Afghanistan : la gestion des eaux usées contribue à améliorer les conditions de vie de nombreuses personnes

22 février 2018
Afghanistan : la gestion des eaux usées contribue à améliorer les conditions de vie de nombreuses personnes
CC BY-NC-ND / ICRC

La cohabitation de près de 3 000 personnes dans un espace confiné soulève des enjeux de taille en termes d’hygiène et de conditions sanitaires. À Hérat, les eaux usées de la prison provinciale stagnaient dans de larges flaques autour de l’établissement. Sans compter l’odeur nauséabonde qui s’en dégageait, ces eaux dormantes présentaient un risque majeur pour la santé des détenus, du personnel pénitentiaire et des communautés avoisinantes.

En décembre 2017, après quasiment une année de travaux, le CICR a terminé la mise en place d’un système décentralisé de traitement des eaux usées assurant la collecte, le traitement et l’évacuation en bonne et due forme des eaux résiduaires de la prison provinciale de Hérat.

Ces eaux sont désormais traitées dans cinq fosses septiques et trois réacteurs anaérobies à chicanes. Une fois épurées, elles sont acheminées sur deux kilomètres à travers la ville jusqu’à un canal dans lequel elles sont déversées sans danger. Le système peut prendre en charge les eaux usées d’au moins 4 110 détenus et membres du personnel pénitentiaire.

Un réacteur anaérobie à chicanes est une fosse septique équipée d’une série de cloisons ou divisions internes. Le traitement des eaux usées est optimisé du fait que celles-ci sont plus longtemps en contact avec la biomasse active. C’est la première fois que le CICR met en place un système utilisant des réacteurs anaérobies à chicanes en Afghanistan.

Depuis que le système et les pompes ont été mis en service début décembre par le général Abdul Alim Kohistani, responsable des prisons en Afghanistan, les étendues d’eaux stagnantes ont disparu, de même que la très mauvaise odeur qui flottait aux alentours de la prison.

Pour le général Hamidullah Sadiqe, directeur de la prison provinciale de Hérat, ce projet est primordial, car il aura des conséquences directes sur la vie des détenus, du personnel pénitentiaire et des habitants de la région.


CC BY-NC-ND / ICRC

Ahmad Zubair Abdurahman, un détenu, se rappelle de l’odeur infecte qui s’infiltrait par toutes les fenêtres de son bloc, situé juste en face des étendues d’eaux usées. Les détenus recouvraient les fenêtres de plastique pour empêcher l’odeur et les mouches de pénétrer dans leurs cellules. Mais ces installations de fortune bloquaient également l’air extérieur, ce qui était à son tour nocif en raison d’une mauvaise aération des locaux. Aujourd’hui, les détenus respirent un air propre.

La mise en place du nouveau système de traitement des eaux usées est également un énorme soulagement pour les habitants de la région. Shah Zalmi, le chef de la communauté avoisinante, se souvient que les enfants étaient régulièrement malades et que l’odeur était insupportable. Il confie que sa communauté est très reconnaissante de cette initiative.

Wakil Ahmad Barak, ingénieur et spécialiste de l’environnement au bureau du gouverneur de Hérat, a constaté l’impact positif du projet en termes de réduction de la pollution de l’air et de la nappe phréatique, sachant que l’accumulation des eaux usées peut être très nocive pour l’environnement.

Toutefois, même si le système est désormais rodé, des travaux restent à faire. Le CICR a formé un comité composé de détenus et de membres du personnel pénitentiaire pour assurer le fonctionnement et la maintenance du dispositif. Les trois premiers mois de sa mise en service, le système sera contrôlé par des ingénieurs du CICR.

Le CICR prévoit en outre d’étendre le périmètre de fonctionnement du système à la zone réservée aux femmes détenues. La fin des travaux est fixée à mars 2018. L’ensemble des détenus de la prison provinciale de Hérat bénéficieront dès lors de meilleures conditions de vie.