Guinée : pendant la transition politique, le CICR poursuit son aide aux plus vulnérables

12-10-2010 Point sur les activités

Après les violences de septembre 2009, la situation sécuritaire en Guinée s'est stabilisée en 2010 et un processus électoral est en cours. Le CICR continue de visiter et d'assister les personnes privées de liberté, d'œuvrer à l'amélioration des services de santé à travers le pays, et de permettre un meilleur accès à l'eau des populations. Résumé des activités menées depuis le début de l'année.

     
    ©CICR/v-p-gn-e-00082      
   
Exercice de simulation lors d'une formation à l'école des sous-officiers de Manéah (30 km de Conakry).      
           

       
    ©CICR/v-p-gn-e-00081      
   
Séance de sensibilisation au droit humanitaire international pour les forces armées à Forécariah (intérieur de la Guinée). 
           

Le gouvernement de transition mis en place à la suite des accords de Ouagadougou (31 janvier 2010) doit conduire la Guinée vers des élections présidentielles, dont le deuxième tour devrait finalement se tenir le 24 octobre 2010, et la formation du premier gouvernement civil de son histoire.

En coopération avec la Croix-Rouge guinéenne, le CICR a participé à la formation de 520 instructeurs de la force spéciale de sécurisation du processus électoral (FOSSEPEL) constituée pour l'occasion et composée de 16 000 policiers et gendarmes. La formation a porté notamment sur les bonnes pratiques de gestion des foules et de maintien de l'ordre, et sur l'usage de la force applicable à la fonction policière selon les standards internationaux.

Selon Perrine Louart, chef sortante de la délégation du CICR en Guinée, « il était important, en ce moment historique pour le pays, de sensibiliser cette nouvelle force spéciale à son devoir de neutralité et de respect des droits de l'homme et des droits civiques ».

Le CICR a également soutenu la Croix-Rouge guinéenne afin que ses équipes de secouristes puissent participer, en cas de besoin durant la période électorale, aux services de premiers secours et à l'évacuation des blessés.

Les autorités, les partis politiques et le grand public ont été sensibilisés à l'éventualité du déploiement d'équipes de premiers secours et à leur mode d'action à travers une campagne dans la presse écrite et à la radio. L'objectif était de rappeler la nécessité de respecter l'emblème de la croix rouge et de faciliter le libre accès du personnel de premiers secours aux victimes.

     

     

 
Les activités du CICR en 2010 
 

     

  Protection et assistance aux personnes privées de liberté  

     

Le CICR a poursuivi ses visites aux personnes privées de liberté dans des lieux de détention relevant des ministères de la Justice, de la Sécurité et de la Défense, ainsi que son programme de soutien à l'administration pénitentiaire pour une meilleure gestion des prisons.

Entre janvier et septembre 2010, le CICR a ainsi :

  • mené sept visites dans des lieux transitoires de détention de la Gendarmerie nationale (ministère de la Défense) et enregistré neuf détenus afin de suivre leur situation individuelle ;

  • effectué 195 visites dans 30 lieux de détention sous l'autorité du ministère de la Justice ; à cette occasion, 36 messages Croix-Rouge ont été collectés et 18 appels téléphoniques effectués dans le cadre du rétablissement des liens familiaux pour des personnes privées de liberté ;

  • mis en œuvre un programme d'appui nutritionnel d'urgence en faveur de 650 détenus dans le besoin, dont des femmes enceintes ou allaitantes et des mineurs ;

  • œuvré à l'amélioration des soins de santé en milieu carcéral via le suivi du travail des agents de santé carcérale, l'identification des pathologies les plus communes, la fourniture de médicaments essentiels et la sensibilisation des auto rités concernées ;

  • travaillé avec le ministère de la Santé sur un cahier des charges pour les agents de santé dans les lieux de détention, désormais approuvé par une directive ministérielle ;

  • traité 370 détenus contre la gale et distribué du matériel d'hygiène individuelle et collective dans les prisons ;

  • amélioré l'accès à l'eau et à l'air libre des détenus grâce à ses interventions auprès des autorités pénitentiaires.

  Rétablissement des liens familiaux  

     

Entre janvier et septembre 2010, le CICR et la Croix-Rouge guinéenne ont reçu, depuis l'étranger, 44 messages Croix-Rouge à l'attention de Guinéens, ainsi que 74 demandes de recherche (dont 71 en provenance de l'étranger) : 18 d'entre elles ont conduit au rétablissement des liens familiaux, 15 ont été closes sans succès et 41 sont en cours de traitement.

