République centrafricaine : la violence exacerbe une "tragédie humanitaire oubliée"

16 janvier 2018
République centrafricaine : la violence exacerbe une "tragédie humanitaire oubliée"

Bangui / Genève (CICR) – La situation humanitaire se dégrade rapidement en République centrafricaine et la moitié de la population a besoin d'assistance, prévient le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

L'escalade de la violence a forcé une personne sur cinq à fuir son foyer, ce qui représente le niveau de déplacement le plus élevé depuis que la crise a éclaté en 2013. Le nord-ouest et le sud‑est du pays sont actuellement les plus durement touchés.

« La tragédie humanitaire qui se joue en République centrafricaine est l'une des plus oubliées dans le monde. Cette semaine, j'ai rencontré des personnes qui ont dû tout laisser derrière elles pour survivre. Beaucoup ont dormi dans la brousse pendant des semaines et des mois, pratiquement sans abri, nourriture ou eau potable », indique Peter Maurer, le président du CICR, depuis la capitale Bangui. « Même si les besoins humanitaires sont énormes, cette crise est cruellement sous-financée et le CICR et les autres organisations ont le plus grand mal à garantir que les victimes aient accès aux services vitaux. »

La population n'a pas seulement besoin d'un abri, de nourriture, d'eau potable et d'articles ménagers ; elle doit également pouvoir se sentir en sécurité dans un environnement très instable, où la violence sexuelle est monnaie courante.

La République centrafricaine est le pays qui connaît le plus grand nombre d'incidents touchant des travailleurs humanitaires et des personnels de santé dans le monde, ce qui nuit fortement à la fourniture des services essentiels. Rien que l'année dernière, 13 collaborateurs de la Croix‑Rouge ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions.

« Ce qui se passe actuellement en République centrafricaine ne doit en aucun cas être ignoré ou oublié. J'adresse un appel urgent à la communauté internationale pour qu'elle porte toute son attention sur ce pays et s'engage à faire davantage en faveur des personnes qui souffrent des effets de la violence, déclare M. Maurer. Au-delà d'un renforcement de l'aide humanitaire, nous avons besoin d'organisations qui, par leur pouvoir d'influence et leurs idées créatives, puissent contribuer à poser les bases durables d'une vie meilleure pour la population. »

Pendant sa visite, qui a duré quatre jours, M. Maurer a rencontré Faustin Archange Touadéra, le président de la République centrafricaine, et s'est entretenu avec des ministres, des travailleurs humanitaires et des membres du corps diplomatique.

« Je remercie les autorités de la bonne volonté dont elles font preuve pour soutenir l'action humanitaire, et je salue les efforts importants consentis par le personnel et les volontaires de la Croix-Rouge locale. »

« J'ai été frappé par l'incroyable résilience de la population. Même dans les circonstances les plus difficiles, j'ai constaté un esprit d'entreprise porteur d'espoir et prometteur. Je me souviendrai de ma rencontre avec Marie, à Bambari, qui a fondé une association de femmes et qui, si les conditions de sécurité le permettaient, pourrait produire davantage et développer son commerce. Marie et beaucoup d'autres personnes comme elle ont besoin de notre soutien pour reprendre une vie normale et être autonomes à nouveau, » conclut M. Maurer.

Informations complémentaires :
Jessica Barry, CICR Bangui, tél. : +236 75 64 30 07 / 72 66 88 81
Jean-Yves Clémenzo, CICR Dakar, actuellement en République centrafricaine, tél. : +236 75 87 63 00
Aurélie Lachant, CICR Genève, tél. : +41 79 244 64 05