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République centrafricaine : Mahamat, une victime de plus des engins explosifs

Photo d'une victime d'engin explosif
Félicien Nzapayeke Mamadou / CICR

Sidikédé, localité située dans la préfecture de la Vakaga au nord de la République centrafricaine. Il était 5 heures du matin, un dimanche de juin. Mahamat jouait avec ses frères en brousse. Au cours de leur promenade, ils ont ramassé un objet peu familier. Ils l’ont pris pour une pomme de terre. L’objet, un peu plus lourd qu’attendu et muni d’une tige à son extrémité, était en réalité…Une grenade. 

« J’ai très mal… Je ne sens plus ma jambe gauche, mon bras droit. Qu’est-ce qui m’arrive ? ». Les larmes aux yeux et le corps couvert de sang, Mahamat, 13 ans, vient de subir les violentes déflagrations d’une grenade qu’il avait ramassée plus tôt dans la matinée, lors d’une promenade en brousse avec ses frères.

Une fois rentré chez lui, Mahamat décide de mettre l’objet au feu, pensant avoir trouvé de la nourriture. Il le place sur feu et reste tout près, observant ce qu’il croit être un fruit en train de cuire, impatient de la manger…Quand, soudain, l’objet explose.
Son corps était couvert de blessures, de contusions et de sang. L’explosion lui coûte son avant-bras droit et sa jambe gauche, tous deux amputés. C’est le début d’un long chemin de souffrance pour l’adolescent.
« Je pensais que ma vie allait s’arrêter ce jour-là, les douleurs étaient insupportables », confie-t-il.
 

De l’hôpital à la rééducation : le chemin vers la guérison.


Quatre jours après avoir reçu des soins d'urgence à Sidikédé, Mahamat a été transféré l'hôpital de Birao, faute de moyens suffisants pour traiter son cas sur place. C’est ainsi qu’à bord d’un avion du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Mahamat a été transféré à l’hôpital de Kaga-Bandoro, où il a reçu des soins pendant huit mois. À cette époque, plusieurs services de l’hôpital de Kaga-Bandoro, notamment la chirurgie, la pédiatrie, la maternité ; étaient essentiellement appuyés par le CICR jusqu’en mars 2025. Mahamat y a reçu des soins et a commencé à se déplacer avec deux béquilles. 


Mahamat était accompagné de son oncle maternel Haroune lors de son hospitalisation à l’hôpital de Kaga-Bandoro. Après avoir reçu des soins sur place, il est ensuite parti à Bangui pour suivre une rééducation en kinésithérapie au Centre National de Réadaptation fonctionnelle (CNRF).

« Quand je suis arrivé ici au CNRF, j’étais vraiment émerveillé de rencontrer d’autres personnes dans le même cas que moi, mais qui ont pu remarcher grâce aux prothèses. Je me suis dit qu’après quelques jours en kiné, je pourrais aussi marcher à nouveau comme elles. Ce qui a finalement été le cas après trois semaines. On m’a mis une prothèse à la jambe droite et une autre au bras gauche. Je peux désormais me déplacer sans problème. Aujourd’hui, j’ai hâte de reprendre le chemin de l’école et de travailler dur pour devenir médecin, afin d’aider les personnes qui ont subi une amputation », raconte-t-il, tout joyeux.


Le droit international humanitaire face aux problématiques des restes explosifs de guerre.


Chaque année de nombreux civils sont blessés ou tués par les « restes explosifs de guerre (REG) » à travers le monde. Selon le droit international humanitaire (DIH), les restes explosifs de guerre sont, notamment, des munitions non explosées, telles que des obus d’artillerie ou de mortier, des grenades, des bombes, etc. 
Le DIH interdit l’emploi de certaines armes et exige des parties au conflit qu’elles enlèvent, retirent ou détruisent les REG après la cessation des hostilités afin de rendre l’environnement plus sûr pour les personnes qui retournent dans ces zones.
Entre 2024 et 2025, au total, 2 personnes victimes de REG et 89 blessés d’armes ont bénéficié du soutien du CICR au CNRF.

 

Mahamat en plein exercice de marche après avoir été appareillé.
Félicien Nzapayeke Mamadou / CICR
Félicien Nzapayeke Mamadou / CICR