Les équipes du CICR et de SCRS distribuent des vivres aux communautés déplacées par le conflit à Kassala.

Présidente du CICR : "Les obstacles qui entravent l’accès humanitaire doivent être levés immédiatement"

Discours donné par Mirjana Spoljaric, Présidente du Comité International de la Croix Rouge, à la Conférence humanitaire sur le Soudan et pays voisins, à Paris.
(Seule la version prononcée fait foi)

Excellences, Mesdames et Messieurs les Ministres, chers collègues,

Voici une année que les combats ont éclaté au Soudan.

Bien que les belligérants se soient engagés dans la déclaration de Djeddah à protéger les civils, des témoignages effroyables de violences généralisées continuent de nous parvenir.

Au Soudan et dans les pays voisins, des millions d’enfants, de femmes et d’hommes peinent à se procurer de la nourriture, de l’eau et des soins de santé.

Bien plus que de paroles et d’engagements, c’est d’une action immédiate qu’ils ont besoin.

C’est pourquoi je lance aujourd’hui trois appels urgents.

 

Premièrement, j’appelle à respecter les règles, les principes et l’esprit du droit international humanitaire.

Ce droit offre un cadre clair pour protéger la population et les infrastructures civiles et pour réduire les souffrances des victimes.

Les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution doivent régir toute décision militaire dans la conduite des hostilités.

Aucune opération visant à obtenir un avantage militaire ne saurait être menée sans tenir compte du coût humain qu’elle implique.

Nous sommes déterminés à poursuivre notre dialogue confidentiel avec toutes les parties afin de les inciter à mieux respecter le droit international humanitaire.

 

Deuxièmement, j’appelle à protéger et financer l’action humanitaire neutre, indépendante et impartiale. Les obstacles qui entravent l’accès humanitaire doivent être levés immédiatement.

Le CICR, avec le soutien de 4000 volontaires du Croissant-Rouge soudanais, a fourni des équipements vitaux pour préserver l’accès de plus de deux millions de personnes à l’eau, aux moyens de subsistance et aux services de santé. Il a également facilité plus de 66 000 appels téléphoniques entre les membres de familles séparées.

Nous assistons cependant à une politisation croissante de l’action humanitaire, et les humanitaires travaillent souvent au péril de leur vie.

Toutes les parties doivent faciliter le passage sûr, rapide et sans encombre du personnel et des secours humanitaires, aux frontières et à l’intérieur du Soudan, par toutes les routes disponibles.

Les États doivent également remédier au grave déficit de financements et porter une attention politique soutenue à la situation qui prévaut au Soudan.

 

Troisièmement, j’appelle à soutenir le rôle d’intermédiaire neutre du CICR et à en tirer parti.

Dans le contexte des hostilités, le CICR peut négocier l’accès aux personnes ayant besoin d’assistance et entreprendre des démarches humanitaires essentielles pour renforcer la confiance entre toutes les parties et alléger les souffrances.

Le CICR a évacué 300 enfants et 72 employés d’un orphelinat, et facilité la libération de 565 détenus, parmi lesquels 91 mineurs.

D’innombrables vies sont en jeu, et nous sommes impatients de pouvoir en faire plus, en particulier :

  • de visiter les détenus pour nous assurer qu’ils sont traités comme il se doit ;
  • d’étendre la fourniture de services médicaux et chirurgicaux ; et
  • de faciliter les aspects humanitaires de tout accord politique.

À Djeddah, les belligérants sont convenus que le respect du droit international humanitaire était la voie à suivre pour sortir de cette spirale de désolation.

Aujourd’hui, des millions de personnes attendent désespérément que ce droit soit enfin appliqué.

Je vous remercie.

 

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