Point de situation en Syrie : l’action du CICR dans le sud du pays

Depuis le 13 juillet, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), en collaboration avec le Croissant-Rouge arabe syrien, est pleinement mobilisé pour répondre aux besoins humanitaires les plus urgents des personnes touchées par une nouvelle flambée de violence dans le sud de la Syrie.
À la suite d’une brusque intensification des combats dans le gouvernorat de Soueïda, plus de 1500 personnes ont tragiquement perdu la vie, des centaines d’habitations ont été détruites ou abandonnées, et les moyens de subsistance de plus de 800 000 personnes ont été gravement perturbés. La plupart des communautés affectées luttent quotidiennement pour accéder aux services essentiels tels que la nourriture, l’eau, le logement, les soins médicaux, l’électricité et le carburant.
À Soueïda, ce contexte a paralysé l’activité commerciale et restreint la liberté de mouvement pendant plusieurs semaines. Le système bancaire étant encore fortement perturbé, la population est largement tributaire des convois humanitaires, coordonnés pour l’essentiel par le Croissant-Rouge arabe syrien avec l’appui du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, des organismes des Nations Unies et d’autres acteurs humanitaires.
Au 10 août, on estimait à 192 000 le nombre de personnes déplacées dans les gouvernorats de Soueïda, Deraa et Damas-Campagne. Celui de Soueïda a été le plus durement touché, avec près de 131 000 personnes déplacées sur son territoire. En outre, 58 000 personnes ont quitté ce gouvernorat pour se rendre à Deraa, tandis que des groupes plus restreints ont trouvé refuge à Damas et Damas-Campagne. La plupart des familles déplacées sont hébergées dans des communautés d’accueil, des abris de fortune ou des écoles, ce qui pèse lourdement sur les ressources locales déjà mises à rude épreuve.
Depuis le 28 juillet, les équipes du CICR sont sur le terrain et, en partenariat avec le Croissant-Rouge arabe syrien, sont à l’écoute des institutions locales et des familles afin de leur apporter une assistance vitale et de les aider à retrouver un sentiment de dignité dans un contexte de profonde instabilité.
Action d'urgence
Soutenir les services de santé vitaux et autres soins médicaux
Depuis le début de la crise, les hôpitaux de Soueïda, Chahba et Deraa sont soumis à une pression extrême en raison de l’afflux massif de blessés et des perturbations touchant les services essentiels tels que les fournitures médicales, la nourriture, l’électricité et l’eau. Face à des besoins médicaux immenses, les ressources ont été rapidement épuisées, mettant à rude épreuve les services de santé et leurs équipes. Des rapports font également état de nombreuses attaques ayant visé des soignants et des établissements de santé, lesquelles ont encore aggravé la fragilité du système de soins.
Afin de répondre aux besoins les plus urgents, le CICR a distribué des articles médicaux vitaux tels que des kits pour soigner les blessures par armes, chacun permettant de prendre en charge 25 blessés graves. Sept kits ont été remis à l’hôpital national de Soueïda, à l’hôpital de Chahba, ainsi qu’à l’hôpital national de Deraa. En outre, trois kits de soins de santé primaire, conçus pour répondre aux besoins de 10 000 personnes pendant deux mois, ont été fournis aux équipes médicales mobiles du Croissant-Rouge arabe syrien à Soueïda, à la Direction de la santé de Soueïda et à l’unité sanitaire mobile du Croissant-Rouge arabe syrien à Deraa.
Par ailleurs, huit kits de premiers secours et de soins préhospitaliers ont été remis aux services médicaux d’urgence du Croissant-Rouge arabe syrien, quatre à Soueïda et quatre à Deraa, en vue de renforcer leurs capacités d’intervention en situation d’urgence.
Le CICR a aussi concentré ses efforts sur la prise en charge des maladies non transmissibles. Il a ainsi mis à disposition du matériel diagnostique, des consommables, des médicaments et 8700 flacons d’insuline, ainsi que cinq caisses réfrigérées pour garantir leur conservation et leur transport dans des conditions appropriées. Le ministère de la Santé a distribué ces articles et équipements par l’intermédiaire de la Direction de la santé.
Répondre aux besoins quotidiens essentiels
La population de Soueïda ainsi que les familles déplacées à Deraa ont été confrontées à des pénuries alimentaires à la suite de l’escalade de la violence. Si l’aide humanitaire est désormais acheminée, la situation demeure préoccupante et des solutions pérennes doivent être trouvées.
Pour répondre à une partie des besoins immédiats, 500 colis alimentaires ont été livrés aux hôpitaux nationaux de Soueïda et de Chahba, à destination du personnel soignant, des patients et de leurs proches, afin de garantir que l’équipe médicale puisse continuer à fonctionner efficacement et que les personnes prises en charge aient accès à une alimentation suffisante pendant leur convalescence.
