Déplacés internes

01 avril 2018

L'action que le CICR mène de longue date pour lutter contre les conséquences des déplacements internes à l'échelle mondiale est guidée par son mandat consistant à protéger la vie et la dignité des personnes touchées par les conflits armés et d'autres situations de violence.

Ses efforts visent principalement à pourvoir aux besoins spécifiques des personnes déplacées, à atténuer les effets néfastes des déplacements sur les communautés d'accueil et à fournir un soutien aux personnes risquant d'être déplacées.

L'action du CICR face aux déplacements internes

Comprendre ce que vivent les déplacés internes

Le déplacement de millions de personnes à l'intérieur de leur propre pays, par suite de catastrophes naturelles, de conflits armés ou d'autres situations de violence, constitue désormais un défi pressant de portée mondiale. Ce phénomène bouleverse des vies, met en péril des communautés et a des répercussions sur des pays entiers, générant de graves problèmes humanitaires, sociaux et économiques.

Le déplacement est souvent un mécanisme de survie, lorsque la fuite est le seul moyen d'échapper à un danger imminent ou à la misère. Malheureusement, il tend aussi à rendre les populations vulnérables, aggravant souvent les difficultés auxquelles celles-ci sont déjà confrontées du fait d'un conflit ou de la violence qui sévit autour d'elles. Les déplacés internes sont arrachés à leur environnement familier et privés du soutien de leur réseau social. Il arrive souvent que les familles soient séparées alors que certains sont tués ou disparaissent dans leur fuite. Privés de leurs revenus, de leurs effets personnels et de leurs documents officiels, les déplacés internes ne peuvent plus subvenir durablement à leurs besoins fondamentaux ni accéder aux services essentiels. Pour survivre, ils se résignent parfois à des choix désespérés – travail des enfants, prostitution, vente de leurs biens ou retour dans des zones dangereuses. Trouver un hébergement n'est pas chose facile, surtout lorsque les nouveaux arrivants ne sont pas les bienvenus ou qu'ils n'ont pas les moyens de louer un logement. À mesure que leur déplacement se prolonge, l'incertitude quant à l'avenir et à la possibilité de rentrer chez eux, ou de trouver une autre solution durable, vient encore aggraver leur situation. Les tensions avec la communauté d'accueil, exacerbées par les ressources limitées et des services au bord de la rupture, peuvent engendrer une stigmatisation, accroître l'insécurité et provoquer de nouveaux déplacements.

L'expérience des personnes déplacées évolue avec le temps. Les personnes récemment déplacées sont la cible de menaces physiques et ont besoin de biens de première nécessité. Celles qui sont déplacées depuis plus longtemps ont besoin de soins de santé, d'un accès à l'éducation, d'un logement adéquat et d'un gagne-pain qui leur permette de retrouver leur indépendance et un semblant de normalité dans leur vie. Qui plus est, chacun vit cette épreuve différemment. Des facteurs tels que le sexe, l'âge ou le handicap ont un impact sur la manière dont les personnes font face à leur déplacement. Par exemple, les femmes et les filles déplacées à l'intérieur de leur pays sont particulièrement exposées au risque de violence et d'exploitation sexuelles. Beaucoup d'enfants sont recrutés de force, surtout ceux qui vivent dans des camps infiltrés par des groupes armés, ou peinent à accéder à l'éducation par suite de leur déplacement. Si l'on veut élaborer des réponses appropriées et mettre en place des solutions durables, il est essentiel de tenir compte de la diversité des personnes déplacées et de l'évolution de leur situation.

Notre approche

L'action que le CICR mène de longue date pour lutter contre les conséquences des déplacements internes à l'échelle mondiale est guidée par son mandat consistant à protéger la vie et la dignité des personnes touchées par les conflits armés et d'autres situations de violence. Nous considérons le déplacement interne comme un processus composé de différentes phases (pré-déplacement, déplacement aigu, déplacement stable et solutions durables) dont les effets dépassent largement les personnes déplacées elles-mêmes. Nous nous attachons à aider les déplacés internes à subvenir à leurs besoins spécifiques – soit directement, soit en collaborant avec les autorités et d'autres acteurs –, mais cherchons aussi à atténuer les effets négatifs du déplacement sur les familles et les communautés d'accueil. Conscients que chaque personne déplacée ou communauté d'accueil a des besoins différents, et que ces besoins sont souvent multiples et liés entre eux, nous axons notre action à la fois sur l'assistance et la protection. Nous combinons aide d'urgence et efforts de relèvement dans le but de trouver le juste équilibre entre action à court et à plus long terme. Nous interagissons de diverses manières avec les déplacés internes et les communautés d'accueil pour discuter de leurs préoccupations, comprendre leurs priorités, identifier les initiatives qu'ils ont pu mettre en place pour faire face au déplacement et recueillir leur avis sur les activités mises en œuvre pour les aider, afin d'assurer leur pleine participation à nos programmes.

