Plus de 3 700 familles déplacées et 3 100 familles résidentes à Kanyabayonga ont reçu de la nourriture. Photo CICR / Esther N'sapu

RD Congo : fuir et survivre dans le Nord-Kivu

L’Est de la République démocratique du Congo connait des affrontements armés à répétition, forçant des milliers de familles à abandonner leur domicile. Se faire accepter dans d’autres communautés, trouver à se nourrir et générer des revenus sont les principaux défis qui les attendent.
Article 22 juillet 2019 République démocratique du Congo

Sangatia, 32 ans, son mari et leurs 6 enfants sont arrivés en avril 2018 à Kanyabayonga, dans la province du Nord-Kivu, pour se mettre à l'abri après l'attaque de leur village par des hommes armés. Dans cette petite ville située à 200 kilomètres de Goma, capitale de la province, ils ont été accueillis par une famille. Aujourd'hui, les deux familles, 14 personnes en tout, se partagent trois pièces exiguës.

« Nous sommes contents de vivre ici, mais la maison est trop petite pour nous tous », déclare Sangatia, en montrant un morceau de bâche qui fait office de matelas pour elle et son mari. Ils n'ont plus rien. Leur maison a brûlé lors des combats. Ils ont dû passer trois semaines sur la route avant d'atteindre Kanyabayonga.

« Nous n'avons pas eu le temps d'emporter quoi que ce soit », regrette Sangatia. Les enfants, eux, dorment tous ensemble sur des petites nattes à même le sol. Elle assure qu'elle aimerait bien rentrer chez elle avec sa famille mais les combats continuent.

Manger, un vrai problème

À Kanyabayonga, tout près du parc national des Virunga, les familles déplacées doivent s'intégrer dans une économie rurale qui a du mal à répondre à tous les besoins. Sangatia travaille comme journalière dans les champs avoisinants. Elle gagne en une journée un peu moins d'un dollar américain. Cela lui permet de contribuer à la préparation du repas quotidien dans sa famille d'accueil.

L'insécurité constitue un grand obstacle à la production agricole. Les champs les plus fertiles sont occupés par des hommes armés. Et les quelques terres accessibles à la population ne produisent plus suffisamment en raison de la sècheresse et de l'appauvrissement du sol.

Il y a quelques années, on savourait pour des prix dérisoires les meilleurs ananas et les patates douces les plus succulentes. Aujourd'hui, le peu de produits qu'on trouve au marché ont vu leur prix doubler.

Fin 2018, le Comité international de la Croix-Rouge a distribué des vivres à plus de 3 700 familles déplacées et 3 100 familles résidentes à Kanyabayonga. Chaque ménage a reçu notamment de l'huile, des haricots, du sel et de la farine de maïs afin de surmonter les conséquences du déplacement pour quelque temps.

À Kanyabayonga comme ailleurs dans la région, des milliers de familles déplacées souffrent du conflit qui persiste. Rentrer chez soi et reprendre une vie normale n'est pourtant pas à l'ordre du jour.

Espérance, une autre personne déplacée à Kanyabayonga, décrit son quotidien :