Tindouf : les personnes derrière les prothèses

  • Soufie
    Soufie
    Soufie, un éleveur originaire du camp de réfugiés de Smara, patiente pendant que les orthopédistes prennent des mesures pour sa cinquième prothèse de remplacement. Au début des années 2000, Soufie s’est rendu à l’est du mur de sable à la recherche d’un endroit propice pour y conduire son troupeau. Ce voyage allait changer sa vie pour toujours. Sur sa route, il croise un engin non explosé qui lui fait perdre une partie de sa jambe droite. Malgré les difficultés initiales, Soufie était déterminé à retrouver sa mobilité et son indépendance. Il a été l’un des premiers patients à visiter le Centre Martyr lors de son ouverture en 2008. Il fait désormais partie intégrante du centre et est un exemple à suivre pour les autres patients, qu’il encourage à toujours à aller de l’avant.
    Maria Carolina Aissa/CICR 2018
  • Khatri
    Khatri
    Khatri apporte les dernières touches à une nouvelle prothèse pour Soufie. Bien qu’il soit le dernier à avoir rejoint l’équipe d’assistants orthopédistes du centre, Khatri est certainement l’un des plus compétents et des plus pointilleux. Au cours de la dernière année, il a travaillé sous la tutelle de deux spécialistes des prothèses pour apprendre à fabriquer tous types d’appareils orthopédiques : prothèses, orthèses et autres matériels d’aide à la mobilité.
    Maria Carolina Aissa/CICR 2018
  • Mohamed
    Mohamed
    Mohamed est un papa et un ancien soldat qui vit à l’est du mur de sable. Aujourd’hui, il a fait le déplacement jusqu’au centre en parcourant une distance de plus de 300 kilomètres pour remplacer sa prothèse. Lors d’une opération de déminage au nord-est du mur de sable, à la fin des années 80, un engin explose subitement et lui fait perdre sa jambe droite. Pendant plus d'une décennie, Mohamed a dû effectuer de longs et coûteux voyages vers l’Espagne chaque fois qu'il devait remplacer ou réparer sa prothèse. Lorsque le centre Martyr Cherif a ouvert ses portes en 2008, il était l'un des tout premiers patients à s’y rendre. Désormais, son périple est moins pénible et il espère maintenant témoigner de sa reconnaissance en aidant sa communauté et en travaillant avec des acteurs tels que le Bureau de coordination de l'action contre les mines sahraouies (SMACO) pour sensibiliser la jeunesse sahraouie aux dangers des objets non explosés.
    Maria Carolina Aissa/CICR 2018
  • Mohamed
    Mohamed
    Sinia aide Mohamed à essayer sa nouvelle prothèse pour s’assurer qu’elle est bien ajustée avant de l’accompagner pour une petite balade dans la cour du centre.
    Maria Carolina Aissa/CICR 2018
  • Sinia
    Sinia
    Sinia réside dans le camp de réfugiés de Boujdour. Elle est l’unique femme parmi les premiers orthopédistes dans les camps de réfugiés sahraouis. Sinia met les patients à l'aise grâce à son sourire et un sens de l'humour contagieux, mais elle les rassure également par sa maîtrise et son savoir-faire techniques. Sinia prend toujours le temps d’expliquer le fonctionnement des appareils et les outils utilisés dans la fabrication.
    Maria Carolina Aissa/CICR 2018
  • Khatri
    Khatri
    Khatri apprend de nouvelles techniques auprès de son mentor Tayeb tout en prenant soigneusement les mesures du moule qu'il vient de fabriquer pour accueillir une nouvelle prothèse. Fabriquer un moule nécessite souvent plusieurs tentatives, car la précision est essentielle.
    Maria Carolina Aissa / CICR 2018
  • Tayeb
    Tayeb
    Tayeb tient dans ses mains le produit final : une prothèse tibiale pour Ahmed. Produire une prothèse n’est pas seulement une question technique, mais aussi esthétique. Une prothèse agréable à l'œil aidera grandement le patient amputé à s'adapter à la vie avec un membre artificiel, en lui donnant l’assurance nécessaire pour réintégrer la communauté en tant que personne handicapée.
    Maria Carolina Aissa / CICR 2018
  • Ahmed
    Ahmed
    Deux semaines plus tard, Ahmed, qui vit au camp de réfugiés de Smara, se rend au centre Martyr Cherif pour récupérer sa nouvelle prothèse tibiale. Durant les premiers jours du conflit, Ahmed a été séparé de sa famille pendant la nuit. Il s’est mis à les chercher en suivant le son de leurs voix et leurs appels à l’aide dans l’obscurité. C’est à ce moment qu’il a marché sur un engin explosif, qu’il a perdu l’un de ses membres et qu’il a échappé de justesse à la mort. Il se souvient que, des années après son accident, il a été contraint de voyager à Alger chaque fois qu'il devait remplacer sa prothèse. Pour Ahmed, le trajet pour avoir accès aux soins est maintenant beaucoup plus court, mais la majorité des personnes handicapées vivant dans les camps ont du mal à accéder aux services de réadaptation physique en raison des distances et des frais de transport.
    Maria Carolina Aissa / CICR 2018
  • Sinia
    Sinia
    Sinia est souvent occupée avec plus d’un patient à la fois. Là, elle laisse Ahmed aux soins de son collègue pour l’essayage de sa prothèse tibiale afin de soutenir Mohamed qui lui, commence à marcher tout doucement avec sa nouvelle prothèse. Bien que nerveux, Mohamed est rassuré lorsqu'il voit Sinia à ses côtés et accélère le pas. (© Maria Carolina Aissa / CICR 2018)
    Maria Carolina Aissa / CICR 2018
  • Sinia
    Sinia
    Originaire du camp de réfugiés de Dakhla, Sinia effectue un trajet de plus de 170 km aux petites heures du matin, plusieurs fois par semaine, pour être sûre d’arriver à temps pour l’accueil des patients dès l’ouverture du centre. Sinia fait partie des premières femmes assistantes en physiothérapie et tire une immense fierté de son travail. Elle espère un jour travailler comme physiothérapeute pour aider les enfants atteints de malformations congénitales dans le camp de réfugiés de Dakhla, où les besoins sont importants, mais où les ressources sont rares.
    Maria Carolina Aissa/CICR 2018
  • Salek
    Salek
    Salek, qui souffre d’une paralysie partielle à la jambe depuis la naissance, était jadis l'un des patients du centre. Il s'est rendu pour la première fois au centre en 2009 à la recherche d'un appareil qui l'aiderait à retrouver sa mobilité et à poursuivre ses études universitaires, mais il a finalement découvert que sa passion était d'aider d'autres réfugiés sahraouis handicapés. Aujourd’hui, il coordonne le travail d’une équipe de 10 assistants bénévoles en réadaptation physique et produit des prothèses et autres appareillages d’aide à la mobilité pour les membres de sa communauté. Lors de la célébration, Salek conduisait fièrement un groupe composé de ministres, de représentants d’organisations humanitaires et d’autres dirigeants dans une visite guidée à travers le centre. Ici, il s'arrête pour expliquer les méthodes de production et l'importance de donner aux personnes handicapées les outils nécessaires pour progresser et atteindre leurs objectifs.
    Mischa Kaufmann / 2018
08 octobre 2018

