour à des difficultés pour accéder à leurs terres situées derrière la barrière de Cisjordanie et autour des colonies israéliennes. Dans certaines zones, la violence des colons reste une menace quotidienne.

La peur est toujours présente en Israël aussi. Les roquettes lancées depuis la bande de Gaza sur le sud du pays continuent de mettre en péril les civils.

Le CICR a effectué des démarches auprès des autorités israéliennes, les exhortant à faire en sorte que les fermiers palestiniens puissent accéder régulièrement à leurs terres et à empêcher tout acte de violence de la part des colons, ou, en cas d'incident, à prendre les mesures appropriées.

À Gaza, après avoir suivi et documenté de façon détaillée la conduite des hostilités pendant l’opération militaire qui s’est déroulée en décembre et janvier, le CICR s’est entretenu de manière confidentielle avec l’administration du Hamas. Le rapport soumis par l’institution a donné suite au rapport remis aux autorités israéliennes en juin dernier.

 
    ©CICR/A. Gutmann      
   
    Le 24 septembre 2009, environ 560 pèlerins druzes ont été autorisés à passer du Golan occupé en Syrie proprement dite, par le point de passage de Kuneitra. Étant donné l’absence de relations diplomatiques entre la Syrie et Israël, le CICR a agi en tant qu’intermédiaire neutre entre les deux pays pour faciliter le pèlerinage.      
     

  Visites aux détenus et aide au maintien des liens familiaux  

     

Les délégués du CICR ont effectué des visites à 1 700 détenus dans 24 prisons sous autorité israélienne et à 1 400 détenus dans 47 prisons sous autorité palestinienne, afin de s'assurer du traitement qui leur est réservé, de leurs conditions de détention et du respect des garanties judiciaires. Suite à ces visites, l’institution a fait part confidentiellement de ses conclusions et de ses recommandations aux autorités.

Le CICR a permis à quelque 42 000 Palestiniens de Cisjordanie de rendre visite à leurs proches détenus en Israël. Cependant, depuis juin 2007, Israël a empêché environ 900 familles de Gaza de visiter leurs proches dans les prisons israéliennes.

Les demandes répétées formulées par le CICR pour que le Hamas l’autorise à visiter Gilad Shalit, un soldat israélien capturé, afin d'évaluer ses conditions de détention et le traitement qui lui est réservé, ont jusqu’ici été refusées. L’institution poursuit néanmoins ses efforts visant à convaincre le Hamas d’autoriser tout du moins le soldat à avoir des contacts réguliers avec sa famille, conformément au droit international humanitaire.

Les habitants du Golan occupé ne peuvent que rarement traverser la zone démilitarisée contrôlée par l’Organisation des Nations Unies pour se rendre en Syrie proprement dite, et les contacts directs qu’ils peuvent avoir avec leurs familles sont extrêmement limités. En tant qu’intermédiaire neutre, le CICR a facilité le passage de quelque 400 étudiants et de plus de 500 pèlerins druzes.

Le CICR a également facilité, à leur demande, le rapatriement d’un migrant sénégalais et de quatre migrants algériens.

  Aide aux familles les plus démunies  

En raison des restrictions à l’importation, les Gazaouis doivent trouver un moyen de remplacer les matériaux qui, avant le bouclage, provenaient habituellement d’Israël. Afin de compenser partiellement la pénurie d’engrais, le CICR a continué à soutenir trois sites de compostage. Dans la mesure où plus aucun plant ne peut être importé à Gaza, l’institution est venue en aide aux fermiers pour créer une p épinière, en prélevant des boutures sur les arbres existants. D’autres projets ont consisté à remettre en état les terres endommagées pendant le conflit en vue d’un usage agricole, par des travaux de nivellement, de labour et de compostage. Le CICR a fourni une assistance à plus de 1 500 sans-emploi avec au total 10 000 personnes à leur charge, en les employant dans le cadre de programmes « travail contre rémunération » à Gaza.

En Cisjordanie, le CICR est venu en aide à plus de 7 000 personnes vulnérables au moyen de projets similaires comprenant la rénovation de citernes d’eau situées sur des terres à l’extérieur de la barrière de Cisjordanie ainsi que des initiatives microéconomiques et des projets générateurs de revenus. Par exemple, le CICR a soutenu un projet de transformation de fruits et légumes mis sur pied par des femmes en leur fournissant les réfrigérateurs et les ustensiles de cuisine nécessaires.

Les Palestiniens vivant dans la veille ville d’Hébron sont soumis à des restrictions de circulation du fait de la présence de colonies israéliennes et de la violence des colons. Selon une étude récente menée par le CICR sur le revenu des ménages, 70 % de la population vit toujours sous le seuil de pauvreté, faisant de la veille ville d’Hébron une poche de pauvreté extrême en Cisjordanie. Aussi, l’institution continue de distribuer chaque mois des colis de vivres à plus de 6 500 personnes dans le besoin.
    ©CICR      
   
    Dans la bande de Gaza, 150 000 personnes bénéficieront de l’usine de traitement des eaux usées de Khan Younis.      
     

