Le point sur la situation financière du CICR

Le point sur la situation financière du CICR

Compte tenu de la réduction attendue des budgets de l’aide humanitaire internationale ces deux prochaines années, le CICR va devoir axer ses efforts de manière plus ciblée sur les programmes et les endroits les plus pertinents en termes d’impact, en accord avec son mandat qui est d’apporter protection et assistance aux personnes touchées par les conflits armés et la violence.
Article 04 avril 2023 Suisse

Dernière mise à jour : 23 mai

Le 30 mars 2023, les instances dirigeantes du CICR ont approuvé un plan global de réduction des coûts de 430 millions de francs suisses pour la période allant de 2023 au début de 2024. Cette décision a été difficile à prendre car nous avions pour ambition première, en demandant à nos donateurs 2,8 milliards de francs en 2023, de fournir aux communautés un niveau de services humanitaires comparable à celui de l’année dernière.

Nous sommes reconnaissants à nos donateurs et comptons sur leur soutien. Malgré une révision à la baisse, notre nouveau budget global s’élève à 2,4 milliards de CHF. Nous avons donc encore besoin de contributions substantielles cette année pour pouvoir financer nos opérations humanitaires et être présents là où notre aide est la plus nécessaire afin de faire une réelle différence dans la vie de dizaines de millions de personnes.

Ce plan de réduction des coûts pour l’année 2023 est en cours de mise en œuvre à la fois au siège et dans l’ensemble des délégations. Si certains détails et points du calendrier sont encore en discussion, les principaux changements qui concerneront les opérations mondiales du CICR sont, entre autres, les suivants :

  • Quelque 1800 membres du personnel vont perdre leur emploi au cours des prochains mois (ce chiffre ne tient pas compte des personnes susceptibles d’être touchées plus tard dans l’année par la réduction du nombre de missions proposées au niveau mondial et le gel des recrutements dans certains métiers).

  • Sur les 350 sites que compte l’organisation à travers le monde, 26 seront fermés et d’autres verront leurs ressources considérablement réduites, par exemple dans des endroits où les besoins peuvent être couverts par une autre structure du CICR ainsi que là où d’autres acteurs du secteur humanitaire ou de l’aide au développement peuvent prendre le relais. Nous allons ainsi fermer courant 2023-2024 nos délégations en Mauritanie, en Malaisie et en Grèce, réduire notre présence de manière significative à Dakar, Nairobi, Amman, Bangkok, Panama City et dans 21 autres sites, et nous avons en outre revu à la baisse certains de nos programmes, notamment dans le domaine de l’aide financière en espèces.

Ces changements reflètent la volonté du CICR de se recentrer sur ses activités de base, comme les programmes menés dans des zones difficiles d’accès, disputées sur le plan militaire ou situées sur des lignes de front. Ils visent également à remettre au centre les efforts déployés par l’institution pour promouvoir le droit international humanitaire et défendre les droits des personnes confrontées à la guerre, conformément à son mandat.

Notre priorité reste d’être le plus efficaces et le plus utiles possible pour les communautés touchées par les conflits armés et la violence.

Qu'est-ce qui a changé au niveau du financement du CICR ?

Le CICR a une approche financière solide et éprouvée dans le secteur humanitaire : nous œuvrons pour répondre aux besoins humanitaires partout où notre assistance est requise, tandis que nos donateurs financent nos opérations en parallèle et en concertation avec nous. Il n'est pas rare que notre appel annuel ne soit pas entièrement financé en début d'année.

Cette année, nous faisons face à une conjonction de défis. Pour commencer, plusieurs promesses de dons reçues en fin d'année ne se sont pas concrétisées à la hauteur de nos attentes. Dans le même temps, nous avons dû supporter pendant le dernier trimestre 2022 des coûts plus importants que prévu, en partie à cause de l'inflation, et le taux de mise en œuvre de nos services de protection et d'assistance aux personnes en détresse a été
particulièrement élevé. Ces facteurs expliquent que nous ayons commencé l'année 2023 avec un déficit d'environ 140 millions de francs.

Nous évoluons par ailleurs dans le même contexte financier que les autres acteurs du secteur humanitaire et sommes par conséquent confrontés aux mêmes difficultés liées aux tendances économiques et financières mondiales. Il s'avère également de plus en plus difficile de lever des fonds non affectés, ce qui fait que les opérations que nous menons dans nombre de crises humanitaires en cours sont sous-financées.

Comment est calculé le montant de l'appel annuel ?

L'appel annuel du CICR est une projection réaliste de ce que l'institution prévoit de faire pour répondre aux besoins humanitaires qu'elle constate dans le monde. Il s'agit chaque année de trouver un juste compromis entre notre capacité avérée à fournir aux populations touchées l'assistance dont elles ont besoin et les contraintes financières auxquelles le CICR comme l'ensemble du secteur humanitaire sont confrontés. Si notre appel 2023, d'un montant de 2,8 milliards de francs, était le plus élevé de l'histoire du CICR, il n'excédait néanmoins que de 0,3% les dépenses consenties en 2022, lesquelles ont notamment couvert la montée en puissance de nos programmes suite à l'intensification du conflit armé international entre la Russie et l'Ukraine. Cette augmentation, somme toute modeste, tenait par ailleurs compte des coûts de l'inflation estimés à 160 millions de francs pour 2023, qui ont dû être absorbés dans le budget au prix de décisions difficiles.

Combien de personnes vont être privées de l'assistance et du soutien du CICR ?

Le CICR va revoir le montant de son appel annuel en fonction des ajustements qui auront été décidés et le rendra public en juin.

Quel type d'aides seront mises en place pour les membres du personnel dont les postes auront été supprimés ?

Nous ferons tout notre possible pour soutenir les collaborateurs et collaboratrices concernés, et nous engageons à mettre en place des mesures de responsabilité sociale afin d'atténuer l'impact des suppressions d'emplois dans l'ensemble de l'institution.

Cet article a été mis à jour par souci de clarté et de précision.

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