Syrie : en 2014, le coût en vies humaines et les défis humanitaires se sont multipliés

03 février 2015
Syrie : en 2014, le coût en vies humaines et les défis humanitaires se sont multipliés
Homs, janvier 2015 / CC BY-NC-ND/ICRC / T.Voeten

Les chiffres de 2014 en disent long sur les souffrances endurées par les Syriens et sur l'aide qui a dû, de ce fait, être déployée par des organisations humanitaires comme le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

Rien ne permettant d'augurer d'une issue à la crise actuelle, la détresse dans laquelle vivent des millions de gens ordinaires en Syrie et dans toute la région n'en sera que plus profonde en 2015. D'après les chiffres actuels, près d'un tiers des 22 millions d'habitants que comptait la Syrie avant la guerre vit aujourd'hui dans des zones assiégées ou a cherché refuge ailleurs dans le pays. Plus de trois millions d'autres Syriens ont fui en direction des pays voisins ou même plus loin.

L'année 2014 a donc été une année extrêmement dure pour la délégation du CICR en Syrie. Les risques en matière de sécurité ont été un autre problème majeur. Les distributions d'aide ont souvent été retardées ou reportées. Le CICR entretient un dialogue franc et ouvert avec les autorités et les autres parties au conflit. Ce dialogue régulier vise à obtenir des garanties en matière de sécurité pour que l'acheminement de l'aide humanitaire puisse se faire sans risques. Malgré les contraintes et les inquiétudes, les employés et volontaires du Croissant-Rouge arabe syrien, aidés par le CICR, ont distribué tous les mois des vivres et des articles ménagers essentiels à un demi-million de personnes vulnérables dans tout le pays. Ces distributions ont atteint un nombre record depuis le début du conflit, il y a aujourd'hui presque quatre ans.

 

Interview avec Boris Michel, tout juste de retour de Syrie après la fin de sa mission comme chef de notre délégation à Damas.

« Nous nous félicitons du fait que le Croissant-Rouge arabe syrien et le CICR puissent accéder plus facilement aux personnes qui ont besoin d'être secourues, même à travers les lignes de front », déclare Boris Michel, le chef sortant de la délégation du CICR en Syrie. Mais bien que l'accès aux zones les plus durement touchées se soit amélioré, cette amélioration a été contrebalancée par l'étendue et l'ampleur des besoins : « On doit nous permettre de faire beaucoup plus. Pour les civils et ceux qui ne participent plus aux combats, pouvoir accéder en tout temps à des biens et services essentiels tels que l'eau et les soins de santé est un droit. Les blessés et les malades doivent aussi pouvoir accéder sans risques aux soins de santé dont ils ont besoin ; c'est souvent une question de vie ou de mort pour ceux qui sont blessés dans des combats ou qui souffrent d'une maladie chronique. »

En 2014, les services locaux de l'eau ont travaillé avec des ingénieurs du Croissant-Rouge arabe syrien et du CICR à réparer les installations et à garantir l'approvisionnement en eau pour 15 millions de personnes, tant dans les zones urbaines que rurales. Des délégués du CICR ont aussi visité des détenus dans des lieux de détention et participé aux efforts de réconciliation locaux en tant qu'intermédiaires neutres. Des employés et des volontaires du Croissant-Rouge arabe syrien ont bénéficié de formations et d'un soutien financier pour les aider à développer leurs activités humanitaires.

Depuis le début du conflit, 40 volontaires du Croissant-Rouge arabe syrien et sept autres du Croissant-Rouge palestinien sont tragiquement morts pendant l'exercice de leur mission. Quant aux trois collaborateurs du CICR enlevés en 2013, ils sont toujours détenus. « Que des humanitaires qui sont en train de faire leur travail soient pris pour cible, de quelque façon que ce soit, est déplorable et ne devrait jamais arriver », affirme Boris Michel.

Le CICR a quelque 300 collaborateurs en poste à Damas, Tartous et Alep. Il envisage d'ouvrir d'autres bureaux dans le nord et le sud du pays en 2015 pour être plus près des communautés vulnérables et des personnes se trouvant dans des zones difficiles d'accès et au-delà des lignes de front, et pouvoir leur apporter une aide efficace.

« Le travail neutre, indépendant et impartial du CICR est fondamental pour asseoir des relations de confiance avec toutes les parties et pour garantir que notre présence sera acceptée partout où elle est le plus nécessaire, explique M. Michel. » « Sachant que notre approche est guidée par nos Principes, nous devrions être autorisés à être davantage présents pour soulager les souffrances de la population et faire face à des besoins qui vont augmenter ces prochains mois. »

Informations complémentaires :

Umar Phiri, ICRC Damascus, tel : +963 991 186 694
Jessica Barry,ICRC Beirut, tel: +961 79 300 721
Dibeh Fakhr, CICR Genève, tél. : +41 22 730 37 23 ou +41 79 447 37 26