Don de matériel de protection aux unités pénitentiaires.

COVID-19 : la réponse du CICR en Tunisie

Dès le début de la propagation du COVID-19 en Tunisie, le CICR a adapté ses activités afin de soutenir les autorités tunisiennes pour faire face à l’urgence sanitaire, et ce en coordination avec le ministère de la Santé, le Comité national des prisons et de la Rééducation, ainsi que toutes les instances impliquées dans la réponse nationale à cette crise. Le CICR soutient également les efforts des volontaires du Croissant-Rouge tunisien dans leurs actions de prévention et d’assistance sociale aux personnes vulnérables.
Article 02 mai 2020 Tunisie

Soutien et assistance dans les lieux de privation de liberté

La menace du Covid-19 entraîne de multiples défis dans les lieux de détention. De manière générale, la population carcérale est particulièrement vulnérable aux maladies infectieuses. Dans de nombreux pays, les services de santé disponibles dans les lieux de détention sont moins développés que ceux qui existent à l'extérieur. L'offre de soins est bien plus limitée en milieu carcéral. Si le Covid-19 venait à se propager dans une prison, les détenus pourraient payer un lourd tribut, en particulier si la prison est surpeuplée, l'état de santé général dans ce type d'établissement étant déjà faible en temps normal.

« Les prisons ne sont pas plus à l'abri des épidémies que le reste de la société. N'importe quel virus peut y entrer et en sortir, au gré des déplacements des proches des détenus, du personnel pénitentiaire, des prestataires de services externes, et aussi des détenus eux-mêmes, à leur arrivée dans l'établissement, à leur libération, ou au moment de leur déferrement devant le tribunal. Il faut absolument protéger la santé des détenus, pas seulement pour leur bien, mais aussi pour le bien du reste de la population », insiste Vincent Ballon, chef de l'Unité « détention » du CICR.

Les lieux de détention doivent adapter leurs règles et leurs procédures internes pour réduire les risques de contamination tout en veillant à ne pas perturber inutilement le quotidien des détenus. Les restrictions mises en place à titre préventif peuvent avoir un impact sur les visites familiales et sur différents aspects liés à la gestion des prisons, ce qui rend cette période, déjà difficile, encore plus stressante pour les détenus et leurs familles ainsi que pour le personnel pénitentiaire.

Depuis 15 ans que le CICR visite les lieux de détention en Tunisie et a toujours travaillé avec les autorités pénitentiaires afin d'améliorer les conditions de vie des personnes privées de liberté, en particulier le traitement des détenus, l'accès aux soins de santé et le maintien du lien familial. Aujourd'hui le CICR adapte son action à la nouvelle donne et aux problématiques soulevées par l'épidémie du coronavirus et se tient aux côtés du Comité national des prisons et de la Rééducation pour appuyer les efforts de ce dernier de prévenir et faire face au risque de propagation dans le milieu carcéral.

En effet le CICR poursuit ses visites dans les prisons et entretient un dialogue régulier avec le ministère de la Justice et le ministère de la Santé. Il partage ainsi ses recommandations sur le développement et la mise en place de procédures préventives et de gestion en lien avec le COVID-19 dans les prisons. Le CICR a commencé à fournir du matériel ainsi que des équipements sanitaires à différentes prisons en Tunisie. Cette assistance comprend notamment des équipements de protection individuelle ainsi que du matériel désinfectant. D'autres donations sont prévues dans les jours et semaines à venir, en fonction des besoins et de l'évolution de la situation.

300
Combinaisons de protection
5000
masques chirurgicaux
100
lunettes de protection
30
thermomètres infrarouges
6000
paires de gants
30 000
litres de liquide désinfectant
100
bottes de protection

Le rétablissement et le maintien des liens familiaux pendant la pandémie

Pouvoir communiquer avec sa famille et s'enquérir de la santé de ses proches constituent un besoin essentiel en ces moments d'incertitude. Chacun, peu importe son statut, doit pouvoir rester connecter avec sa famille. En période de confinement sanitaire national et afin de respecter les mesures de prévention, le CICR a dû trouver des solutions pour ne pas priver les migrants hébergés dans les centres d'accueil de Médenine et de Zarzis du contact avec leurs proches.

