Le regard de 6 photographes sur le conflit au Yémen
Au Yémen, les combats qui entrent dans leur cinquième année n'ont pas seulement semé la mort, la destruction et les maladies ; ils ont perturbé tous les aspects de la vie quotidienne des Yéménites.
Le désespoir règne et les moments heureux sont de plus en plus fugaces.
Le CICR a fait équipe avec six jeunes photographes yéménites, Ahmad Al Basha, Karrar Al Moayyad, Saleh Bahlais, Abdallah Al Jaradi, Khaled Al Thawr et Ali Al Sonidar, qui ont documenté les effets dévastateurs du conflit sur leurs communautés respectives à travers le pays.
Sonidar, qui a grandi dans les ruelles animées de l'incomparable Vieille-ville de Sanaa, a pris goût à la photographie en observant les touristes du monde entier qui prenaient en photo les souks, l'architecture et les habitants.
Leurs photos exprimaient bien plus qu'un éclairage ou une composition", explique le photographe de 28 ans. "Elles racontaient l'histoire des lieux et des gens et c'est cela que je voulais : photographier l'histoire de l'humanité, véhiculer un message et contribuer à faire changer les choses.
Sonidar fait aujourd'hui partie d'un collectif de photographes originaires de tout le Yémen qui rendent compte de la vie quotidienne au milieu du conflit. C'est souvent leurs images qui permettent de nourrir une famille affamée ou d'offrir un nouveau sac à dos à un étudiant.
"J'espère sincèrement pouvoir un jour photographier de nouveau des touristes dans la ville et des scènes de joie", dit-il. "Mais, pour le moment, c'est impossible et quelqu'un doit raconter la guerre."
À Taïz, ville ravagée par la guerre urbaine, les rues sont jonchées d'ordures entraînant la prolifération de maladies dont on pensait qu'elles avaient été éradiquées. Une pauvreté extrême règne dans les grandes villes de Sanaa et Aden.
À Sanaa, les champs de ruine sont devenus le terrain de jeu des enfants et à Marib, les enfants déplacés luttent contre le dénuement en inventant et en assemblant des jouets pour adoucir leur quotidien.
Un groupe d'enfants joue au football dans un décor de maisons en ruine à Saada, dans le nord-ouest du Yémen. Ce gouvernorat au nord du pays a été le théâtre de plusieurs épisodes de violence depuis 2006, entraînant des destructions massives.
Le voyage a été long pour cet enfant originaire du village de Saqayn et souffrant de malnutrition sévère avant qu'il n'arrive à l'Hôpital Al-Salam à Saada. Le conflit prolongé et la difficulté d'acheminement des produits ont provoqué une crise alimentaire majeure dans le pays. Selon les chiffres les plus récents, près de 16 millions de Yéménites sont touchés par cette crise de grande ampleur.
Dans le quartier de Crater de la ville côtière d'Aden (sud du Yémen), une femme déplacée vérifie ce qu'il reste à manger pour elle et ses petites-filles.
Un vieil homme est allé inspecter sa maison dans le district Al Jahmaliah de la ville de Taïz (centre du Yémen). Dans cette zone, la plupart des immeubles ont été réduits à l'état de ruines par deux ans d'affrontements intenses.
Un garçon ramasse de la ferraille sur les tas d'immondices qui jonchent la ville de Taïz, pour la revendre. Les conditions d'hygiène déplorables dans le pays exposent la population à une foule de maladies mortelles, dont le choléra.
Un garçon se lave dans une bassine avec de l'eau souillée au camp d'Al Malika qui héberge les déplacés internes à l'est de Taïz. Le conflit a contraint environ 2 millions de Yéménites à fuir leur foyer en quête d'un endroit plus sûr.
Son bébé dans les bras et un lourd jerrycan sur la tête, cette femme est obligée de marcher plusieurs fois par semaine jusqu'au point d'eau le plus proche, à au moins deux kilomètres de son domicile situé à Habeel Salman (à l'ouest de Taïz). Au Yémen, le système d'approvisionnement en eau et d'assainissement, déjà affaibli, est aujourd'hui dans l'incapacité de fournir les services de base suite à des années de conflit armé.
Voici tout ce que possède ce groupe de femmes de Hajja : des morceaux de tissu qui forment une tente de fortune et quelques en-cas qu'elles vendent pour gagner leur vie.
Ces deux enfants d'Hodeida attendent à l'intérieur de l'abri sombre et suffoquant où leur famille a trouvé refuge après avoir fui la violence en longeant le littoral de la mer Rouge.
Ne pouvant s'offrir un sac à dos, ce garçon de Sanaa transporte ses livres dans un sac de riz. Selon les derniers chiffres, quelque 2500 écoles ont été endommagées ou détruites par le conflit au Yémen. De plus, de nombreux établissements servent d'abris pour les personnes déplacées, certains ayant été réquisitionnés par des groupes armés.
Le conflit qui fait rage au Yémen a détruit ou menace des vestiges inestimables, tels les bâtiments aux façades ocre de la Vieille-ville de Sanaa. Tous les touristes sont partis et les marchands peinent à joindre les deux bouts.
Ne pouvant s'offrir des jouets, ces deux enfants de Marib, à l'est de Sanaa, ont construit un chariot à roulettes pour s'amuser après l'école. Au Yémen, 2 millions d'enfants ne peuvent pas aller à l'école.
Au Yémen, le CICR facilite l'accès à l'eau potable pour des millions de Yéménites en appuyant les autorités et les services chargés de l'approvisionnement en eau. Nous visitons les détenus et contribuons à améliorer les conditions de détention. Les équipes chirurgicales du CICR ou opérant au sein de structures soutenues par le CICR, soignent et fournissent des soins d'urgence à des centaines de milliers de patients. Plus d'un million de personnes dans tout le pays, y compris les populations déplacées, reçoivent de l'aide sous diverses formes - aide alimentaire, aide monétaire inconditionnelle ou encore articles ménagers de première nécessité.