     

  Amélioration des infrastructures d’assainissement et raccordement des villages au réseau d’approvisionnement en eau  

En raison du bouclage actuel, il est extrêmement difficile d’importer à Gaza les pièces détachées nécessaires à la reconstruction ou à la réparation des structures détruites ou endommagées pendant le conflit. Néanmoins, le CICR a récemment amélioré les services d’assainissement destinés à l’ensemble de la population de Khan Younis en menant à terme une étape importante de la rénovation de l’usine de traitement des eaux usées. Les nouveaux bassins devraient ainsi permettre d'améliorer la santé publique et de protéger la nappe phréatique. Suite à ces rénovations, le CICR a transféré avec succès la gestion de tous les aspects techniques du projet aux autorités locales.

« La rénovation de cette usine améliorera sensiblement le quotidien de plus de 150 000 personnes », déclare Javier Cordoba, coordonnateur du CICR chargé de l’approvisionnement en eau et de l’assainissement. « Elle aura également un impact positif important sur l’environnement, dans la mesure où les eaux usées étaient avant rejetées dans un lac à proximité de la ville, mettant ainsi en danger la santé des personnes vivant dans le voisinage et polluant la nappe phréatique. »

En Cisjordanie, la première phase du projet d’approvisionnement en eau pour le village de Dar Salah, portant sur la construction d'un réservoir de 1 500 m3 et d'une conduite principa le, ainsi que d’une station de pompage-relais près de Naplouse, a été achevée. Il s’agit là d’une étape majeure dans la réalisation de l’objectif qui consiste à approvisionner en eau quelque 35 000 personnes.

  Fourniture de services de santé aux personnes qui en ont besoin  

Les habitants de la bande de Gaza souffrant d’un cancer ou étant sous dialyse ne savent souvent pas si et pendant combien de temps ils auront encore accès au traitement dont ils ont besoin pour survivre. La pénurie de médicaments et de matériel à usage unique est un problème chronique dans les hôpitaux et les dispensaires de Gaza, en raison des procédures longues et complexes à suivre pour l’importation de ces articles depuis Israël, ainsi que de la mauvaise coopération entre les ministères de la Santé à Ramallah et Gaza.

« Les malades et les blessés sont les principales victimes des restrictions à l’importation et des problèmes de coopération entre les différents ministères à Ramallah et Gaza », explique Eileen Daly, coordonnatrice des services de santé du CICR. « Des centaines de patients sont en attente de traitement. Nous espérons sincèrement être sur la bonne voie dans la résolution de cette crise et comptons sur chaque partie pour assumer ses responsabilités. »

Entre juillet et septembre, le CICR a fourni 48 tonnes de médicaments et de matériel à usage unique à huit hôpitaux publics de Gaza, assurant le traitement de plus de 10 000 patients chirurgicaux. Il a également entrepris une évaluation des services d’urgence de ces huit hôpitaux.

En outre, le CICR a lancé un projet de physiothérapie postopératoire à l’hôpital européen de Gaza, dans le but de soutenir le personnel national qui dispense les soins de physiothérapie postopératoire aux patients orthopédiques. Il a également continué d’apporter une assistance au centr e d’appareillage orthopédique et de prise en charge de la poliomyélite (Artificial Limb and Polio Center) de Gaza, où plus de 500 patients, dont 174 amputés, reçoivent un traitement. Le CICR a décidé d’y faire construire un étage supplémentaire, qui permettra au centre de gérer un afflux massif de patients handicapés. Enfin, il a effectué des visites dans les hôpitaux tant en Cisjordanie que dans la bande de Gaza, afin d'observer les procédures de travail des services de chirurgie et l’accès des patients et du personnel aux prestations.

  Renforcement des liens au sein du Mouvement en préparation aux périodes de crise  

S’appuyant sur les enseignements tirés lors de l’opération militaire dans la bande de Gaza, le CICR et le Croissant-Rouge palestinien ont organisé trois ateliers à l’intention de 120 membres du personnel médical d’urgence, afin de renforcer les mesures de prévention qui contribuent à rendre plus sûr l’accès aux victimes des conflits. Le CICR a aussi contribué à l’organisation d’un atelier sur la préparation et l'intervention en cas de catastrophe tenu à Bethléem pour 31 collaborateurs et volontaires du Croissant-Rouge palestinien.

Grâce au soutien financier du CICR, le Magen David Adom a pu organiser son camp d’été annuel, auquel ont participé 610 volontaires qui ont reçu une formation sur les situations avec de nombreuses victimes. Le CICR a assisté à la cérémonie de clôture, qui a été suivie d’un exercice fondé sur le scénario d’un grave accident de bus. L’institution a également fourni un soutien au Magen David Adom pour ses séances de diffusion à l’intention des volontaires des différentes sections.

  Promotion du droit international humanitaire  

Dans le but de promouvoir le respect du droit internat ional humanitaire, le CICR a maintenu un dialogue continu avec les diverses autorités, forces armées et factions, ainsi qu’avec les membres influents de la société civile de toutes les parties concernées.

De juillet à septembre, l’institution a tenu 64 ateliers de formation et séances d’information auxquels ont participé 1 840 personnes, dont des membres des services de sécurité palestiniens et des forces armées israéliennes, des représentants des autorités et des ONG, des chefs religieux, des étudiants et des professionnels de la santé.