Tunisie : des réfugiés libyens accueillis par des familles tunisiennes

02-08-2011 Éclairage

Fuyant le conflit armé qui perdure depuis des mois, des milliers de Libyens ont passé la frontière tunisienne, ouverte dès le début des violences. Ils ont été accueillis à bras ouverts par les Tunisiens, mais les ressources privées commencent à s’épuiser. Heureusement, les familles sont aidées par, le Croissant-Rouge tunisien, la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et le CICR. Exemple d’un modèle de solidarité à Tataouine.

Nawfel Madani est professeur de langue arabe et journaliste à la radio de Tataouine. Il fait vivre une famille de cinq personnes. Depuis la fin du mois de mars, il accueille plusieurs familles de réfugiés libyens. « Nos hôtes viennent de Yefren, Nalut, Wazin et Zintan. Parfois, nous sommes plus de 25 personnes à la maison. Au début, nous leur donnions à manger mais maintenant, nous n’avons plus besoin de nous occuper de leur nourriture ni des biens de première nécessité. »

En effet, le Croissant-Rouge tunisien, la Fédération internationale et le CICR viennent d'organiser, via la nouvelle branche régionale du Croissant-Rouge tunisien à Tataouine, une première distribution de vivres et de produits ménagers et d'hygiène.

« Grâce à cet équipement, les Libyens peuvent être autonomes et préparer leurs repas eux-mêmes. » Aujourd’hui, Nawfel et les siens hébergent six familles dans deux petites chambres à coucher sur la terrasse supérieure. L’espace est plus que confiné et les réfugiés en souffrent, sans jamais se plaindre pour autant. « Comment pouvons-nous nous lamenter alors que nous bénéficions de tant de soutien des Tunisiens ? Nous avons beaucoup de chance d’être accueillis ainsi », confie Ali, un commerçant de Nalut.

Nasser, réfugié de Nalut lui aussi, s’est installé chez Nawfel avec sa femme et ses deux fils il y a deux mois. « Ici, je me sens comme chez moi et je ne manque de rien. Au contraire, j’y ai découvert un bel esprit d’ouverture. » Comme beaucoup d’autres, ce chauffeur de camion s’est enfui précipitamment de son village lorsque celui-ci a été attaqué. « Il était minuit quand c’est arrivé. Le lendemain, notre village était désert, à l'image d'une ville fantôme », confie-t-il avec tristesse.

Les relations entre la branche du Croissant-Rouge tunisien à Tataouine et les réfugiés libyens sont excellentes. « Nous leur offrons des consultations médicales gratuites et nous distribuons des articles de première nécessité ou du lait et des couches pour bébés. Et nous sommes reconnaissants aux autres membres du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge de nous avoir apporté tout leur soutien en répondant aux besoins les plus urgents et en nous aidant à nous professionnaliser dans nos opérations de distribution », commente Taha Elhajji, secrétaire général de la branche du Croissant-Rouge à Tataouine, venu visiter les familles.

Tandis que les hommes boivent le thé sur la terrasse, les femmes libyennes préfèrent ne pas se montrer et veillent sur leurs enfants dans les petites chambres à l’étage. « Nous vivons bien, mais nous nous sentons vraiment très à l’étroit ici et nous souffrons beaucoup de la chaleur », commente Nadia, en berçant son nourrisson né à Tataouine. Quant aux enfants, les tourments qu’ils vivent ne les empêchent pas de rêver de leur avenir. Le jeune Ali, 13 ans, veut devenir chirurgien, et Zacharie, dix ans, rêve de devenir pilote.

De retour sur la terrasse, les hommes dégustent des morceaux de pastèque apportés par l’épouse de Nawfel. Mais qu'est-ce qui motive ce couple à en faire autant ? « Nous faisons cela par solidarité. Ma femme et moi ne pouvions rester les bras croisés devant tout ce que montre la télévision. »

Photos

Tataouine, Tunisie. Le CICR et le Croissant-Rouge tunisien rendent visite à une famille tunisienne qui accueille une famille libyenne et avec qui elle partage le gîte et le couvert. 

Tataouine, Tunisie. Le CICR et le Croissant-Rouge tunisien rendent visite à une famille tunisienne qui accueille une famille libyenne et avec qui elle partage le gîte et le couvert.
© CICR / J. Higgins / v-p-tn-e-00231