Côte d’Ivoire : la promotion de l’hygiène favorise la cohésion sociale
Avec l'aide de la Croix-Rouge, certaines communautés en milieu rural ont mis en place de manière participative des mesures d'hygiène. La conséquence inattendue a été le renforcement de la cohésion communautaire.
Koffikro est une bourgade d'environ 1 500 habitants située au centre-ouest de la Côte d'Ivoire où la population vit principalement de la culture du cacao dont le pays est le premier producteur mondial. 80 pour cent des foyers ruraux disposent d'animaux domestiques. Certains ont des dizaines de têtes pour pallier le manque de terres cultivables, alors que les pâturages se font plus rares ou inexistants dans les environs.
Sensibilisation sur les maladies diarrhéiques
Des équipes du département Eau et habitat du CICR, accompagnées de volontaires de la Croix- Rouge de Côte d'Ivoire se sont rendues compte que les pratiques d'hygiène et les conditions sanitaires pouvaient être améliorées à Koffriko. Un projet de promotion de l'hygiène rural (PHR) a donc été réalisé avec les communautés.
Les équipes de la Croix-Rouge ont commencé par une sensibilisation sur la défécation à l'air libre et les mesures sanitaires d'accompagnement. Coulibaly Lona, un des « points focaux » du PHR explique que les volontaires de la Croix-Rouge ont mené la sensibilisation avec humour et empathie. « Ceux qui ne voulaient pas changer leurs habitudes ont eu droit à des histoires sur les dangers de la défécation. Cette pratique favorise la propagation de nombreuses maladies dont des diarrhées particulièrement mortelles chez les jeunes enfants. », souligne Coulibaly Lona. Il révèle fièrement qu'après des mois de suivi intense, la majorité des ménages a spontanément commencé la construction de latrines familiales.
À Koffikro, quand on se promène, on s'aperçoit que chacune des maisons est effectivement dotée d'une construction en briques et en paille. Le PHR a permis de briser un tabou et a proposé des solutions nouvelles aux problèmes d'hygiène rurale.
Autrefois, les animaux domestiques étaient libres et souillaient facilement les récipients d'eau potable et de nourriture, ce qui provoquait des maladies diarrhéiques, explique-t-il.
La cohésion sociale par l'hygiène
« Grâce aux séances de sensibilisation, les éleveurs ont maintenant pris conscience du problème et ont construit des enclos. Aujourd'hui, les animaux parqués dans les enclos ne peuvent plus transmettre de maladies aussi facilement qu'avant lorsqu'ils étaient en stabulation libre », ajoute Koffi Kouma. Les activités du CICR aident les populations à rester en bonne santé, mais contribuent aussi à la paix sociale. Auparavant, le manque de pâturages était la cause d'intrusions de troupeaux dans les champs ce qui provoquait de violents incidents entre éleveurs et agriculteurs. Selon Koffi Kouma, le nombre d'incidents étaient de plus en plus nombreux et on enregistrait une soixantaine de conflits par année avec comme conséquence, des destructions d'habitations et morts d'animaux domestiques. « C'est un problème très sérieux que le CICR vient de régler en réduisant ainsi les sources de conflits », soutient-il.
Tous les matins la dame Coulibaly Korotoumou va chercher de l'herbe fraîche pour ses cinq moutons désormais parqués dans l'enclos qu'elle a construit. « Depuis que j'ai été sensibilisée, je vis désormais en parfaite harmonie avec mes voisins qui ne se plaignent plus de mes moutons », raconte-telle fièrement.
Grâce à cette initiative de la Croix-Rouge, les communautés se parlent à nouveau et les relations de bon voisinage se sont nettement améliorées dans le village de Koffikro. Comme la transmission des maladies hydriques a diminué, les communautés sont motivées à poursuivre leurs efforts pour améliorer l'hygiène de leur environnement en prenant soin d'utiliser les latrines et d'entretenir les enclos.