Ainsi, le CICR a fourni une connexion internet dans les centres d'accueil de Médenine et de Zarzis afin que leurs résidents continuent de communiquer avec leurs familles. Pour les personnes les plus vulnérables, des recharges de téléphone sont distribuées. Avec l'aide des volontaires du Croissant-Rouge tunisien, le CICR a fourni des recharges téléphoniques à 88 ressortissants tunisiens rentrés de Libye pendant la crise et placés en quarantaine dans un hôtel à Zarzis. La nature de cette épidémie a également créé des situations de séparation familiale. Le CICR discute avec le ministère de la Santé de la possibilité d'étendre ses services de rétablissement des liens familiaux aux personnes touchées par les mesures de prévention ou celles hospitalisées (centres de quarantaine et hôpitaux de prise en charge).

La gestion des dépouilles mortelles au temps du coronavirus

L'enterrement des personnes décédées des suites du COVID-19 est un autre défi auquel font face tous les pays touchés par l'épidémie. Les pratiques doivent être adaptées tout en continuant de préserver la dignité des morts. La Tunisie a rapidement pris des dispositions afin de fournir les directives nécessaires aux différents intervenants chargés de manipuler et enterrer les personnes décédées du COVID-19 (Protection civile, autorités locales).

Le CICR avait entamé depuis quelques années une collaboration avec les autorités sanitaires et les services médicolégaux des hôpitaux afin d'offrir son expertise en matière de gestion des dépouilles mortelles en relation avec le traitement des cadavres de migrants repêchés en mer ou échoués sur les plages tunisiennes. Habitué à opérer dans des situations d'urgence liées aux conflits armés ou aux catastrophes, le CICR a été en mesure de contribuer au renforcement des compétences, notamment au travers de formations pour les médecins légistes et autres intervenants de première ligne, ainsi que de l'assistance en équipements et en matériel nécessaires. $

Avec l'enregistrement des premiers décès liés à l'épidémie en Tunisie, le CICR a participé à plusieurs réunions avec le ministère de la Santé, le ministère des Affaires locales et les représentants des service médico-légaux pour évaluer les besoins et discuter des mesures adoptées concernant le COVID-19. Dans ce cadre, le CICR a fourni expertise et conseils dans le développement du guide de gestion des décès en lien avec le COVID-19, adopté et validé par l'Instance nationale de l'évaluation et de l'accréditation en santé (INEAS). Il accompagne également les autorités dans l'organisation de séances de sensibilisation sur la prise en charge de décès en lien avec le COVID-19 pour les intervenants au niveau local. Le CICR a fourni 220 équipements de protection individuelle et 220 sacs mortuaires aux services médicolégaux de Tunis, Sfax, Sousse, Monastir et Gabes.

Le soutien aux volontaires du Croissant-Rouge tunisien

Depuis le début de la crise les volontaires du Croissant-Rouge tunisien aident les autorités tunisiennes à faire face aux nombreux besoins des communautés touchées par l'épidémie. Ils portent assistance aux personnes vulnérables en isolement sanitaire en leur fournissant les biens de première nécessité. En coordination avec les autorités locales, ils contribuent à la désinfection des lieux publics comme les bureaux de poste, postes de police, hôpitaux et autres espaces communs. Ils sont également présents dans les centres mis en place par les autorités pour répondre aux appels des citoyens sur un numéro vert.

Le CICR soutient les activités des volontaires des gouvernorats les plus touchés par l'épidémie de COVID-19, notamment les gouvernorats de Ben Arous, Ariana, Médenine, Sfax, et Kébili, en finançant l'achat de matériel de protection, leurs déplacements et autres frais inhérents à leurs activités. Grâce à cette assistance, les volontaires pourront intensifier les activités au bénéfice de la population la plus vulnérable.

6000
litres de carburant
80
équipements de protection
50
uniformes
1200
recharges téléphoniques
3000
masques chirurgicaux