Rwanda/République démocratique du Congo : dessine-moi une famille !

08-04-2010 Éclairage

Orphelins de père, Azaria et Léonie ont perdu la trace de leur mère à cause de la violence, récurrente dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC). Grâce aux efforts du CICR et des Croix-Rouge nationales, ils viennent d'être accueillis par une cousine de la famille au Rwanda, dont ils sont originaires. Pedram Yazdi les a accompagnés sur le chemin du retour.

 
©CICR/P. Yazdi      
   
Léonie et Azaria en compagnie d’enfants qui seront eux aussi réunifiés avec leur famille au Rwanda. Au départ de Goma (est de la RDC), direction la frontière rwandaise. 
           
©CICR/P. Yazdi      
   
L'arrivée chez la cousine de leur mère. C'est la première fois que les deux enfants et Philomène se rencontrent.  
           
    ©CICR/P. Yazdi      
   
Chez Philomène, avec le représentant de la Croix-Rouge rwandaise (à gauche). Bientôt, les membres de la famille habitant alentour vont venir souhaiter la bienvenue aux deux enfants. 
           
    ©CICR/P. Yazdi      
   
À Kabaya, où Azaria et Léonie vont désormais vivre et aller à l'école. 
           

« Lorsque notre village a été attaqué, nous nous sommes réfugiés dans la forêt. Depuis, nous n'avons plus revu notre maman », raconte Azaria, assis avec sa sœur jumelle Léonie à l'arrière d'une voiture du CICR, au poste frontière entre la RDC et le Rwanda. De l'autre coté, un pays qu'ils ne connaissent pas. Pourtant, Azaria et Léonie sont d'origine rwandaise. Grâce à quelques souvenirs logés dans leur mémoire d'enfant et aux témoignages de leur entourage, le CICR et la Croix-Rouge rwandaise ont réussi à localiser une cousine de leur mère, à Kabaya au Rwanda.

« Avec l'aide des Sociétés nationales de la Croix-Rouge concernées et de leurs volontaires, nous réunissons chaque année des centaines d'enfants avec leurs parents ou d'autres membres de leurs familles en RDC et dans les pays voisins », explique Svetlana Yudina, en charge du programme du CICR pour le rétablissement des liens familiaux en RDC. « La guerre et la violence armée forcent les populations au déplacement. Parfois, dans la précipitation, parents et enfants se trouvent séparés. Démunis de moyens de communication, il leur est difficile de se retrouver. » 

Pour Léonie et Azaria, le long processus de réunification familiale touche à sa fin. Au poste frontière, les douaniers discutent avec les représentants de la Croix-Rouge et signent les documents de passage. La voiture pénètre alors en territoire rwandais. Les yeux emplis d'une certaine anxiété, les jumeaux découvrent les routes d'un pays qui fut jadis celui de leurs parents. En 1994, ceux-ci ont été forcés de fuir le Rwanda pour la RDC, quittant alors un conflit pour un autre. C'était avant la naissance de Léon ie et Azaria. Ils n'ont aucun souvenir de leur père, décédé peu après. Et leur mère ne leur a jamais parlé de sa vie au Rwanda.

  L'heure des embrassades  

Après une heure de route, le véhicule quitte la route principale et entre dans la petite ville de Kabaya. C'est jour de marché. Difficile de se frayer un chemin dans les rues étroites en terre battue. Au milieu de la cohue, le représentant du CICR trouve enfin une place pour garer la voiture. Un membre de la Croix-Rouge rwandaise les attend, un large sourire sur le visage. Il ouvre la portière, se présente et invite Azaria et Léonie à descendre. Un autre se saisit de leurs bagages, puis le groupe quitte le centre de Kabaya en empruntant un petit chemin.

Azaria et Léonie arrivent enfin chez Philomène, la cousine de leur mère. L'heure est aux embrassades. C'est la toute première fois qu'ils se rencontrent. Quelques mois plus tôt, la Croix-Rouge avait approché Philomène pour savoir si elle voulait bien accueillir les enfants. Aujourd'hui, elle leur ouvre la porte de sa maison, ses bras et son cœur. « C'est le sang de ma cousine, celui de ma famille qui coule dans les veines de ces enfants », dit-elle. Philomène a déjà deux enfants. L'intégration des jumeaux n'en sera que plus facile.

Puis, elle téléphone à des cousines, des tantes et aux autres membres de sa famille habitant alentour, afin que tous viennent souhaiter la bienvenue aux deux enfants. Ce soir, ce sera la fête. Léonie et Azaria commencent à se détendre. Philomène ne se lasse pas de les regarder.

  Voir aussi le film : Les enfants perdus de Goma