Sénégal : face à la montée des crises humanitaires, le CICR lance un appel urgent devant la CADHP

Dans un contexte mondial marqué par une escalade alarmante des conflits et une augmentation des besoins des populations, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a saisi l'opportunité de la 83ème Session ordinaire de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP), à Banjul, pour tirer la sonnette d'alarme. Par la voix de son chef de délégation régionale à Dakar, l'organisation a souligné l'urgence de renforcer le respect du droit international humanitaire (DIH) – un ensemble de règles qui protège les victimes des conflits armés, trop souvent bafoué.
Un partenariat pour préserver la dignité humaine
Le CICR considère la CADHP comme un allié incontournable dans sa mission de protection et d'assistance aux personnes affectées par les violences armées.
"Notre quête constante d’un meilleur respect de cette branche du droit nous amène à voir la Commission africaine des Droits de l’Homme et des Peuples comme un partenaire stratégique pour la réalisation de nos mandats respectifs," a affirmé Jean-Nicolas Marti, chef de la délégation régionale du CICR à Dakar.
Cette collaboration se matérialise notamment par des efforts conjoints pour la mise en œuvre de la Convention de Kampala de l’Union Africaine, un instrument crucial pour la protection et l’assistance aux personnes déplacées internes en Afrique, un continent particulièrement éprouvé par ce phénomène.
L'inacceptable montée des souffrances civiles
L'augmentation de l'ampleur et de l'intensité des conflits, que ce soit en République démocratique du Congo (RDC), au Soudan, ou dans les pays du Sahel, engendre des conséquences humanitaires importantes. Les déplacements massifs de populations fuyant les violences, les attaques directes et indiscriminées contre les civils et leurs biens, le ciblage délibéré d'infrastructures vitales telles que les hôpitaux, et la réduction drastique de l'espace humanitaire sont devenus pour de trop nombreux civils une réalité quotidienne intolérable.
"Le non-respect des règles fondamentales préservant la dignité humaine en situation de conflit ne cesse de croître, ce qui met en danger des vies humaines, des infrastructures essentielles et des perspectives de paix souvent déjà fragiles," a alerté Jean-Nicolas Marti.
Ces violations du DIH ne sont pas de simples dommages collatéraux ; elles représentent une négation fondamentale de notre humanité partagée et sapent les fondations mêmes d'un ordre international basé sur le droit. La protection des civils, pierre angulaire du DIH, est systématiquement mise à mal, laissant des communautés entières dans le dénuement et le désespoir.
L'Initiative mondiale pour le DIH : un sursaut nécessaire
Face à cette érosion préoccupante du respect du DIH, le CICR, conjointement avec six États – le Brésil, la Chine, la France, la Jordanie, le Kazakhstan et l'Afrique du Sud – a lancé en septembre 2024 l'Initiative mondiale pour le DIH. L'objectif est clair et ambitieux : revitaliser et mobiliser l’engagement politique au plus haut niveau pour garantir l'application effective et universelle du DIH dans tous les conflits armés.
Cette initiative est une démarche structurée et inclusive qui vise à faire du DIH une priorité politique incontournable aux niveaux ; mondial, régional et national.
Un appel à l'action avec l'Afrique en première ligne
Le processus de consultation de cette initiative a déjà débuté, avec une première session consacrée à la protection des infrastructures civiles en avril dernier. D'autres suivront en 2025 et 2026, culminant par une réunion mondiale fin 2026 qui visera à réaffirmer solennellement l'engagement des États à défendre l'humanité dans la guerre.
"Notre démarche est inclusive, constructive et orientée vers des actions concrètes," a également insisté le chef de la délégation régionale du CICR à Dakar, invitant tous les États, signataires des Conventions de Genève, à se joindre à cet effort collectif.
L'implication des États africains est particulièrement attendue et saluée. L'Afrique du Sud a joué un rôle moteur dans le lancement de l'initiative, tandis que la Sierra Leone et la Mauritanie y participent activement. Le CICR encourage vivement tous les autres États du continent à rejoindre ce mouvement essentiel. Les organisations internationales, et singulièrement la CADHP, ont également un rôle crucial à jouer, en offrant des plateformes de dialogue et en intégrant le respect du DIH dans leurs relations multilatérales et bilatérales.