Le Service international de recherches et le CICR

01 juin 2011
Le Service international de recherches et le CICR
Bad Arolsen. Service international de recherches. Effets personnels des prisonniers arrivant aux camps de concentration, gardés par le Service International de recherches. ©ITS

le Service international de recherches (SIR), établi à Bad Arolsen (Allemagne) s'emploie à établir le sort des victimes des persécutions nazies et de leurs familles grâce à ses archives, qui sont accessibles à la recherche. De 1955 à 2012, le SIR est placé sous la direction et l'administration du CICR.

Le Service international de recherches (SIR) à Bad Arolsen, en Allemagne, œuvre en faveur des victimes des persécutions nazies et de leurs familles en tentant d'établir leur sort à l'aide des archives qui lui ont été confiées. Avec un effectif de quelque 300 collaborateurs, le SIR conserve ces données historiques et les rend accessibles à la recherche. Mises bout à bout, ces archives représentent 26 000 mètres linéaires de documents contenant des informations sur le sort de près de 17,5 millions de personnes.

Les archives ne contiennent pas de documents sur les civils allemands ayant fui ou ayant été chassés des territoires occupés à l'époque par les forces allemandes.

Le SIR fournit des informations sur :

  • les ressortissants allemands et non allemands détenus dans des camps de concentration ou de travail du régime national-socialiste et autres lieux de détention entre 1933 et 1945 ;
  • les victimes de l'holocauste ;
  • les non-Allemands affectés aux travaux forcés sur le territoire du Troisième Reich durant la Seconde Guerre mondiale ;
  • les personnes déplacées qui, après la Seconde Guerre mondiale, ont été prises en charge par des organisations internationales de secours (UNRRA, OIR) ;
  • les enfants (c'est-à-dire toute personne qui, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, n'avait pas 18 ans) des membres des groupes précités qui ont été déportés ou séparés de leur famille du fait de la guerre.

 

En 1955, le CICR se voit confier la direction et l'administration du SIR par la Commission internationale du SIR, son organe directeur. Cette décision est motivée par le caractère neutre et indépendant du CICR ainsi que par son expérience dans la recherche de personnes. Depuis lors, le CICR assure la gestion de cette institution en nommant un de ses représentants au poste de directeur. Avant 1955, le SIR – créé avant la fin de la Seconde Guerre mondial e sur une initiative britannique – a été successivement administré par les forces expéditionnaires alliées, par l'UNRRA (Administration des Nations Unies pour les secours et la reconstruction), par l'OIR (Organisation internationale pour les réfugiés) et par la Haute commission alliée pour l'Allemagne.

Depuis des décennies, le SIR a le mandat strictement humanitaire de rechercher les victimes civiles des persécutions nazies et de faire la lumière sur leur sort. Il établit également des attestations pour le versement de pensions et d'indemnisations et soutient le travail des autorités judiciaires. En 2007, les onze États membres de la Commission internationale ont reconnu la nécessité d'ouvrir ces documents importants à la recherche historique et ont décidé de les rendre accessibles au public.
        
Dans les années à venir, il ne sera plus possible de recueillir les témoignages directs des survivants des persécutions nazies. Les précieux documents conservés à Bad Arolsen joueront donc un rôle crucial en tant que témoins de ce sombre chapitre de l'histoire de l'humanité. Parallèlement, le SIR poursuivra son activité traditionnelle qui consiste à fournir des informations aux survivants et à leurs familles, aussi longtemps qu'il continuera de recevoir des demandes.

Se fondant sur les travaux de son groupe d’étude stratégique, qui était chargé de se pencher sur le mandat et la structure organisationnelle du futur SIR, la Commission internationale a adopté le contenu du premier des deux nouveaux accords relatifs au SIR, qui remplaceront les Accords de Bonn de 1955 et leur Protocole d’amendement de 2006. Ce processus s’est avéré nécessaire après que le CICR a annoncé en 2008 qu’il souhaitait se retirer de la gestion et de l’administration du SIR. Le nouvel accord établit formellement les nouvelles tâches assumées par le Service, notamment la recherche historique, la préservation de la mémoire historique, la commémoration et l'éducation, élargissant ainsi son mandat premier, à savoir la recherche de personnes.

