Questions-réponses sur le travail du CICR en Azerbaïdjan/Arménie

Cette page regroupe les questions qui reviennent fréquemment sur l’action du CICR face aux conséquences humanitaires du conflit dans la région. Les réponses apportées ici visent à démentir les informations erronées et trompeuses qui peuvent circuler au sujet du CICR et vous permettre de mieux comprendre notre travail humanitaire.
Article 19 septembre 2023 Arménie Azerbaïdjan

Question : Pourquoi et comment le CICR intervient-il en Arménie et en Azerbaïdjan ?

Le CICR a débuté ses activités dans la région en 1992 en réponse aux conséquences humanitaires du conflit. En tant qu'institution neutre, impartiale et indépendante, il fournit protection et assistance humanitaire aux personnes touchées par les conflits armés et autres situations de violence. Le mandat du CICR est de proposer ses services d'intermédiaire neutre aux différentes parties afin d'apporter une assistance humanitaire aux communautés vulnérables résidant dans la région de Latchine, le long de l'ancienne ligne de contact ou à la frontière internationale entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie.

Le travail du CICR dans cette région consiste notamment à soutenir les familles de personnes disparues, les détenus dans le cadre du conflit et leur famille, les membres de familles dispersées ainsi que les communautés déplacées et vulnérables. L'institution organise également des séances de sensibilisation aux risques et de promotion de comportements plus sûrs à l'intention des communautés afin d'améliorer leur résilience face aux dangers des mines et à la contamination par les armes.

Il est important de préciser que le CICR ne prend pas parti et ne se prononce sur aucune question d'ordre politique mais s'emploie à aider les personnes qui souffrent, quelles que soient leur nationalité, leurs origines ou leurs croyances. Il s'agit là d'un élément essentiel car il permet à l'institution de gagner la confiance des décideurs qui, à leur tour, aident le CICR à fournir assistance et protection de façon plus efficace.

La question de la neutralité n'est pas toujours bien comprise, en particulier dans des situations qui suscitent de vives émotions. Pourtant, cette neutralité est essentielle car elle permet au CICR de travailler dans n'importe quel contexte afin, par exemple, de procéder à 84 évacuations médicales de plus de 800 patients le long du corridor de Latchine ou, dans d'autres régions, de faciliter la libération de prisonniers au Yémen et de jeunes filles kidnappées au Nigéria, ou encore d'organiser l'évacuation de civils depuis Alep, en Syrie, ou Marioupol, en Ukraine. Cette approche permet donc de sauver des vies.

Question posée par un organe de presse azerbaïdjanais : « Est-il vrai, comme l'avancent certains médias, que le bureau du CICR à Khankendi serait affilié à votre bureau en Arménie ?»

C'est faux. Il n'existe aucun lien de subordination entre ces structures du CICR.

Toutes les structures du CICR de la région représentent le CICR en tant qu'institution. Elles coordonnent leurs opérations humanitaires afin d'améliorer l'aide apportée aux personnes dans le besoin. Le CICR travaille uniquement sur des questions humanitaires et sa présence ainsi que ses activités dans la région ne reflètent aucune position de l'institution sur des questions d'ordre politique ou de souveraineté d'un État. C'est également à des fins purement humanitaires que certains arrangements logistiques et administratifs sont mis en place en dialoguant de façon confidentielle avec les différentes parties, sans être dévoilés au public. Toutes les activités du CICR sont systématiquement menées avec l'accord des décideurs.

Question : Pourquoi le CICR ne fait-il pas davantage de déclarations publiques et qu'est-ce qu'un dialogue bilatéral confidentiel ?

Le CICR utilise tous les jours les médias sociaux et communique avec le public pour raconter les histoires des personnes qu'il assiste, expliquer son travail et aborder des questions qui sont importantes pour lui. L'institution a également parlé publiquement de la suspension partielle de ses activités dans le corridor de Latchine. Cependant, lorsqu'il s'agit d'informations relatives aux opérations sur le terrain, la confidentialité reste de mise. Elle est la clef permettant d'ouvrir des portes qui, sinon, resteraient fermées. Sans elle, le CICR ne pourrait pas accéder aux personnes dans le besoin ni atteindre les zones où il doit porter assistance. La confidentialité signifie qu'il peut dialoguer avec les décideurs et établir des relations qui sont indispensables pour trouver des solutions dans le cadre de son travail. Il s'agit là d'un outil et non d'un but.

En adoptant cette approche, l'institution évite de politiser des questions au travers du débat public. En tant qu'organisation purement humanitaire, le CICR ne souhaite pas s'impliquer dans ces débats qui sont, par nature, très politiques. Le plus important, c'est d'atteindre et d'aider les communautés touchées.

Question : Comment le CICR travaille-t-il dans la région, notamment dans le corridor de Latchine ?

En tant qu'intermédiaire neutre, le CICR ne participe à aucune négociation politique. Les parties à un conflit bénéficient des services d'intermédiaire neutre du CICR qui permettent à l'institution de fournir des secours d'urgence, de visiter des prisonniers des deux côtés, de récupérer des dépouilles afin de les enterrer et de faciliter le retour des détenus une fois libérés. Dans le corridor de Latchine, ce rôle intervient lorsqu'un accord est conclu avec les décideurs dans le but de mener des activités humanitaires (comme l'évacuation médicale de patients malades ou l'acheminement de l'aide humanitaire). Les convois humanitaires du CICR sont essentiels à la survie de la population dans cette zone et les parties doivent parvenir à un consensus humanitaire. En vertu du droit international humanitaire, les parties à un conflit doivent autoriser et faciliter le passage rapide et sans encombre des secours pour les civils qui en ont besoin. Ce travail essentiel, qui permet au CICR de faire parvenir des fournitures médicales, de la nourriture, du lait maternisé et d'autres biens de première nécessité aux structures médicales et aux familles, doit se poursuivre.

