Communiqué de presse

Pour la présidente du CICR, si les États n’agissent pas maintenant, la barbarie des guerres actuelles deviendra la norme des conflits de demain

Déclaration formulée par la présidente du CICR, Mirjana Spoljaric, en amont de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York, sur la nécessité pour les États d’honorer leurs engagements au titre des règles de la guerre
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CICR

New York (CICR) – La communauté internationale se trouve confrontée à une dure réalité : les règles de la guerre sont bafouées en toute impunité alors que les conflits armés se multiplient et s’intensifient. Des atrocités sont commises à la vue de tous, montrant une banalisation croissante de l’inacceptable. Si le monde ne réagit pas, la barbarie dont nous sommes témoins aujourd’hui deviendra la norme des conflits de demain. 

Le pouvoir protecteur du droit international humanitaire (DIH) ne tient qu’à la volonté politique des dirigeants de l’appliquer. Conformément aux Conventions de Genève, tous les États ont l’obligation non seulement de respecter le DIH, mais aussi de le faire respecter. C’est le moment ou jamais de se battre pour ce droit. 

Si les États ne restaurent pas le respect des règles de la guerre, notre monde risque de sombrer dans des cycles de violence sans fin. Aujourd’hui, des conflits simultanés font rage dans plusieurs régions, semant les graines des guerres futures et menaçant la paix et la sécurité mondiales. 

Au Soudan, les civils font face à des attaques meurtrières, des actes de violence sexuelle généralisés et la destruction délibérée de services vitaux comme les soins de santé et l’approvisionnement en eau, tandis que le monde reste indifférent à leur sort. 

Dans la ville de Gaza, de nombreux civils sont tués, privés de nourriture et déplacés de force – sans aucun endroit sûr où aller – alors que les habitations et les infrastructures essentielles sont systématiquement détruites. En Cisjordanie, les Palestiniens subissent des violences constantes et sont expulsés de leur maison sous l’effet de l’expansion des colonies. 

Dans le cadre du conflit armé entre la Russie et l’Ukraine, des milliers de familles restent sans aucune nouvelle de leurs proches disparus. Des attaques de drones tuent et blessent des civils à des centaines de kilomètres du front. 

Les règles de la guerre sont l’un des outils les plus puissants pour lutter en faveur de la vie humaine, la sécurité, la dignité et, au bout du compte, la paix. Le non‑respect de ces règles trahit les fondements mêmes de l’humanité. En respectant le DIH, les États protègent leur propre population. Enfreindre ces règles, ou laisser d’autres les ignorer, revient à alimenter l’instabilité.

En septembre dernier, le CICR a lancé, conjointement avec l’Afrique du Sud, le Brésil, la Chine, la France, la Jordanie et le Kazakhstan, une initiative mondiale visant à revitaliser l’engagement politique en faveur du droit humanitaire. Je me félicite que 89 États aient depuis rejoint l’Initiative et que ce nombre ne cesse d’augmenter. Hier, les dirigeants des six États à l’origine de l’Initiative ont publié une déclaration pour défendre les règles de la guerre. Ils ont appelé les autres pays à investir dans le DIH, à intégrer ce corps de droit dans leur législation nationale et leur formation militaire, ainsi qu’à se joindre à l’Initiative. Les six États co‑organiseront en 2026 une réunion de haut niveau visant à préserver l’humanité en temps de guerre.

Chaque État a le devoir moral et l’obligation juridique de mettre fin à l’érosion du DIH partout sur la planète. Le sort des millions de victimes des conflits d’aujourd’hui et de demain dépendra des choix faits par les dirigeants du monde entier pour préserver – ou nier – l’humanité dans la guerre. 

À propos du CICR

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) est une organisation neutre, impartiale et indépendante dont le mandat strictement humanitaire découle des Conventions de Genève de 1949. Il porte assistance aux personnes touchées par un conflit armé ou d’autres situations de violence partout dans le monde, mettant tout en œuvre pour améliorer leur sort et protéger leur vie et leur dignité, souvent en collaboration avec ses partenaires de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

Informations complémentaires :

Yuriy Shafarenko, CICR New York, tél. : +1 917 631 1913, yshafarenko@icrc.org

Christoph Hanger, CICR Genève, tél. : +41 79 313 84 61, changer@icrc.org 

Christian Cardon, CICR Genève, tél. : +41 79 574 05 64, ccardon@icrc.org