Les enjeux humanitaires de la migration

Les migrants n'abandonnent pas famille, amis et vie passée sur un coup de tête.  Misère, environnement dégradé et oppression peuvent rendre l'existence intenable. Et quand la guerre vous menace directement, partir est la seule option si l'on veut rester en vie.

Mexique. Des migrants tentent de grimper à bord d'un train de marchandises pour poursuivre leur route. CC BY-NC-ND / CICR

Les raisons qui poussent les gens à migrer sont multiples et complexes. On peut relever l'impossibilité de mener une vie décente faute de travail, l'absence ou la défaillance globale des services publics comme la santé, la sécurité et l'éducation, ou encore le désir de retrouver des membres de la famille déjà installés à l'étranger.

Si la décision de partir appartient à celui ou à celle qui la prend, ce choix est souvent dicté par la nécessité de fuir la violence effroyable des conflits armés.  Il existe des situations moins paroxystiques, comme la criminalité généralisée, une répression brutale et disproportionnée des mouvements sociaux, ou bien encore la persécution de certains groupes pour des raisons politiques ou ethniques.

Autant de raisons supplémentaires qui poussent à vouloir reconstruire sa vie ailleurs.

Slovénie. Des migrants dans un train qui va les transporter en Autriche. Thomas Dworzak pour Magnum

Tout au long de leur parcours, les migrants se trouvent dans une situation d'extrême vulnérabilité et doivent faire face à de multiples dangers. Privés la plupart du temps des services essentiels et coupés du soutien de leurs proches, ils vivent dans la peur, à la merci des passeurs, exposés aux rigueurs d'un climat hostile. Ils ont besoin de protection et d'assistance humanitaire.

Qu'il s'agisse de traverser la Méditerranée, le Maghreb ou le couloir centraméricain, le voyage est toujours long et périlleux. Et peut s'arrêter avant d'arriver à destination.

La ville d'Agadez au Niger connaissait il y a peu de temps encore un flux important de dizaines de milliers de migrants traversant le Sahel vers l'Europe. Mais ce n'est plus le cas aujourd'hui. La route et ses dangers, de nouvelles politiques migratoires toujours plus restrictives en ont découragé beaucoup.

Entre un Nord de plus en plus inaccessible et un retour au pays improbable, la route s'est arrêtée pour certains migrants dans la ville d'Agadez. CC BY-NC-ND / CICR / Birom Seck

"Je suis arrivé à Agadez, au Niger, il y a un an avec 1 000 FCFA en poche. Ce ghetto, c'est ma maison. Hors de question de rentrer chez moi. Je préfère encore affronter le désert."

Ousmane, migrant originaire du Togo.

Certains perdent le contact avec leur famille. Des milliers meurent ou disparaissent en route chaque année. Sans compter tous ceux qui sont maintenus en détention prolongée pour être entrés ou avoir séjourné dans un pays étranger de façon irrégulière, en dépit du fait que la détention devrait toujours être une mesure de dernier ressort et limitée dans le temps.

Non seulement cette perte de contact peut accroître le risque de disparition, mais l'incertitude peut avoir de graves répercussions psychologiques sur les familles restées au pays.

En savoir plus sur le thème des migrants portés disparus.

Arrivés à destination, les migrants peinent souvent à accéder aux soins de santé, au logement, à l'éducation ou à l'emploi. Ils peuvent devenir des cibles faciles et risquent d'être victimes d'abus, d'extorsion et d'exploitation, faute d'un réseau familial protecteur, d'informations suffisantes ou de documents en règle. S'ils ont un accident ou qu'ils tombent malades, obtenir des soins convenables relève du défi.