Au Sahara occidental, les mines antipersonnel et les restes explosifs ont causé des centaines de victimes lors du conflit entre le Maroc et le Polisario (1975 et 1991) et bien après. En 2008, le CICR a créé le Centre Martyr Cherif (CMC), pour répondre aux besoins des victimes en fournissant des services de réadaptation physique à la population sahraouie vivant dans les camps dans le Sud-ouest algérien.

Depuis son ouverture, le centre a fourni des appareils d'aide à la mobilité (prothèses, orthèses,...) et des services de physiothérapie à plus de 1 692 patients, aidant les réfugiés sahraouis à retrouver leur mobilité et à s'adapter à la vie en tant que personnes avec un handicap physique. Ces services sont offerts aux victimes des mines, mais également à des centaines d'autres réfugiés sahraouis vivant avec des problèmes moteurs lourds, tels que les infirmités motrices cérébrales et les amputations qui nécessitent des soins et un suivi constants.

Cette année, nous commémorons le dixième anniversaire du Centre Martyr Cherif, un centre qui a changé la vie de nombreux réfugiés sahraouis avec un handicap physique qui, auparavant, n'avaient d'autres choix que de parcourir des centaines de kilomètres pour obtenir un fauteuil roulant ou une prothèse. Par le biais de partenariats avec les autorités locales, les acteurs de la santé et les victimes de mines, le CICR contribue également à améliorer l'inclusion sociale des réfugiés sahraouis handicapés en leur donnant les moyens de se réinsérer dans la société et de se projeter dans l'avenir.

Cette commémoration est aussi la célébration des succès et des récits de plus de 1 692 patients auxquels il a fourni des services de réhabilitation physique au cours de la dernière décennie.