Lorsque les circonstances le permettent, nous nous employons aussi à prévenir le déplacement en agissant sur certaines de ses causes. Dans les conflits armés, faire en sorte que toutes les parties – tant étatiques que non étatiques – respectent le droit international humanitaire, en particulier les dispositions relatives à la protection des civils contre les effets des hostilités, est un moyen efficace de prévenir le déplacement. Le CICR s'y emploie à travers le dialogue bilatéral, la formation et la fourniture d'une assistance juridique pour la mise en œuvre du droit international humanitaire à l'échelon national. L'appui apporté aux communautés résidentes pour leur garantir un accès aux services essentiels, le maintien des infrastructures vitales pendant un conflit armé prolongé et l'accompagnement des personnes sur le chemin de la résilience peuvent aussi contribuer à prévenir le déplacement.

Nous rappelons aux autorités qu'il leur incombe au premier chef d'apporter protection et assistance aux personnes déplacées qui relèvent de leur juridiction. S'il y a lieu, nous proposons des compétences et un appui supplémentaires, par exemple pour l'adoption de lois et de politiques nationales guidant l'action du gouvernement en matière de déplacement interne, ainsi que pour la mise en place de mesures concrètes visant à améliorer la situation des personnes déplacées. Nous prenons également part à des forums régionaux et mondiaux sur le déplacement interne, où nous exposons nos opinions et recommandations fondées sur notre expérience directe.

L'action du CICR s'inscrit en complément de celle menée par d'autres organismes qui interviennent dans ce domaine. Nous nous concentrons par exemple sur les personnes déplacées qui vivent en dehors des camps : dans des communautés d'accueil, où nous sommes mieux à même d'aider les déplacés internes et la population locale, ou dans des zones auxquelles les autres organisations humanitaires n'ont pas accès.

Notre réponse

Le CICR répond au défi du déplacement interne de différentes manières, notamment :

  • en aidant les communautés menacées de déplacement à renforcer leurs systèmes d'alerte précoce au niveau local et à préparer leur fuite (en protégeant leurs biens, en identifiant les parcours les plus sûrs et en prévenant la dispersion des familles et la perte des documents personnels) ;
  • en aidant les personnes à rester en contact avec leur famille et en réunissant les proches séparés suite à un déplacement ;
  • en distribuant des secours sous forme de vivres, d'eau, d'articles ménagers de première nécessité, d'abris, de semences et d'outils agricoles aux personnes récemment déplacées ou aux déplacés de retour chez eux ;
  • en soutenant les moyens de subsistance par des initiatives micro-économiques et des programmes de soutien à l'agriculture et à l'élevage, afin d'aider les déplacés internes à retrouver leur indépendance et à reconstruire leur vie ;
  • en finançant des centres de santé et en assurant le fonctionnement des réseaux d'approvisionnement en eau et le maintien d'autres services publics essentiels dans les communautés d'accueil ;
  • en menant des campagnes de sensibilisation aux dangers des mines pour que les déplacés internes puissent rentrer chez eux en toute sécurité ;
  • en organisant des séances d'information (ou en utilisant d'autres moyens de communication, tels que les médias sociaux) pour renseigner les déplacés internes sur leurs droits et les services à leur disposition au niveau local ;
  • en dialoguant avec les autorités et les groupes armés non étatiques sur leur devoir de prévenir le déplacement, de protéger les personnes déplacées à l'intérieur de leur pays et de veiller à ce qu'elles reçoivent l'aide dont elles ont besoin ;
  • en sensibilisant les forces armées et les groupes armés non étatiques aux conséquences humanitaires de la violence, et en les aidant à se conformer au droit international humanitaire et à d'autres branches du droit ;
  • en conseillant les gouvernements sur les aspects techniques des législations et des politiques visant à fournir protection et assistance aux déplacés internes ;
  • en coopérant avec les autorités pour mettre en place des procédures permettant aux déplacés internes d'obtenir des papiers d'identité ou d'autres documents officiels ;
  • en s'associant à d'autres acteurs, compte tenu de leurs mandats et de leur savoir-faire, afin de trouver des solutions à des situations ou des problèmes spécifiques touchant des communautés déplacées.