Déclaration

La présidente du CICR : lorsque les règles de la guerre sont appliquées de manière sélective, elles perdent leur pouvoir protecteur

La présidente du CICR, Mirjana Spoljaric, a prononcé le discours d’ouverture de la septième édition des Conversations Tocqueville en Normandie (France), le 27 juin 2025.

Mesdames et Messieurs, mes chers collègues,

Je suis particulièrement honorée et ravie de me trouver parmi vous aujourd’hui. Les écrits et la pensée d’Alexis de Tocqueville ne sont pas sans affinités avec le thème que je souhaite aborder ici, à savoir l’importance et le potentiel des normes de droit.

Permettez-moi de commencer par souligner que le CICR et l’Europe sont étroitement associés. Notre mission est ancrée dans l’histoire de ce continent.

Pourquoi ? Parce que qui dit « guerre » dit nécessairement aussi « sacs mortuaires ». Lorsque l’on parle d’investissements dans le secteur de la défense, c’est un point qu’il faut garder présent à l’esprit.

Voici plus de 160 ans, le 24 juin 1859, Henry Dunant était témoin de la bataille sanglante de Solferino. Ce qu’il vit ce jour-là allait inspirer, plus tard, la création du Comité international de la Croix-Rouge.

Bouleversé par les souffrances des soldats blessés abandonnés sans secours, Dunant lança une idée révolutionnaire, celle d’un traité qui contraindrait les armées à prendre soin des blessés, tout en instituant des sociétés nationales de la Croix-Rouge (et, plus tard, du Croissant-Rouge).

L’héritage de Solferino est toujours vivant. Il est présent dans des accords relatifs aux règles de la guerre, universellement ratifiés, et il anime les activités du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge dans le monde entier.

C’est toutefois l’ampleur sans précédent des souffrances infligées par la Seconde Guerre mondiale qui déclencha la révision et l’élargissement des Conventions de Genève de 1949.
Quelles leçons devons-nous retenir de ces faits ?

Ils nous montrent que l’Europe a été le berceau d’un ensemble sans équivalent de traités internationaux véritablement universels. Depuis, l’Europe s’est efforcée d’être un bastion des valeurs qui sous-tendent la paix et la stabilité internationales : la solidarité, la dignité humaine et la primauté du droit.

Aujourd’hui, ces présupposés fondamentaux sont gravement menacés.

Défendre le droit international humanitaire (DIH) n’est pas qu’une obligation légale : c’est une réaffirmation de l’engagement européen en faveur des normes fondatrices du contrat social entre un État et sa population, et de l’ordre fondé sur des règles qui régit les relations entre États.

Les règles acceptées de tous, ainsi que l’engagement des États de les défendre, ont fait leurs preuves en tant que piliers efficaces et durables de la paix et de la prospérité économique.
Lorsqu’il est respecté, le DIH permet de protéger la vie et la dignité humaines, même en temps de guerre. Si quelque chose m’empêche de dormir depuis que j’ai pris mes fonctions au CICR voici deux ans, ce n’est pas tant le fait que le DIH est régulièrement violé. C’est plutôt le laxisme de son interprétation par les belligérants et leurs alliés ; le risque réel encouru par l’humanité réside dans le mépris et le rejet des règles de la guerre et du droit.
L’histoire a montré que lorsque les obstacles à la déshumanisation de l’ennemi sont vidés de leur contenu, ou lorsque cette déshumanisation est délibérément tolérée par la communauté internationale, la violence connaît une escalade irrépressible et les conséquences deviennent rapidement impossibles à maîtriser.

Aujourd’hui, le monde est en proie aux flammes. Les conflits se multiplient et gagnent en intensité. Le Comité international de la Croix-Rouge recense aujourd’hui quelque 130 conflits armés dans le monde. C’est davantage qu’il y a un an, et bien plus qu’il y a 25 ans.

Le nombre d’acteurs armés impliqués dans les conflits armés est à la hausse lui aussi. Nous constatons, par exemple, que les personnes vivant sous l’autorité de groupes armés non étatiques sont de plus en plus nombreuses. Et selon nos estimations, plus de 210 millions de personnes — dont près de la moitié en Afrique — vivent dans des zones entièrement contrôlées ou contestées par des groupes armés.

