Amilton Neves/Nuku Studio

Cyclone Idai : notre action au Mozambique

Début mars, une perturbation tropicale a commencé à se développer au large de la côte sud-est de l’Afrique. En deux jours seulement, elle s’est transformée en dépression tropicale qui a causé de fortes pluies et des inondations meurtrières au Mozambique et au Malawi. Après une semaine environ, la tempête s’est encore renforcée et s’est muée en cyclone tropical intense, baptisé Idai, qui s’est abattu non loin de la ville de Beira au Mozambique. Les Nations Unies estiment que le cyclone Idai a touché 1,8 million de personnes rien qu’au Mozambique. On compte aussi des centaines de milliers de sinistrés dans les pays voisins, le Zimbabwe et le Malawi.
Article 27 mars 2019 Mozambique

Nous en apprenons chaque jour un peu plus sur l'ampleur des dégâts causés par Idai, et la situation est pire que nous le pensions. Il faudra du temps pour évaluer la totalité des besoins, des communautés reculées étant toujours encerclées par les eaux. Et ces besoins ne feront que grandir car les survivants ont perdu leur maison, leurs moyens de subsistance et plus tragique encore, des membres de leur famille.

Aide aux familles dispersées

Les opérations de sauvetage et les secours d'urgence comme les abris sont vitaux, mais un autre besoin majeur est souvent oublié : celui de savoir où se trouvent ses proches. De nombreuses personnes ont en effet été séparées de membres de leur famille et vivent depuis dans l'angoisse, ignorant s'ils sont vivants ou morts.

 

Photo: Amilton Neves/Nuku Studio

Beaucoup de familles se sont retrouvées séparées pendant le cyclone ou les évacuations. Lors d'une catastrophe comme celle-ci, la douleur de ne pas savoir ce qui est arrivé à un être cher est indescriptible. Nos équipes au Malawi, au Mozambique et au Zimbabwe s'emploient à mettre en place des systèmes pour aider les personnes sans accès à un téléphone ou à Internet à retrouver leurs proches disparus

Diana Araujo, déléguée du CICR à Beira

Le CICR a créé un site Web qui permet aux gens de se déclarer sains et saufs et de vérifier si des membres de leur famille ont fait de même. Ce site est disponible en portugais et en anglais.

Bon nombre de zones sinistrées restent cependant privées d'électricité ou d'accès à Internet. C'est pourquoi le CICR, en collaboration avec les Sociétés de la Croix-Rouge du Mozambique, du Malawi et du Zimbabwe, établit des systèmes pour enregistrer et rechercher les personnes disparues, notamment les enfants non accompagnés et séparés de leur famille.

Joachizinesa Matange est l'un des bénéficiaires de notre programme de rétablissement des liens familiaux. Photo: Amilton Neves/Nuku Studio

Notre équipe de rétablissement des liens familiaux se rend dans des camps de réinstallation et des communautés rurales pour aider les familles séparées par le cyclone Idai à retrouver leurs proches.

Activités forensiques au Mozambique

Après une catastrophe naturelle, il est extrêmement important de recenser les morts et de les traiter avec dignité. Sans gestion adéquate des restes humains, les corps ne peuvent être identifiés et les familles sont empêchées de faire leur deuil.

Le problème pour nous, c'est que les corps ne sont pas profondément enterrés, mais plutôt recouverts d'arbres et de débris végétaux. Mais dès qu'il y aura du vent ou de la pluie, ces débris seront emportés et les corps réapparaîtront, posant des problèmes à la communauté. Ils devront alors être réenterrés dignement et de manière permanente

Stephen Fonseca, responsable forensique pour la région

Notre équipe forensique aide les autorités du village de Dombe, à quelques heures de route de Chimoio, à établir un système de gestion des dépouilles.

La tâche est difficile lorsque les sols sont inondés car cela rend les inhumations impossibles. Des solutions créatives doivent alors être trouvées, et notre équipe est en train d'évaluer les besoins et les options possibles dans les communautés isolées.

Soins de santé

Il existe un réel danger d'épidémies de maladies comme le choléra, et les cas de paludisme risquent de se multiplier. L'accès à l'eau potable, aux soins de santé et aux installations sanitaires sera déterminant. Nos experts en eau et assainissement ainsi que notre équipe médicale collaborent avec nos partenaires de la Croix-Rouge pour répondre au mieux à ces besoins.

Photo: Amilton Neves/Nuku Studio

Le principal hôpital de la ville de Beira manque d'électricité, ce qui diminue sa capacité à faire face aux besoins croissants. Juste après le cyclone, nous lui avons fourni 1 000 litres de carburant pour alimenter son générateur. Nous discutons actuellement d'autres formes de soutien avec les autorités sanitaires. Nous avons aussi fait don de médicaments et de fournitures médicales à d'autres établissements de santé dans le centre du Mozambique et l'est du Zimbabwe.

Le CICR a ouvert un bureau à Beira, dans le centre du Mozambique, pour atténuer les conséquences humanitaires des violences armées qui ont secoué les provinces de Manica et de Sofala entre 2014 et 2016. Nous sommes particulièrement préoccupés par le sort des communautés rurales auxquelles nous venions en aide avant le cyclone Idai, dont certaines sont toujours coupées de toute aide extérieure.

Nous avons rapidement déployé une équipe depuis notre base logistique de Chimoi pour évaluer la situation dans ces communautés reculées des provinces de Manica et Sofala, puis nous fournirons un soutien vital en répondant aux besoins les plus pressants. Nous avons aussi commencé à distribuer des articles de secours dans certaines de ces communautés.