Les besoins potentiels de rétablissement des liens familiaux chez d'autres groupes de personnes vulnérables (tels les immigrants, émigrés, déplacés internes, réfugiés et enfants des rues) sont en cours d'évaluation.

  Eau et assainissement  

  • Le CICR a poursuivi ses travaux pour l'amélioration de l'accès à l'eau potable pour quelque 80 000 bénéficiaires à Forécariah, Kankan, Koundara et Mali-Ville. Des travaux similaires ont démarré à Kouroussa, Gaoual, Mamou et Mandiana. Ces villes sont soit frontalières avec les pays limitrophes (Sénégal, Guinée-Bissau, Mali), ou ce sont des villes carrefours susceptibles de recevoir des populations vulnérables en cas de troubl es internes.

  • Dans les zones rurales frontalières avec le Mali et la Guinée-Bissau, 25 000 personnes à Mandiana et 9 000 à Gaoual bénéficient d'un accès amélioré à l'eau potable grâce à une trentaine de forages.

  • Dans l'éventualité de troubles ou d'autres situations de violence qui rendraient les points d'eau inaccessibles ou inutilisables, le CICR en Guinée est équipé pour fournir de l'eau potable à 3 000 personnes à raison de 10 litres par personne et par jour pendant trois mois.

  Assistance médicale  

     

Le CICR a continué de renforcer les compétences du personnel hospitalier et d'améliorer les infrastructures médicales pour que le pays puisse assurer la prise en charge des blessés, notamment lors des situations d'urgence. Ce programme a été initié en 2007 et se prolongera jusqu'en 2013.

  • Le CICR soutient les principales infrastructures hospitalières à Conakry, Mamou et N'Zérékoré, et prévoit d'étendre progressivement ce soutien à toutes les régions de la Guinée.

  • Dans la capitale a eu lieu le premier enseignement universitaire de chirurgie de guerre à l'intention de 36 étudiants en cours de spécialisation.

  • À l'hôpital militaire de Conakry, 70 médecins (militaires et civils) ont suivi une séance de formation sur la chirurgie de guerre.

  • Un exercice de préparation à la prise en charge d'un afflux massif de blessés a eu lieu à l'hôpital régional de N'Zérékoré, mobilisant le personnel de l'hôpital ainsi que 25 volontaires de la Croix-Rouge guinéenne et 60 élèves de l'école de soins de la ville.

  Promotion du droit international humanitaire (DIH)  

     

Le CICR s'efforce de promouvoir le DIH au sein des forces armées et de sécurité et des milieux académiques. Depuis janvier 2010 :

  • Près de 1 250 officiers, sous-officiers et hommes du rang ont pris part à des séances de diffusion du DIH.

  • Trois formations de deux jours ont rassemblé 250 militaires de l'école de sous-officiers de Manéah.

  • 390 gendarmes et policiers ont suivi des séances de sensibilisation avec le soutien du Bureau du DIH/Droits de l'homme du ministère de la Sécurité. Le CICR a également organisé une table ronde avec 24 hauts responsables de l'état-major des forces armées guinéennes sur l'intégration du DIH dans l'enseignement tactique des militaires.

  • Un millier d'étudiants ont participé à des conférences débats organisés avec la Croix-Rouge Guinéenne dans plusieurs universités à Conakry et ailleurs dans les régions, et un concours de plaidoirie sur le DIH a opposé six universités de la capitale.

  • L'exposition de photographies « La Croix-Rouge :150 ans d'histoire » a été présentée au Centre culturel franco-guinéen, et le CICR a animé deux conférences sur les rapports entre DIH et Islam, dont l'une au centre islamique de la grande mosquée de Conakry en présence du Grand Mufti du pays.

  Coopération avec la Croix-Rouge guinéenne (CRG)  

     

Avec le soutien du CICR, la CRG a notamment :

  • assisté une centaine de personnes lors de rassemblements de masse (défilés et manifestations de partis politiques, événements culturels, etc.) en mobilisant plus de 900 secouristes ;

  • continué à faire con naître ses activités et les principes humanitaires auprès de différents publics. La CRG a aussi contribué aux séances de diffusion du CICR pour les militaires et les forces de police ;

  • terminé la construction des sièges de ses comités dans les préfectures de Kankan et de Fria, et entamé ceux de Kindia, Siguiri et Boké ;

  • formé certains de ses cadres et volontaires à la gestion de projets dans le but d'étendre ses services au bénéfice de la population.