La guerre ne s’arrête jamais aux frontières. Ses conséquences gagnent les pays voisins, à travers les crises de réfugiés, les marchés mondiaux, à travers les répercussions économiques en cascade, et créent de nouvelles menaces contre la sécurité, qui risquent de frapper là et quand nous nous y attendons le moins.

Le DIH n’a pas été créé pour empêcher la guerre ni pour prévenir les investissements dans les systèmes de défense ; il a pour mission de faire obstacle à la barbarie. Si les États ne défendent pas ces règles avec fermeté, ils acceptent la possibilité de destructions irréversibles et de souffrances sans limites. Lorsque les personnes qui détiennent la puissance militaire rejettent les règles qui protègent les civils et les infrastructures civiles en temps de guerre, c’est leur propre population qui risque d’en subir les conséquences.

Défendre les cadres normatifs qui sous-tendent le multilatéralisme et la coopération internationale n’est pas une manifestation de faiblesse politique, mais bien de courage politique. C’est un investissement dans la stabilité, dans la prospérité — et dans la survie — en un temps de mutations géopolitiques fondamentales, et pourtant extrêmement floues et imprévisibles.

Le « deux poids, deux mesures » n’est pas de mise : une vie humaine est une vie humaine.
Si le DIH est appliqué de manière sélective, il est mis au service de la politique et non de la protection. Nul ne souhaite vivre dans un monde où les règles de la guerre s’appliqueraient à l’ennemi, mais pas à soi-même ou à ses alliés. Enfreindre ces règles revient à s’engager sur la voie de la déchéance morale qui mène directement à ce que les philosophes appellent l’état de nature, en d’autres termes la loi de la jungle. Ce n’est pas ce que nous souhaitons.
Dénoncer ses ennemis dans des déclarations publiques ne signifie pas que l’on défend les règles de la guerre. Ce ne sont là que des postures politiques.

Car nul ne combat seul.

J’ai eu l’occasion de m’exprimer devant le Conseil de sécurité des Nations Unies au mois de septembre dernier, puis à nouveau il y a un mois. J’ai souligné, à ces deux occasions, que les États qui voient leurs alliés enfreindre les règles de la guerre ont le devoir de les interpeller et d’exiger qu’ils mettent un terme à ces violations. Dénoncer ses ennemis n’a guère d’effets — voire aucun effet du tout, comme nous le constatons sur le terrain — sur la réalité que subissent les civils en temps de guerre.

Les Conventions de Genève sont claires : l’expression « faire respecter » signifie que chaque État doit non seulement observer lui-même le DIH, mais encore prendre des mesures destinées à promouvoir le respect du DIH par autrui. Ce principe est d’application universelle, ce qui signifie que les États tiers — ceux qui ne participent pas au conflit — ont eux aussi la responsabilité d’agir lorsque sont commises de graves violations.

On peut être complice, même si l’on ne presse pas soi-même sur la détente.

Lorsque les règles sont appliquées de manière sélective, elles perdent leur pouvoir de protection. Le « deux poids, deux mesures » ne fait pas que saper le droit : il alimente l’impunité, prolonge les souffrances et érode la confiance entre les populations et les États.

Le DIH a pour objet de protéger tous les civils, ainsi que les personnes qui ne participent plus aux hostilités. Il a été conçu pour combattre le « deux poids, deux mesures » dans la guerre. Au regard du DIH, toutes les parties doivent être traitées sur un pied d’égalité dans les conflits, et les mêmes règles doivent s’appliquer de part et d’autre des lignes de front.

Il ne s’agit pas là d’une question abstraite, car lorsque le DIH est respecté, toutes les parties en bénéficient. Le DIH sauve des vies. Il évite la torture, les violences sexuelles et les prises d’otages. Il requiert que les hôpitaux, les maisons et les écoles soient épargnés par les hostilités. Il exige que toutes les personnes capturées et détenues dans un conflit soient traitées avec humanité. Il précise que les blessés et les malades doivent être soignés et que les civils ont le droit de recevoir une assistance humanitaire.

Lorsque les États invoquent des circonstances « exceptionnelles » qui les placeraient au-dessus du droit, ils ne commettent pas seulement des entorses aux règles. Ils sapent les fondements mêmes du cadre juridique conçu pour protéger leur propre population.

