Mozambique : le directeur des opérations du CICR estime que les effets combinés du conflit et des conditions météorologiques extrêmes à Cabo Delgado menacent la santé publique

Mozambique : le directeur des opérations du CICR estime que les effets combinés du conflit et des conditions météorologiques extrêmes à Cabo Delgado menacent la santé publique

Les déplacements massifs de population dans la province de Cabo Delgado, dans le nord du Mozambique, ont mis à rude épreuve les installations sanitaires et d’approvisionnement en eau existantes, dont certaines avaient déjà été endommagées par des phénomènes météorologiques extrêmes. La pénurie préoccupante d’eau potable, de services d’assainissement et de santé qui en résulte fait planer une sourde menace sur la santé publique des personnes déplacées et des communautés d’accueil.
Communiqué de presse 11 octobre 2021 Mozambique

« Plusieurs personnes dépendent de cette eau, qui ne correspond à aucun standard de la santé publique », a déclaré Dominik Stillhart, directeur des opérations du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), au terme de sa visite de trois jours à Cabo Delgado. « Je crois qu'il est extrêmement important qu'on prête attention à ce qui se passe au nord du Mozambique ».

Depuis quelques années, le Mozambique subit de plus en plus les effets conjugués du conflit armé et du changement climatique, qui pèsent sur la santé de la population. Des cyclones et des inondations récurrents et plus fréquents ont endommagé les structures d'approvisionnement en eau et de santé, comme l'hôpital d'Ibo, qui était le seul centre médical desservant l'archipel. Plus de 800 000 personnes, soit un tiers de la population de la province, ont fui leur foyer en raison de l'escalade du conflit armé, trouvant refuge dans les zones urbaines et sur les îles. Les personnes déplacées s'installent souvent à la périphérie des villes, hors de la couverture des systèmes de distribution d'eau.

Les mouvements rapides de population et l'accès limité aux sources d'eau potable dans les campements précaires ont entraîné l'augmentation des maladies transmises par l'eau comme le choléra et la diarrhée. Le CICR a observé une corrélation entre la concentration de groupes de personnes déplacées, l'absence de sources d'eau protégées et la propagation de ce type de maladies. Selon l'OMS, le nombre de cas de choléra recensés à Cabo Delgado au début du mois d'août 2021 était de 3400, contre environ 2200 à la même période l'an dernier. Au premier semestre 2021, 28 602 cas de diarrhée ont été enregistrés dans la province, dont 40 % dans les districts où le CICR a concentré son action, comme Montepuez et l'île d'Ibo. La diarrhée est devenue la deuxième cause de mortalité chez les enfants de moins de cinq ans. Le Covid représente un risque supplémentaire, en partie associé au manque d'hygiène.

Le manque de structures de santé fonctionnelles a réduit la capacité du système de santé à détecter les épidémies et à y répondre. 80% des centres de santé dans les neuf districts septentrionaux de Cabo Delgado les plus touchés par le conflit ne fonctionnent pas. L'infrastructure sanitaire, déjà fragile, a été encore affaiblie par le conflit armé, alors même que la demande de services de santé a augmenté de 20 à 30% dans les régions du sud de la province de Cabo Delgado qui ont accueilli des personnes déplacées. Débordés, les établissements de santé souffrent du manque d'espace, de personnel et de fournitures médicales qui les empêche de faire face à l'afflux de patients.

Le CICR collabore avec les autorités locales pour remettre en état les infrastructures d'approvisionnement en eau et de santé existantes, ainsi que pour en construire de nouvelles, afin d'améliorer l'accès à la santé et à l'eau potable et de prévenir la propagation de maladies mortelles, tant sur le continent – par exemple dans la ville de Montepuez – que sur les îles. Le CICR bâtit actuellement un nouvel hôpital à Ibo, qui desservira les 30 îles composant l'archipel. Les zones côtières du Mozambique étant vulnérables aux chocs climatiques, tous les nouveaux projets de remise en état et de construction du CICR sont systématiquement conçus et montés avec des infrastructures résilientes afin de prévenir autant que possible les dommages qui risquent d'être causés par les catastrophes naturelles.


Informations complémentaires :
Alyona Synenko, CICR Nairobi, asynenko@icrc.org, +254 716 897 265