République de Moldova : des enfants racontent leurs peurs et leurs espoirs pour le futur
Étonnement et réticence... Telles ont été les premières réactions d'un groupe d'enfants âgés de six à dix ans quand, un matin d'hiver plongé dans le froid de la ville de Bender en Transnistrie, ils ont reçu des boîtes de crayons et ont été invités à dessiner.
« Je ne dessinerai rien ! », a lancé d'emblée l'un d'entre eux.
Mais à la fin de la journée, alors que les enfants s'étaient doucement pris au jeu, le petit garçon avait été le plus prolifique de tous. « Ces gens du CICR ne sont pas si méchants », se sont dit les enfants après cette première expérience... et avant de se montrer beaucoup plus enthousiastes dès la séance suivante.
Dix séances de soutien psychosocial ont été organisées dans la région de Transnistrie entre février et avril 2023, en collaboration avec la section de Bender de la Société de la Croix-Rouge de Moldova.
Près de 80 enfants – issus tant des communautés d'accueil que des familles ayant fui le conflit armé international en Ukraine – y ont participé.
Imaginer le futur
Les enfants ont retracé d'une manière saisissante les moments les plus heureux et les plus tristes de leur vie. Quand on leur a demandé de s'écrire une lettre en s'imaginant dans le futur, ils ont exprimé toutes sortes d'émotions et de préoccupations, de l'importance de la famille à l'aisance matérielle, en passant par la peur face aux ennemis et la nostalgie d'un ami qu'on ne voit plus. Dans leurs lettres longues de plusieurs phrases ou de quelques mots seulement, certains ont dit vouloir faire mieux à l'école, apprendre un métier ou créer une entreprise avec 100 lei, tandis que d'autres ont simplement émis le vœu de rentrer chez eux.
Si de nombreux enfants ont d'abord été réticents à l'idée de lire leur message au groupe, la plupart ont fini par se prêter au jeu.
Les plus anxieux et les plus timides ont davantage eu besoin d'être mis en confiance avant de parvenir à s'ouvrir aux autres.
Les enfants ont eux-mêmes souligné l'importance pour eux de « dire les secrets qu'ils n'avaient jamais confiés à personne ».
Et une fois les langues déliées, les rôles se sont inversés, les enfants donnant des conseils à l'équipe du CICR. « Nous ne devrions pas lire nos lettres à voix haute, car un vœu dévoilé ne se réalise pas ! », ont-ils fait remarquer.
Former des volontaires en vue d'aider les communautés locales
Ces séances avec des enfants ont remporté un tel succès que l'équipe du CICR spécialisée en santé mentale et soutien psychosocial à Chisinau a décidé d'aider la Société de la Croix-Rouge de Moldova, plus précisément ses sections de Balti (dans le nord du pays) et de Bender, à renforcer ses capacités dans ce domaine. Dans chacune de ces sections, deux animateurs ont été chargés de planifier et d'organiser des activités de soutien psychosocial à l'intention des communautés locales, notamment des personnes qui ont fui l'Ukraine, et d'en assurer le suivi.
Ces activités ont été menées par des volontaires préalablement formés pour déterminer les facteurs ayant un impact sur le bien-être des personnes touchées par un conflit, reconnaître les symptômes psychologiques des troubles psychosociaux, savoir quand et comment orienter les personnes concernées vers d'autres services, encadrer une discussion de groupe et organiser des activités de sensibilisation et d'éducation psychosociale pour les enfants et les adultes. Au total, 33 volontaires – des psychologues, des travailleurs sociaux, des professeurs de psychologie, des étudiants et des représentants des autorités locales – ont suivi cette formation.
Le CICR a par la suite organisé une discussion de groupe afin d'entendre directement des personnes ayant fui l'Ukraine et trouvé refuge en Moldova, de connaître leurs besoins et de savoir si elles avaient accès à des services de santé mentale.