Tous les États ont ratifié les Conventions de Genève. Les obligations qu’elles contiennent ne sont pas facultatives, pas plus qu’elles ne dépendent de la manière dont la guerre a commencé. Les États ne peuvent pas justifier que soient pris pour cible des civils et des infrastructures civiles, ni que des objectifs militaires soient attaqués de manière disproportionnée, en invoquant la légitime défense. La force de ces règles réside dans leur application systématique et dans la volonté politique d’accorder la priorité au principe d’humanité, tout spécialement lorsque cela est difficile.

Les règles de la guerre s’appliquent aussi, de manière uniforme, à toutes les personnes qui ne participent pas aux combats, y compris les personnes capturées. Ces protections sont indépendantes du statut que l’autorité détentrice attribue aux détenus. Ainsi, le DIH ne prévoit aucune « exception pour terrorisme ». Les règles de la guerre s’appliquent à toute personne capturée pendant un conflit. Il en découle que la torture, ainsi que les traitements cruels, inhumains ou dégradants, sont interdits en tout temps. La voie vers la paix commence très souvent dans une cellule de prison, par le traitement que l’on réserve à son ennemi.

Le DIH n’est pas conçu pour les jours de paix où l’espoir règne. Il est fait pour les jours les plus sombres de l’humanité, lorsque le conflit armé fait rage et lorsque les populations encourent de graves dangers.

Il est crucial que les États s’abstiennent de se retirer des traités ou conventions qui garantissent la sécurité des personnes vulnérables et qui atténuent les horreurs de la guerre. Or, nous voyons aujourd’hui des pays européens envisager et prévoir de dénoncer certains traités humanitaires fondamentaux.

Le « deux poids, deux mesures » et l’invocation de circonstances exceptionnelles ne sont pas l’apanage de l’Occident, mais si l’identité européenne réside dans l’incarnation de certaines valeurs, alors il faut s’appliquer à soi-même et à ses alliés les mêmes normes dont nous attendons le respect par autrui.

Le monde est en quête d’autorités morales. Les jeunes aussi. Or, dans ce domaine, tout commence par la conviction que tous les êtres humains sont égaux.

Je voudrais aussi dire un mot de l’insensibilité et du risque de l’indifférence. 

Il fut un temps où le monde était bouleversé à la vue de corps humains déchiquetés par des bombes ou d’enfants mourant de faim. Aujourd’hui, nous faisons défiler ces images sans plus les voir.

Or, qu’advient-il de la dignité humaine lorsque les atrocités diffusées en direct suscitent des paroles, mais aucun acte concret ? Et que se passe-t-il si nous devenons insensibles à la souffrance ?

À Gaza, nous voyons aujourd’hui une population entièrement dépouillée de sa dignité humaine. Si notre conscience collective n’est pas bouleversée par cette situation, alors — permettez-moi de vous poser la question — qu’est-ce qui pourrait donc nous émouvoir ? Nous ne saurions devenir indifférents face à de telles souffrances humaines.

J’ai dit à l’instant qu’il fallait éviter le « deux poids, deux mesures » dans l’application du droit, mais veillons aussi à ne pas le tolérer en matière de compassion.

La vie d’un enfant à Gaza a exactement la même valeur que celle d’un enfant en Israël. La vie d’un enfant en Ukraine vaut celle d’un enfant en Russie. La vie d’un enfant en France vaut ni plus ni moins que celle d’un enfant au Soudan, au Myanmar ou en République démocratique du Congo.

Si, de manière inconsciente, nous établissons un classement entre des vies humaines, si nous établissons une échelle de la dignité humaine parce que nous considérons que telle ou telle vie mérite davantage de protection et de dignité qu’une autre, alors nous ouvrons la porte à une logique qui pourra, un jour, être utilisée contre nous-mêmes et nos enfants. 
Nul ne devrait considérer les événements de Gaza — ou d’Ukraine, du Soudan ou du Myanmar — comme un enjeu lointain, sans grand effet sur nos vies. C’est là une conception à courte vue.

