Femmes malgaches détenues à l’étranger : visites du CICR et rétablissement des liens familiaux
Extrait du bulletin de la délégation régionale du CICR pour l'océan Indien - septembre 2014
Si pour la majorité des travailleuses à l'étranger leur emploi représente une aubaine bienvenue, l'expatriation peut également tourner au drame dans certains cas. Deux femmes témoignent de leurs douloureuses expériences et soulignent le soutien qu'elles ont reçu du CICR lorsqu'elles étaient détenues à l'étranger. Un soutien qui continue pour d'autres femmes dans cette situation.
Fafah est une jeune mère de famille. Serrant sa petite fille de 6 mois dans les bras, elle raconte, visiblement très affectée, le dénouement de son expatriation. Son passeport lui ayant été confisqué par son employeur, elle atterrit sans papier au poste de police. « Dans les cas comme le mien, m'avait expliqué la police, la possibilité de rentrer au pays dépendait uniquement de la bonne volonté, ou non, du patron d'acheter un billet de retour. Sinon, il fallait attendre l'aide de mon État ou de celui du pays d'accueil. J'ai donc entamé ma grossesse en prison, comme je n'avais ni papier, ni billet, ni argent », raconte la jeune femme.
C'est durant son séjour en prison que Fafah reçoit la visite d'une déléguée du CICR, dont le travail est de visiter les personnes privées de liberté. En détention, le CICR identifie les nouvelles venues, comme Fafah, et collabore avec les autorités pour améliorer, quand nécessaire, leurs conditions de vie tout en veillant à ce que leurs droits et leur dignité soient respectés.
Comme parfois, certaines de ces femmes retenues à l'étranger ne disposent plus de document d'identité valable pour quitter le pays, le CICR facilite le contact entre les ressortissants et leurs ambassades, afin que ces derniers puissent leur procurer des documents de voyage. Ainsi, avec l'aide du CICR, qui a récupéré son passeport et facilité les procédures au niveau de la police, Fafah est rentrée auprès des siens au début du mois de juillet dernier, les poches vides, mais avec un tout petit bébé dans les bras.
L'histoire de Latie n'est pas très différente. C'est lors de sa détention qu'elle entre en contact pour la première fois avec le CICR. « Le CICR a veillé sur nous en évaluant nos conditions de détention, si l'on mangeait, pouvait se laver ou changer de vêtements, et si l'on avait accès aux soins. C'est le CICR qui s'occupait également de nous procurer un document de voyage dans le cas où l'on ne pouvait plus avoir accès à notre passeport. Et le plus important, c'est qu'il nous a permis de maintenir le contact avec nos familles », résume Latie.
A Madagascar, l'équipe du CICR fait le lien entre Latie et les siens, en apportant à sa famille les messages Croix-Rouge qu'elle avait écrits dans son lieu de détention. Ce sont, en quelque sorte, des lettres ouvertes et révisées par les autorités détentrices qui permettent de rétablir et de maintenir le contact.
« Le Message Croix-Rouge est souvent une faible lueur d'espoir pour les détenus qui sont loin de chez eux, mais c'est également nécessaire pour les familles afin qu'elles ne les perdent pas de vue », explique Silvia, déléguée du CICR à Antananarivo, Madagascar. « Chaque fois que je voyais entrer le CICR, j'étais heureuse à l'idée de recevoir des nouvelles de Madagascar. C'est grâce à ces messages Croix-Rouge que mon fils m'a écrit qu'il était le premier de sa classe et qu'il continuait de prier pour moi. Vous ne pouvez pas imaginer ce que ce genre de nouvelles peut apporter pour une mère qui se trouve loin de ses enfants, et encore plus dans les conditions où j'étais », confie Latie.
Dans la centaine de pays où le CICR travaille dans les prisons, il a inclus dans sa routine de travail les visites aux migrants en détention afin d'aider les autorités concernées à résoudre des situations individuelles souvent compliquées, et d'apporter de l'aide et de l'espoir à ces « victimes de la migration ».
Les noms des femmes qui ont témoigné ont été modifiés et les pays où elles ont travaillé ne sont pas mentionnés pour mieux préserver leur anonymat. Les familles désirant entrer en contact avec leurs proches détenus dans un pays étranger peuvent contacter le CICR à Antananarivo : ant_antananarivo@icrc.org