État des opérations en Libye : de vifs combats font craindre un conflit long et tenace

État des opérations en Libye : de vifs combats font craindre un conflit long et tenace
CC BY-NC-ND / ICRC / Hashim Al-Sharif

Tripoli (CICR)Deux mois après le début des combats à Tripoli, l’escalade se poursuit et semble sans issue. Le bilan humain s’alourdit continuellement dans l’est et le sud de la ville.

Quelque 90 000 personnes auraient déjà été déplacées, tandis que des dizaines de milliers d’autres seraient prises au piège dans leurs quartiers. La prise en charge des blessés par le personnel médical est de plus en plus compromise par les attaques aveugles menées dans la ville.

« Les tirs d’obus et les attaques aériennes sont devenus monnaie courante depuis début avril », déplore Danielle Hannon-Burt, cheffe du bureau du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Tripoli. « De violents affrontements ont lieu dans l’ouest du pays, notamment des attaques aveugles, mais aussi dirigées contre les civils et leurs habitations. Les attaques visent également des infrastructures électriques, hydrauliques et médicales essentielles pour la survie de la population civile, mettant ainsi en péril des centaines de milliers de personnes. En un mot, une escalade de la violence pourrait plonger le pays dans une crise humanitaire irréversible. »

Qu’ils vivent à proximité des lignes de front ou dans des régions plus calmes, les habitants de Tripoli peinent de plus en plus à vaquer à leurs occupations habituelles. Nombreux sont ceux qui cherchent désespérément à continuer de mener une vie plus ou moins normale, assourdis en permanence par l’écho des explosions et des tirs. Mais ils sont encore plus nombreux à se retrouver soudainement pris dans les feux croisés. Certains trouvent parfois un moment favorable pour partir, mais c’est toujours en tout dernier recours qu’ils décident de quitter leurs foyers, ce qu’ils font parfois à plusieurs reprises. La violence est constante : Tripoli a été la scène d’affrontements violents et répétés depuis le début du conflit en Libye en 2011 et plus récemment depuis septembre 2018. D’aucuns craignent que ce nouvel embrasement ne soit long et tenace.

 

PRÉOCCUPATIONS HUMANITAIRES

  • La principale préoccupation du CICR reste les combats menés dans les quartiers civils à forte densité de population. Des dizaines de milliers de civils pourraient être pris au piège chez eux dans des quartiers résidentiels fortement peuplés proches des lignes de front. Une recrudescence de la violence pourrait avoir, à long terme, de graves conséquences humanitaires pour la population civile.
  • Le nombre de personnes déplacées a au moins triplé en à peine plus de deux mois.
  • Une autre préoccupation majeure concerne la garantie pour les équipes du CICR de pouvoir prodiguer des soins de manière neutre et impartiale : menaces à l’encontre du personnel de santé, mais aussi retards dans la livraison des fournitures médicales qui compromettent les transports et l’accès aux soins sont des éléments pouvant avoir des conséquences graves, voire mortelles pour la population.

 

ASPECTS OPÉRATIONNELS

  • Plus de 45 000 personnes – plus de 7 500 familles – ont bénéficié d’une assistance du CICR sous forme de nourriture et d’autres biens de première nécessité, notamment à Tajoura, al-Fornaj, Zintan, Yefren, Gharyan, Abu Salim, al-Nofleen, Zawyia, Mizda, Bani Walid, Janzour, Kikla, Nalut, Tarhuna, Jumail, Hay Al-Andalous et Sabratha.
  • Plus de 7 200 personnes – plus de 1 200 familles – ont reçu une aide en espèces, à savoir environ 480 dinars libyens par ménage. Ce montant est suffisant pour assurer à une famille des denrées alimentaires, des produits d’hygiène et d’autres biens élémentaires pendant un mois et donc pour soulager les proches, amis et communautés qui hébergent les familles démunies.
  • Le CICR continue d’évaluer les besoins les plus urgents de la population et d’y répondre en distribuant des fournitures médicales à plusieurs établissements de santé, notamment des kits médicaux et chirurgicaux, des sutures, et du matériel de pansement et de perfusion. Il a ainsi récemment approvisionné des établissements de santé à Gharyan, Tarhuna, Tripoli, Airport Road et Ain Zara.
  • Le CICR contribue également à satisfaire les besoins croissants en eau et assainissement de personnes déplacées dans neuf centres d’hébergement temporaire, avec la distribution de bouteilles d’eau, la remise en état de réservoirs, l’aménagement de douches, la rénovation de toilettes et l’installation de pompes de surpression. Il a ainsi amélioré l’accès à l’eau potable et les conditions d’hygiène de base de plus de 1 600 personnes déplacées.

 

Informations complémentaires

Rabab Al-Rifaï, CICR Libye (basé à Tunis), tél. : +216 26 903 485

Francoise Brigitte Lambert, CICR Dakar, tél. : +221 781 864 687

Krista Armstrong, CICR Genève, tél. : +41 79 217 32 87