Réfugiés syrien en Jordanie : la peur, l’angoisse, mais aussi l’espoir au quotidien

26 novembre 2015
Réfugiés syrien en Jordanie : la peur, l’angoisse, mais aussi l’espoir au quotidien
Jordanie. Um Nawwaf a fui la Syrie et s'est réfugiée en Jordanie en 2012. CC BY-NC-ND /ICRC/A. Sari

Pour les Syriens réfugiés en Jordanie, chaque jour est un combat, même si l'assistance humanitaire qu'ils reçoivent rend leur vie un peu plus supportable. Si la peur et l'angoisse sont quotidiennes, ils gardent néanmoins l'espoir d'un avenir meilleur.

Il y a trois ans, Oum Nawwaf vivait avec sa famille en Syrie, dans la Ghouta, qui était alors la cible de bombardements. Craignant pour la vie de ses enfants, elle a fui avec eux en Jordanie, tandis que son mari est resté en Syrie. Aujourd'hui, elle vit seule avec ses cinq enfants dans un petit appartement, dans le gouvernorat de Mafraq.

« Je n'oublierai jamais le jour où ma fille, en cherchant à se mettre à l'abri des obus qui pleuvaient tout autour de nous, a trébuché sur une pierre et s'est cogné la tête, se souvient-elle. Depuis, elle a des crises d'épilepsie. Ce qui s'est passé ce jour-là m'a décidée à quitter le pays avec mes enfants. »

Depuis deux ans, Oum Nawwaf fait partie des bénéficiaires du programme d'assistance financière mis en place par le CICR (voir encadré ci-dessous). « Chaque mois, nous attendons patiemment le versement, ajoute-t-elle. Sans cette aide vitale, notre situation serait catastrophique. »


Mafraq, Jordanie, Um Nawaf attend de recevoir une carte bancaire du CICR et les JRCS, avec laquelle elle pourra retirer de l'argent mis à sa disposition. CC BY-NC-ND /ICRC/A. Sari

Oum Nawwaf nous parle de la précarité qui est le lot quotidien des réfugiés : « J'ai à peine de quoi offrir un toit à ma famille. Mon fils Nawwaf a été obligé d'arrêter l'école et de travailler pour m'aider à payer les factures. » Puis elle ajoute, les larmes aux yeux : « Mon cœur se serre quand je le regarde partir au travail. Il n'a que 13 ans ! »

Elle nous décrit son soulagement chaque fois qu'elle reçoit un texto l'informant que l'argent a été versé sur son compte bancaire : « Cet argent m'aide à payer le loyer, le chauffage et l'électricité ; il me permet aussi d'acheter de la nourriture et d'autres articles essentiels. Grâce à cette aide, nos conditions de vie sont supportables. »

« Chaque matin, au réveil, je me dis que cette situation est temporaire et que les choses vont s'arranger », ajoute-t-elle, une lueur d'espoir dans les yeux.

Améliorer les conditions de vie des réfugiés syriens dans le pays d'accueil

La plupart des réfugiés syriens établis en Jordanie sont tributaires de l'assistance qu'ils reçoivent des organisations humanitaires. Du fait de l'enlisement durable du conflit syrien, beaucoup d'entre eux ont épuisé leurs économies et vendu tout ce qu'ils possédaient. Leur quotidien, déjà difficile, va encore s'alourdir avec l'arrivée de l'hiver.

Le CICR et le Croissant-Rouge jordanien ont mis en place un programme d'assistance financière pour aider les familles syriennes installées dans les gouvernorats de Mafraq et Madaba à subvenir à leurs besoins essentiels.

Quelque 3 000 familles syriennes, dont la plupart ont à leur tête une femme, participent au programme : ce dernier leur donne droit chaque mois à une allocation financière – dont le montant varie en fonction de la taille du ménage –, qui leur est versée par l'intermédiaire d'une banque locale. L'allocation moyenne est de 100 dollars par ménage et vise à couvrir diverses dépenses courantes. Pendant les quatre mois d'hiver, les familles bénéficiaires du programme reçoivent une allocation mensuelle supplémentaire de 150 dollars destinée à couvrir les frais de chauffage.


Mafraq, Jordanie. Le CICR et le Croissant-Rouge jordanien distribuent des cartes. permettant de retirer une certaine somme d'argent au guichet automatique, à des Syriens, principalement à des femmes en charge de leur famille. CC BY-NC-ND /ICRC/A. Sari