Côte d'Ivoire : 5 choses à savoir sur le CICR dans le contexte électoral
En Côte d'Ivoire, l'élection présidentielle s'est tenue le 31 octobre dernier. Voici un aperçu de notre rôle dans ce contexte électoral.
1. Une élection présidentielle mouvementée
L'élection a été émaillée d'incidents. Les dommages matériels sont importants. Plusieurs morts sont à déplorer dans la journée électorale et les jours suivants, venant s'ajouter à plusieurs dizaines de victimes de violences pré-électorales depuis août 2020.
Le CICR suit de près l'évolution de la situation humanitaire.
2. Soutien du CICR à la Croix-Rouge de Côte d'Ivoire (CRCI)
Pour toute réponse en faveur de victimes de violences, tels que blessés, déplacés ou d'autres personnes vulnérables, le CICR appuie la Croix-Rouge de Côte d'Ivoire (CRCI) qui dispose de 85 comités locaux répartis dans tout le pays avec au moins 20 volontaires actifs dans chaque branche.
Depuis sa délégation régionale à Abidjan, le CICR a apporté un appui technique, financier et logistique à la CRCI pour sa préparation aux élections du 31 octobre 2020. Un soutien a été fourni notamment pour deux ateliers d'actualisation du plan de contingence de la CRCI, deux exercices de simulation dans les zones prioritaires identifiées et la formation de volontaires en matière de sécurité et rétablissement des liens familiaux. Cet appui à la CRCI comprend la remise de trousses de secours et de matériel d'identification, la maintenance de matériel radio et même une donation de deux véhicules. Pendant la période électorale, dans cinq zones sensibles, le CICR met aussi à disposition de la CRCI des véhicules et chauffeurs supplémentaires.
Par ailleurs, le CICR a organisé une formation pour les chargés de communication digitale de la CRCI, réalisé un atelier de presse conjointement avec elle et soutenu des sessions dans cinq localités (Yopougon, Abobo, Bouaké, Daloa et Yamoussoukro) auprès de publics tels que la jeunesse politique, des leaders communautaires et religieux.
En plus du soutien du CICR, la CRCI a reçu un appui d'autres partenaires du Mouvement international de la Croix-Rouge.
3. Ateliers avec des publics clé et projet musical
Le CICR a multiplié ses activités de prévention et de communication à l'approche de l'élection présidentielle. Il a notamment organisé deux ateliers d'échanges avec des représentants de partis politiques à Abidjan.
En septembre et octobre, la délégation du CICR a sensibilisé les Forces Armées de Côte d'Ivoire (FACI) et les forces de sécurité sur les engagements pris par l'Etat ivoirien concernant leurs missions. D'une part, lors d'une tournée de sensibilisation dans les casernes d'Akouédo (Abidjan) et de Bouaké, le CICR et des instructeurs des FACI ont exhorté au respect des règles internationales et nationales les contingents de trois bataillons et deux autres structures militaires. D'autre part, en tant qu'expert invité, le CICR a sensibilisé l'ensemble du corps préfectoral ivoirien et tous les commandants d'unités de maintien de l'ordre aux « bonnes pratiques » internationalement reconnues en matière d'ordre public, lors d'un séminaire à Yamoussoukro.
Le 14 octobre, le CICR a lancé un clip musical intitulé « Comme un Appel », dans lequel chantent quatre artistes ivoiriens de premier ordre (Kajeem, Nash, Ariel Sheney et Guy Kalou). Les messages universels portent sur le respect des différences et la présence de la Croix-Rouge sur le terrain. Largement diffusé sur les réseaux sociaux et sur les radios, le projet musical commence à apparaître sur les écrans de télévision en Côte d'Ivoire.
4. Visites aux personnes détenues
D'une façon générale, l'une des priorités du CICR en Côte d'Ivoire est l'accès et le suivi individuel de personnes détenues, tels que détenus de sécurité arrêtés pour des raisons liées à des violences, dans le contexte électoral et au-delà. Visiter ces personnes permet de vérifier leurs conditions de détention et leur traitement. Toute recommandation est présentée de manière confidentielle aux autorités détentrices. L'objectif des visites est aussi de rétablir puis de maintenir le lien familial entre les détenus et leurs familles. Ces visites peuvent être réalisées potentiellement dans n'importe quel lieu de détention, y compris transitoire, civil ou militaire. En 2020, elles ont été suspendues quelques mois à cause de la pandémie de Covid-19, mais ont repris depuis août, dans le respect des gestes barrière et des modalités de visite du CICR (notamment, les entretiens avec les détenus se déroulent sans témoins).
Le CICR visite des détenus en Côte d'Ivoire depuis 21 ans. En plus du suivi individuel de certains détenus, il soutient les autorités pénitentiaires pour réduire la surpopulation carcérale et améliorer la situation nutritionnelle et l'accès aux soins de santé pour l'ensemble de la population carcérale. Il mène des activités de formation du personnel pénitentiaire et d'assistance dans plusieurs lieux de détention, s'efforçant de renforcer l'autonomie des autorités.
5. Perspectives opérationnelles et accès
Dans les semaines à venir, le CICR répondra aux besoins humanitaires qui pourraient se présenter en Côte d'Ivoire principalement à travers son soutien à la Croix-Rouge de Côte d'Ivoire, notamment les secours apportés aux blessés et autres victimes. Cela dit, les actions pourraient prendre d'autres formes en fonction des besoins.
Les équipes de la Croix-Rouge ne prennent parti ni pour un camp ni pour l'autre. Elles doivent pouvoir accéder aux personnes vulnérables sans entrave et en toute sécurité. Dans une situation où les positions sont très polarisées, leur neutralité et leur impartialité doivent être comprises et respectées par tous.