Yémen : le système de santé proche du point de rupture à cause du choléra

Genève/Sanaa (CICR) – Alors que l'épidémie de choléra se propage à un rythme sans précédent et que le nombre de cas présumés explose – avec une personne sur 200 suspectée d'avoir contracté la maladie –, le CICR redouble d'efforts pour faire face à la crise. Le système de santé publique yéménite, déjà mis à rude épreuve par le conflit en cours dans le pays, peine à prendre en charge les malades.

«Au cours de la semaine dernière, on faisait état de plus de 5 000 nouveaux cas suspects chaque jour. La propagation de l'épidémie, qui s'est déclarée il y a maintenant plus d'un mois, s'accélère», explique María del Pilar Bauza Moreno, coordinatrice santé du CICR au Yémen. «Il est préoccupant de voir que les cas graves de choléra présumés constituent désormais près de la moitié de la totalité des cas, c'est-à-dire deux fois plus que ce que nous observons généralement lors d'épidémies comme celle-ci», ajoute-t-elle. Selon les autorités sanitaires de la capitale, Sanaa, le nombre de cas présumés à l'échelle du pays dépassait 124 000 il y a deux jours, et celui des morts des suites de l'infection, 900.

«Deux années de conflit armé ont amené le système de santé du Yémen au bord de l'effondrement. Cette épidémie de choléra est la preuve la plus récente et la plus visible du fait que la population et les structures ont été gravement affaiblies par cette guerre et la manière dont elle est menée», indique Alexandre Faite, chef de la délégation du CICR au Yémen. «L'absence d'entretien des systèmes d'eau et d'égouts et les attaques qu'ils ont subies, sans compter les restrictions drastiques auxquelles est soumise l'importation de biens de première nécessité comme les pièces détachées et le carburant, ont conduit à une situation telle que des millions de personnes n'ont aujourd'hui pas accès à l'eau potable.»

En coopération avec le Croissant-Rouge du Yémen, le CICR a rapidement répondu à cette crise qui a amené les autorités sanitaires de Sanaa à déclarer l'état d'urgence le 14 mai. Au cours des dernières semaines, quatre avions affrétés par le CICR ont transporté de grandes quantités de chlore, de solution intraveineuse et d'autres fournitures médicales au Yémen. Les personnels de santé et les ingénieurs du CICR travaillent jour et nuit pour apporter leur soutien à des établissements médicaux et des centres de détention dans 14 gouvernorats, améliorer la gestion des cas et les conditions générales d'hygiène et d'assainissement, et sensibiliser la population aux mesures de prévention. Le choléra est une maladie transmise par l'eau qui peut se propager rapidement dans les zones densément peuplées où de mauvaises conditions d'hygiène et d'assainissement sont à déplorer.

L'institution s'emploie en outre à acheminer 200 000 flacons d'insuline à Sanaa et à Aden, afin de soutenir les structures de santé qui ont du mal à soigner les personnes souffrant de maladies chroniques comme le diabète.