Le retrait du CICR étant prévu pour fin 2012, la Commission internationale a choisi les Archives fédérales allemandes comme nouveau partenaire institutionnel ; elles joueront donc un rôle majeur dans la gestion du nouveau SIR au mandat élargi. Au cours de l’année à venir, le groupe d’étude stratégique poursuivra ses travaux et élaborera le second accord, qui définira les modalités précises de la coopération entre le SIR et les Archives fédérales allemandes.

Dates clés dans l'histoire récente du SIR :     

  • Mai 2006 : la Commission internationale décide d'ouvrir les archives au public à des fins de recherche et d'amender les Accords de Bonn de 1955, qui constituent le fondement juridique du SIR.
  • Août 2007 : transmission des premières copies numériques de documents portant sur l'incarcération aux dépositaires des archives des États membres de la Commission internationale. Lancement du site Internet du SIR.
  • Novembre 2007 : ratification des amendements aux Accords de Bonn de 1955. Ouverture des archives à la recherche. Réouverture des archives du SIR.
  • Mars 2008 : réunion technique de la Commission internationale à Bad Arolsen ; transmission des copies numériques des fiches sur les personnes déplacées aux dépositaires des archives des États membres.
  • 30 avril 2008 : cérémonie marquant l'ouverture des archives du SIR à Bad Arolsen.
  • Mai 2008 : lors de sa réunion annuelle à Varsovie, la Commission internationale ouvre le débat sur l'avenir de l'institution.
  • Juin 2008 : atelier conjoint avec le musée du Mémorial de l'holocauste aux États-Unis, réunissant 15 historiens du monde entier.
  • Août 2008 : transmission de copies numériques de documents sur le travail forcé aux dépositaires des archives.
  • Novembre 2008 : 1 300 visiteurs de 24 pays ont visité le SIR depuis son ouverture au public, dont 330 chercheurs, 100 journalistes et 290 victimes des persécutions nazies et membres de leurs familles.
  • Au total, le SIR a reçu 11 300 demandes de renseignements de 77 pays, dont près d'un quart (2 920 demandes) émanant de spécialistes et de journalistes.
  • Décembre 2008 : un nouvel archiviste lance un projet visant à améliorer l'indexation des documents du SIR.
  • Mai 2009 : la Commission internationale poursuit les discussions sur le mandat et la structure organisationnelle du futur SIR.
  • Mai 2010 : la Commission internationale adopte le premier des deux nouveaux accords destinés à remplacer les Accords de Bonn de 1955 et leur Protocole d’amendement de 2006. Cet accord définit le nouveau mandat et la nouvelle structure organisationnelle du SIR. La Commission internationale poursuivra ses discussions visant à élaborer un second accord établissant les modalités précises de la coopération entre le SIR et les Archives fédérales allemandes, qui deviendront le nouveau partenaire institutionnel du Service après le retrait du CICR, prévu fin 2012.
  • Mai 2011 : au cours de la réunion annuelle de la Commission internationale du Service international de recherches (SIR) à Bruxelles, le CICR a officiellement annoncé qu’il se retirerait de la gestion du SIR au 31 décembre 2012. À la même réunion, la Commission internationale du SIR a poursuivi les discussions sur le deuxième accord régissant le partenariat entre le SIR et les archives fédérales allemandes pour qu’une nouvelle structure de gestion soit en place au moment où le CICR se retirera du SIR.
  • Janvier 2013 : les Archives fédérales allemandes (Bundesarchiv) sont devenues le nouveau partenaire institutionnel du SIR. Quant à la Commission internationale, elle a nommé un nouveau directeur en la personne du professeur d’histoire Rebecca Boehling, qui se chargera de poursuivre et de développer le travail accompli les cinq dernières décennies.