Le CICR souhaite continuer de fournir une assistance humanitaire et se dit prêt pour cela à utiliser toutes les routes sécurisées et autorisées par les parties, y compris celles de Latchine et d'Agdam.

Question : Le CICR visite-t-il des personnes détenues ?

Le CICR a visité des centaines de détenus dans le cadre du conflit dans la région depuis les années 1990. Entre 1992 et 1999, il a facilité le rapatriement de 365 détenus et délivré environ 30 000 messages Croix Rouge afin d'aider les familles séparées par le conflit à reprendre contact, qu'il s'agisse de civils ou de militaires. Des décennies plus tard, le personnel du CICR continue de visiter des lieux de détention dans le cadre du conflit et de faciliter le contact avec les familles. Cependant, en raison des règles du CICR en matière de confidentialité, l'institution ne divulgue aucune information sur ces visites.

Il est également important de souligner que, conformément aux troisième et quatrième Conventions de Genève, et dans le cadre de son travail, le CICR doit être autorisé à voir tous les prisonniers de guerre et les internés civils, obtenir l'accès à tous les lieux où ils sont détenus et pouvoir organiser autant de visites que nécessaire. Tous les États sont juridiquement tenus d'autoriser ces visites car tous ont signé les Conventions de Genève.

Question : Le CICR aide-t-il les États à faire la lumière sur le sort des personnes disparues ?

En vertu du droit international humanitaire, les États ont l'obligation de faire la lumière sur le sort des personnes qui ont disparu.

Le CICR soutient les commissions d'État sur les prisonniers de guerre, les otages et les personnes disparues d'Azerbaïdjan et d'Arménie afin de tenter d'élucider le sort de ces personnes et de soulager ainsi la douleur des familles qui vivent dans l'incertitude.

En se fondant exclusivement sur les informations données par les familles, le CICR établit et met à jour sa propre liste de personnes disparues dans le cadre du conflit, fournissant ainsi une base commune et non politique aux parties afin qu'elles fassent toute la lumière sur le sort de ces personnes.

Le CICR s'emploie également à renforcer les capacités forensiques des parties prenantes locales et à mettre en place les cadres juridiques nécessaires pour soutenir les familles. Ces objectifs de nature strictement humanitaire visent à fournir des réponses aux proches de personnes disparues.

En sa qualité d'intermédiaire neutre, le CICR facilite également l'échange d'informations sur les disparus entre les parties au conflit.

Question : Les rumeurs selon lesquelles des biens non autorisés sont transportés le long du corridor de Latchine sont-elles fondées ?

Le CICR est conscient des préoccupations suscitées par le transport de biens non autorisés le long du corridor de Latchine et ne soutient en aucun cas cette activité. Il déplore le fait qu'en juillet 2023, quatre chauffeurs embauchés par l'institution ont essayé, à son insu, de transporter des biens commerciaux dans leurs véhicules loués, tout en arborant le macaron du CICR. Ces personnes ne faisaient pas partie du personnel du CICR et leurs contrats ont été immédiatement résiliés.

Question : Les rumeurs selon lesquelles le CICR mène des activités d'espionnage sont-elles fondées ?

Le CICR n'a jamais pris part à une quelconque activité d'espionnage ni recueilli des renseignements militaires, et condamne fermement la propagation de ces rumeurs. De tels agissements seraient contraires à toutes les normes de droit ainsi qu'aux principes de l'institution. Le mandat exclusivement humanitaire du CICR consiste à fournir une assistance aux personnes touchées par le conflit et à œuvrer au respect du droit international humanitaire. Sa priorité absolue est d'apporter une aide humanitaire neutre et impartiale dans la région.

En fait, le code de conduite du CICR met en avant le devoir de discrétion et le respect de la confidentialité des informations qu'il obtient dans le cadre de son travail. Ce code de conduite s'applique à toute personne qui travaille pour le CICR, ce qui signifie que tous les employés, y compris les consultants et les bénévoles, doivent traiter ces informations de façon confidentielle. Les visites effectuées dans des zones sensibles sont toutes approuvées au préalable par les décideurs.

Le CICR répond volontiers aux questions portant sur son travail et s'efforce de communiquer de manière aussi transparente que possible sur ses opérations, sans pour autant compromettre le dialogue bilatéral confidentiel qu'il établit avec toutes les parties à des conflits à travers le monde.

Question : le CICR empêche-t-il le convoi de la Croix Rouge russe d'acheminer de l'aide par la route d'Agdam ? Le CICR exerce-t-il des pressions sur la Croix Rouge russe concernant l'acheminement de l'aide par la route d'Agdam ?

Le CICR réfute toute allégation selon laquelle il entraverait les efforts entrepris par la Croix Rouge russe pour acheminer de l'aide dans la région et servirait un programme politique quelconque.

La décision d'autoriser ou non l'acheminement de l'aide humanitaire est entre les mains des décideurs.

L'objectif du CICR est exclusivement humanitaire et vise à atteindre les communautés qui ont le plus besoin d'aide, conformément aux principes fondamentaux de neutralité, d'impartialité et d'indépendance qui sont les siens.

Le CICR s'entretient depuis la semaine dernière avec les décideurs et avec ses partenaires de la Croix Rouge et du Croissant Rouge sur les différentes options possibles pour acheminer de l'aide dans la région en empruntant à la fois le corridor de Latchine et la route d'Agdam. L'institution travaille en toute transparence, coordonne ses activités avec celles de tous les décideurs et n'agit qu'avec leur accord.

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