Permettez-moi de vous expliquer pourquoi. Votre pays n’est peut-être pas en guerre aujourd’hui. Il se peut que votre famille demeure loin des lignes de front. Mais le vent tourne. De nouveaux conflits éclatent. L’Europe doit défendre les règles de la guerre aujourd’hui, car à défaut nous accepterions un monde où les guerres pourront être menées avec une barbarie et une intensité croissantes.

Je répète régulièrement aux dirigeants européens le message suivant : si vous voulez protéger votre propre population, vous devez protéger les principes fondamentaux inscrits dans le droit international, même lorsque cela est malcommode.

Rejeter le droit au nom de l’intérêt national relève d’une vision à court terme lourde de conséquences à long terme, car elle détermine la manière dont seront conduits les conflits de demain ; or, nous ne saurions permettre que les critères soient encore affaiblis, parce que le monde est déjà en proie aux flammes.

Si tout est permis, alors personne n’est en sécurité. Les décisions prises aujourd’hui sont déterminantes pour le monde de demain. Les guerres menées actuellement ont des répercussions d’un théâtre de conflit à l’autre ; c’est ce que nous constatons sur le terrain. Elles influent sur les limites de ce qui est acceptable. Si nous continuons à faire des entorses aux règles jusqu’à les rendre méconnaissables, alors nous acceptons de fait que telle pourrait être désormais la norme pour le traitement de tous les civils, y compris si la guerre arrive à nos portes.

Les effets en cascade de l’escalade des conflits sont immédiats et concrets. Partout en Europe, des villes renforcent déjà les mesures de sécurité. Les gouvernements émettent des avertissements aux voyageurs. Pour inverser cette tendance, il faut que les États investissent davantage dans la désescalade et la paix, ce qui englobe le respect de la lettre comme de l’esprit des règles de la guerre. Respecter l’esprit du droit, et non pas vider le droit de sa substance.

Nous voyons surgir un autre danger, qui exacerbe le risque du « deux poids, deux mesures ». Les avancées technologiques accentuent les inégalités et l’opacité de la guerre. Tout État, tout groupe armé, peut recourir à des techniques de pointe — les drones, les armes autonomes, les cyberoutils — à une échelle bien plus grande et avec un degré de contrôle bien moindre que jamais par le passé.

Outre les affrontements brutaux et cinétiques au moyen de lourdes armes explosives dernier cri, ce sont les drones et la guerre électronique qui gagnent du terrain de nos jours et déterminent les événements sur le terrain. Les lignes de front évoluent en fonction des technologies. La guerre n’est plus confinée aux tranchées ou à la maîtrise de territoires physiques : elle s’étend sur des distances considérables et gagne le monde numérique et le cyberespace.

Dans ce contexte, le « deux poids, deux mesures », loin de disparaître, se trouve gravé dans les lignes de code des systèmes appelés à décider qui aura la vie sauve et qui mourra. Lorsque la décision est guidée par des algorithmes, il devient encore plus ardu d’identifier les responsabilités, sans même parler d’exiger une obligation de rendre compte.

Alors même que nos capacités de tuer et de détruire progressent avec chaque avancée technologique, notre engagement en faveur des règles qui limitent ces destructions se réduit. Il s’agit là d’une contradiction dangereuse. Les États doivent faire en sorte que le DIH soit adapté aux enjeux de demain et reconnaître que cette tâche sera bien plus ardue si nous sapons aujourd’hui les fondements du droit.

De nos jours, le DIH est confronté à ce que l’on appelle le dilemme du prisonnier ; il en va de même pour nous en tant que citoyens. 

Le meilleur résultat pour tous serait que l’ensemble des parties respectent le droit, tout comme en matière de commerce international. Cela permettrait de réduire les dommages subis par les civils touchés par la guerre, et de renforcer la sécurité pour chacun d’entre nous. 

Le pire des résultats serait que personne ne respecte le droit, ce qui enclencherait un engrenage de représailles sans fin, affaiblissant les critères de la conduite des hostilités dans les conflits futurs.

Chacun agit pour emporter la victoire, mais ce faisant tous s’engagent sur la voie de l’autodestruction. Les règles sont rejetées, les normes ignorées et les lignes rouges estompées, avec pour résultat un monde qui dérive vers la peur et une incertitude permanente, dans lequel seule compte la loi du plus fort.