À Chahba, ville rurale du gouvernorat de Soueïda, 1050 colis contenant des aliments en conserve ont été distribués à des familles déplacées.
En outre, le CICR, en collaboration avec le Croissant-Rouge arabe syrien, a acheminé des secours essentiels dans plusieurs sites accueillant des familles déplacées de Soueïda à Deraa et Sayyida Zeinab. À Sayyida Zeinab, 700 colis de nourriture en conserve ainsi que 800 kilos de dattes ont été distribués. Enfin, le CICR a fourni 400 colis de nourriture en conserve et 1600 matelas à trois sites dans la ville d’Al-Sahwa, où des familles déplacées vivent dans des écoles converties en abris.

Garantir l’accès à l’eau potable et à l’hygiène
À Soueïda, l’accès à l’eau est devenu extrêmement limité. Les pénuries de carburant et les longues coupures d’électricité ont gravement perturbé les systèmes d’approvisionnement en eau, contraignant les familles à se tourner vers des sources privées à la fois coûteuses et peu fiables. Quelque 25 000 grandes bouteilles d’eau ont été distribuées à l’hôpital national de Soueïda et à l’hôpital de Chahba, afin que les soignants et les patients disposent constamment d’une eau potable de qualité.
À Sayyida Zeinab, dans le gouvernorat de Damas-Campagne, 20 réservoirs d’eau de 2 m³ chacun ont été installés sur 20 sites pour répondre aux besoins de 700 familles. Cette intervention a permis d’accroître les capacités de stockage et d’améliorer l’accès à une eau propre et sûre.
À Al-Sahwa, petite ville rurale dans le gouvernorat de Deraa, des familles hébergées dans cinq abris ont bénéficié d’un soutien global, avec notamment la fourniture de 400 kits d’hygiène et de produits de nettoyage, l’installation de conteneurs à déchets et de projecteurs, ainsi que l’entretien des systèmes d’assainissement. Des équipes sont également mobilisées chaque jour pour assurer la propreté et la sécurité des lieux de vie.
Afin d’aider les familles à maintenir de bonnes pratiques d’hygiène, 4200 kits d’hygiène ont été remis – 2000 à Chahba et 2200 à Salkhad, deux villes situées dans le gouvernorat de Soueïda. Chacun de ces kits permet de subvenir aux besoins d’un ménage de cinq personnes durant un mois.
Protection et prévention
Depuis la recrudescence des violences il y a un mois, le CICR n’a cessé d’appeler tous les acteurs sur le terrain à protéger les populations, à préserver la dignité humaine et à veiller à ce que les travailleurs humanitaires puissent accéder aux populations affectées en toute sécurité, de manière régulière et sans entraves. Le CICR insiste sur le fait que l’accès aux services essentiels, aux soins médicaux et à l’aide vitale doit être garanti en tout temps. Un retour à la normalité doit être amorcé au plus vite, en particulier en ce qui concerne la sécurité, la libre circulation des personnes et des biens, et la reprise des services bancaires.
Protection des liens familiaux (PLF)
Durant le mois écoulé, l’escalade de la violence a contraint de nombreuses familles à fuir, et certaines d’entre elles ont été séparées ou ont perdu le contact avec leurs proches. Dans le cadre de son programme de protection des liens familiaux (PLF), le CICR s’entretient avec les familles concernées et enregistre les cas de personnes portées disparues. Dans ces circonstances tragiques, il s’emploie à réunir les proches séparés et à raviver l’espoir en recherchant les personnes disparues et en accompagnant les familles dans leurs démarches. Parallèlement à cela, conformément à son mandat, le CICR a engagé un dialogue avec toutes les parties afin d’offrir ses services pour visiter les personnes privées de liberté et, en tant qu’intermédiaire neutre, faciliter leur libération sur la base d’un accord entre les acteurs concernés.
Traitement digne des dépouilles
Face au grand nombre de personnes décédées, le CICR a soutenu les hôpitaux de Soueïda et de Chahba en leur fournissant des sacs mortuaires. De plus, des sacs mortuaires et des équipements de protection individuelle (EPI) ont été remis au Croissant-Rouge arabe syrien ainsi qu’au Centre d’identification médico-légale à Damas. Le Croissant-Rouge arabe syrien a également reçu un appui technique afin que ses volontaires puissent documenter rigoureusement la récupération et la gestion des dépouilles, un processus essentiel pour prévenir de nouvelles disparitions et permettre l’identification des corps et leur restitution aux familles.
Toujours dans le cadre du renforcement des capacités médico-légales, le CICR a fourni à la Direction de la médecine légale 1000 sacs mortuaires, 900 blouses jetables, 20 000 paires de gants chirurgicaux et 1000 masques. En outre, les volontaires du Croissant-Rouge arabe syrien ont bénéficié d’un encadrement technique et ont reçu des sacs mortuaires et des EPI afin d’assurer un traitement digne des dépouilles.