Exposition au Centre de la photographie Genève : «Suyay : les disparus, l’attente, le deuil»

06 novembre 2018
Exposition au Centre de la photographie Genève : «Suyay : les disparus, l’attente, le deuil»

Genève (CICR) – En quechua, suyay signifie « attendre ». Dix-huit ans après la fin du conflit armé au Pérou, près de 20 000 familles attendent encore et toujours des nouvelles de leurs proches disparus. Le travail de la photographe Laia Abril, exposé au Centre de la photographie Genève du 7 au 25 novembre, explore et raconte le poids de l’absence, l’épreuve des recherches et la manière dont la vie s’arrête lorsqu’un être cher disparaît sans laisser de trace.

« Pour ces familles, le poids de l’absence est étouffant – certaines le portent depuis vingt ou trente ans », explique la photographe Laia Abril.

À travers son travail, Laia Abril met en lumière la douleur des familles au Pérou, explorant leurs souvenirs, mais aussi leur résilience et leur créativité. Pour ces milliers de personnes, attendre des années durant des nouvelles d’un proche, c’est se retrouver dans les limbes – suspendus entre la vie et la mort, sans pouvoir faire le deuil, ni aller de l’avant.

« Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) gère aujourd’hui quelque 100 000 cas de personnes portées disparues, un nombre record – le plus élevé depuis 15 ans. Au-delà de ces chiffres, aussi impressionnants soient-ils, chaque cas implique une famille qui cherche sans relâche à savoir ce qu'il est advenu d'un des leurs : une femme qui cherche son mari depuis des décennies, ou un fils qui ne peut se résoudre à grandir sans son père. Ces photographies nous plongent au cœur de ces tragédies individuelles, avec beaucoup d’humanité et de sensibilité », souligne Gilles Carbonnier, vice-président du CICR.

Il est impossible de connaître aujourd’hui avec certitude le nombre de personnes disparues à la suite d’un conflit armé, sur les routes migratoires ou à cause d’une catastrophe naturelle. Le sort de ces personnes et l’impact de ces disparitions sur les familles, les communautés et la société en général demeurent cependant un problème humanitaire urgent que nous ne pouvons ignorer. Nous nous devons de chercher des réponses. Depuis plus de 100 ans, le CICR défend le droit des familles de savoir. Déterminer le sort des personnes disparues, aujourd’hui ou dans dix ans, est un acte d’humanité et un droit juridique.

Laia Abril (Barcelone, 1986) est une artiste multidisciplinaire (photographie, texte, vidéo et son). Son travail a été récompensé par le Tim Hetherington Trust Visionary Award 2018 et le Prix de la Photo Madame Figaro 2016, et elle est actuellement nominée pour le Prix Elysée.

 

Note aux éditeurs :

L’exposition Suyay, organisée en partenariat avec le CICR, se tiendra au Centre de la photographie Genève du 7 au 25 novembre. Un vernissage aura lieu le 6 novembre 2018, à 18h00, en présence de Laia Abril, Adelina García (ancienne présidente de l'Association nationale des familles de séquestrés, détenus et disparus du Pérou), Gilles Carbonnier (vice-président du CICR) et Joerg Bader (directeur du Centre de la photographie Genève).