J'ai pu constater les conditions extrêmement précaires dans lesquelles vivent les dizaines de milliers de personnes (aujourd'hui plus de 74 000) qui s'entassent dans le camp, de même que les efforts faits pour leur venir en aide. Le camp est surpeuplé, et les besoins sont considérables..
Dernièrement, l’attention des médias s’est focalisée sur le sort des combattants étrangers et leur famille, alors que ceux-ci ne représentent qu’un infime pourcentage des personnes déplacées à Al-Hol et dans d’autres camps. Il faut savoir que près de 90 % des personnes qui arrivent dans les camps sont des femmes et des enfants. Beaucoup ont vécu des expériences traumatisantes. Ces dernières semaines, des dizaines d’enfants sont morts de froid ou en raison des conditions déplorables qui prévalent à Al-Hol.
Notre équipe a rencontré une jeune femme de 24 ans qui avait accouché en chemin, sur la route du camp. Ses autres enfants dormaient à ses côtés, à même le sol. Plus de 10 heures après être arrivés au camp avec de nombreux semblables, ils attendaient toujours qu’on leur distribue de l’eau, des vivres et une tente où s’abriter. Elle n’avait pas vraiment le cœur à parler, mais elle a quand même eu la force de nous expliquer que son nouveau-né avait été emmené chez le médecin.
Toutes ces personnes sont des êtres humains ; en tant que tels, elles ont droit à un traitement humain. Ne permettons pas que les discours enflammés autour des combattants étrangers détournent notre attention des souffrances causées par l’urgence humanitaire qui frappe aujourd’hui le nord-est de la Syrie.
Face aux inquiétudes du public et à la pression politique, faire preuve de courage moral n’est pas chose facile. Mais nous ne pouvons pas nous laisser influencer par ces considérations. Les Conventions de Genève, qui fêtent cette année leurs 70 ans d’existence, n’excluent personne de la protection du droit, quels que soient les crimes éventuellement commis.
Nous demandons à tous les États de montrer qu’ils ont ce courage. Afin que chacun soit traité humainement et avec dignité, comme le demande le droit, et puisse notamment bénéficier d’une procédure judiciaire régulière. Afin de préserver l’unité des familles, chaque fois que cela est possible. Afin aussi que davantage de ressources soient mobilisées pour permettre une assistance humanitaire appropriée. Afin, finalement de ne pas céder à la tentation d’une rhétorique deshumanisante qui ne fait que perpétuer le problème.
Dans le camp d’Al-Hol, en collaboration avec le Croissant-Rouge arabe syrien, nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour que les nouveaux arrivés aient de quoi manger et qu’ils aient accès à l’eau, pour leur fournir des tentes et des soins de santé de base, et pour rétablir le contact entre les membres de familles dispersées. Mais, de toute évidence, cela n’est pas suffisant : il faut plus d’abris, plus de nourriture, plus d’eau potable, un meilleur assainissement et plus de services de santé.
Ailleurs en Syrie, huit ans après le début de ce conflit désastreux, on n’est toujours pas venu à bout de la violence. On a récemment assisté, au contraire, à une recrudescence des combats à Idlib et dans les zones environnantes. Des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées en raison de cette nouvelle vague d’hostilités. Toute nouvelle escalade de la violence risquerait d’aggraver encore leur situation.
Fourniture d’assistance dans le camp d’Al Hol |
Dans le camp d’Al Hol, conjointement avec le Croissant-Rouge arabe syrien, le CICR :
Rétablissement des liens familiaux
Visites de lieux de détention
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Informations complémentaires:
Sara Alzawqari, CICR Beyrouth, tél. : + 961 3 138 353
Jenny Tobias, CICR Genève, tél. : +41 79 447 37 26
Matthew Morris, CICR Londres, tél. : +44 7753 809471
Frédéric Joli, CICR Paris, tél. : +33 6 20 49 46 30
Galina Balzamova, CICR Moscou, tél. : +7 903 545 35 34
Elizabeth Gorman Shaw, CICR Washington DC, tél. : +1 202 361 1566
Pat Griffiths, CICR Canberra, tél. : +61 418 485 120