Si les guerres sont menées avec une mentalité de « victoire totale » ou « nous agissons ainsi parce que nous pouvons le faire », alors le message envoyé à l’ennemi — mais aussi à tout porteur d’armes, où qu’il se trouve sur la planète — est qu’il n’existe plus aucune règle devant être respectée.

C’est ainsi que toute notion d’humanité risque de finir par disparaître dans la guerre. La barre du respect du droit est constamment abaissée et renforce le présupposé selon lequel, puisque votre adversaire violera les règles admises, il est dans votre intérêt de faire de même.

Comment sortir de cette impasse ? C’est la question que je me pose depuis mon entrée en fonction au CICR. Nous n’y parviendrons qu’en réinvestissant dans l’universalité du respect du droit.

L’Europe doit faire preuve d’initiative, en veillant à ce que les accords internationaux conclus sur les ruines de la Seconde Guerre mondiale redeviennent sa priorité politique. Cela commence par les principes fondamentaux inscrits dans les Conventions de Genève.

Au mois de septembre dernier, le Comité international de la Croix-Rouge, avec l’appui de la France, de l’Afrique du Sud, du Brésil, de la Chine, de la Jordanie et du Kazakhstan, a lancé une initiative mondiale pour inciter les États à prendre position en faveur de ces règles universelles permettant de sauver des vies.

Plus de 75 États, dont la majorité des pays européens, ont déjà répondu présent, et nous appelons l’ensemble des États du monde à suivre leur exemple. Ces pays, dont la France, ont accompli un effort exceptionnel parce que la situation actuelle l’exige. Nous devons trouver des moyens d’abattre les cloisonnements géopolitiques et de créer une plateforme multilatérale d’un type nouveau afin de revitaliser le respect des lois de la guerre.

En saisissant simultanément l’opportunité créée par l’initiative mondiale, des États de toutes les régions du monde s’emploient sincèrement à échapper à ce dilemme du prisonnier. L’initiative crée une plateforme, ouverte à tous les pays, leur permettant de démontrer leur volonté de défendre ensemble les règles de la guerre dans leur capacité nationale, par leur volonté propre et non parce qu’ils y seraient contraints.

C’est une occasion donnée aux dirigeants du monde entier pour affirmer clairement que, 80 ans après des crimes qui figurent parmi les pires de l’histoire, ils entendent préserver un espace normatif qui protège les générations futures.

L’Europe doit jouer un rôle de premier plan dans l’initiative mondiale et soutenir la France dans ses efforts.

Nous appelons les États européens à réaffirmer et à défendre les plus hautes valeurs morales, sur le continent mais aussi au-delà. Tel est le signal concret qui est si nécessaire de nos jours.

En conclusion, je tiens à souligner qu’accepter des guerres sans fin signifie accepter l’idée d’un monde perpétuellement en proie aux flammes, où les cycles de violence, de souffrances et de destruction deviennent la norme plutôt que l’exception. Cette voie n’a rien d’inévitable, mais changer de cap exige clarté morale, volonté politique et courage, et surtout une authentique vision de paix.

Aujourd’hui, l’Europe accorde la priorité aux investissements dans la défense tout en réduisant l’assistance humanitaire. Cette attitude paradoxale n’aura de sens que si les dirigeants européens mettent en pratique les valeurs et les principes qu’ils proclament. Ils doivent défendre haut et fort, sans ambiguïté, les règles de la guerre, non pas par commodité ou par calcul politique, mais bien pour investir à long terme dans la paix, la stabilité et la prospérité mondiales.

Il importe de redoubler d’efforts pour mettre un terme aux guerres, pour trouver des moyens de désamorcer les conflits. Cet investissement commence par l’Europe, qui doit exiger d’elle-même et de ses alliés le respect des mêmes normes qu’elle attend de voir observées par autrui.

L’Europe est aujourd’hui à la croisée des chemins. Nous devons faire du continent un bastion des règles de la guerre, prêt à investir pour les respecter et les faire respecter.
Les dirigeants européens doivent renouveler leur engagement pour préserver la suprématie d’un ordre fondé sur des règles contre le pouvoir de la violence.
Je vous remercie.